HomeA la uneBIENS MAL ACQUIS EN RCA :Le cas Bozizé n’est pas isolé

BIENS MAL ACQUIS EN RCA :Le cas Bozizé n’est pas isolé


La Centrafrique exige une enquête sur les biens de l’ex-président François Bozizé et de ses proches. Elle   a déposé une plainte en France à cet effet.  Pour les dirigeants actuels de la RCA, la fortune de l’ex-président de la Centrafrique est bâtie à partir d’un pillage sans état d’âme des ressources du pays pendant les 10 années passées à la magistrature suprême.

Il appartient maintenant à la Justice française d’ouvrir une enquête sur ce dossier ou de classer la plainte des autorités centrafricaines sans suite. Le moins qu’on puisse dire c’est que cette plainte va compliquer davantage le retour de Bozizé au-devant de la scène politique en Centrafrique.

Le pillage des ressources nationales est malheureusement  le sport favori des monarques des républiques bananières. Ces derniers font rarement la distinction entre les fonds de la nation et leurs fonds propres. Le résultat est que l’on se retrouve avec des dirigeants souvent plus riches que les présidents des grandes puissances occidentales ou plus riches  que l’Etat qui les emploie. Quelle aberration ! On a encore en mémoire l’immensité des « biens » du roi du Zaïre, Mobutu Sese Seko ou encore, la récente mise en examen du fils du président équato-guinéen  Theodoro Obiang pour des « biens mal acquis ». Si le fils est un Crésus africain, que dire alors du père ?

A contrario, on se rappelle qu’à la fin de son mandat, après 19 ans passés à la tête du Sénégal, Abdou Diouf n’avait pas une seule villa digne de son rang au Sénégal. Idem pour son prédécesseur, le président Senghor, qui n’avait pour seule maison connue que la villa du couple en Normandie en France. Cet exemple est courant dans les pays où la bonne gouvernance est une réalité. De fait, on a souvenance des péripéties qui ont jalonné les démarches de Jacques Chirac, à la fin de son mandat présidentiel, en vue de se trouver un nouveau gîte. Au finish, il s’était contenté d’une bien sobre demeure pour ses vieux jours. C’est la preuve, si besoin est, que gérer le pouvoir d’Etat n’est pas forcément synonyme de pillage systématique des ressources de son pays.

Il est important d’ériger des balises de la bonne gouvernance politique

C’est beaucoup plus une question de culture, ce qui manque à beaucoup de dirigeants africains.

Le cas Bozizé n’est pas isolé.  Difficile de croire qu’en 27 ans de règne du régime de Blaise Compaoré,  la  gestion des ressources nationales  ait été clean.  Bien au contraire.  On peut même penser au pire, vu le nombre d’années de pouvoir.

Le cas de la Centrafrique rappelle celui du pays des hommes intègres. A la différence près que l’ex- homme fort du Burkina, contrairement à François Bozizé, n’a pas eu le temps de préparer son départ. Surpris par l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre  derniers, Blaise Compaoré a dû précipitamment quitter son palais de Kosyam.

Qu’en aurait-il été si le régime s’était suffisamment donné le temps pour faire ses  cartons ? En tout cas, la gabegie au sommet de l’Etat, la prédation des ressources de l’Etat, dénoncées en Centrafrique ou ailleurs,  montrent à quel point il est important d’ériger des balises de la bonne gouvernance politique, notamment en termes de limitation du nombre de mandats présidentiels. L’alternance démocratique est plus qu’une nécessité en Afrique. Et les dirigeants africains devraient une fois pour toutes comprendre que l’on ne vient pas au pouvoir pour se servir, mais pour servir le peuple. C’est  ce combat qu’il appartient aux peuples africains de mener, car comme nous le soutenions dans notre éditorial du 4 novembre dernier, pour l’alternance en Afrique, seul les peuples et non les urnes peuvent chasser les dictateurs.

Thierry Sami SOU


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