HomeA la uneBOSCO NTAGANDA DEVANT LA CPI : Un procès à portée pédagogique

BOSCO NTAGANDA DEVANT LA CPI : Un procès à portée pédagogique


Le mercredi 2 septembre, s’est ouvert à la Cour  pénale internationale (CPI), le procès de Bosco Ntaganda, surnommé « Terminator ». Général de l’armée congolaise, ce chef de guerre qui a promené sa bosse du Congo au Rwanda, est impliqué dans la plupart des massacres de populations qui ont eu lieu dans la région des Grands lacs. Recherché activement par les autorités congolaises et rwandaises ainsi que par l’institution de Fatou Bensouda qui l’accuse de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et d’enrôlement d’enfants mineurs, Ntaganda a toujours nié les faits. Mais pris entre le marteau de la CPI et l’enclume de ceux qu’il a servis hier, Bosco Ntaganda s’était finalement rendu à l’ambassade américaine de Kigali en mars 2013, avant d’être transféré à la CPI pour y être jugé. Il faut dire qu’en choisissant la Justice internationale, Bosco Ntaganda a ainsi mis fin à une cavale dont l’issue risquait à tout moment de lui être fatale. En se livrant à la CPI, Bosco était conscient qu’il risquait gros, au regard des chefs d’accusation retenus contre lui (13 pour crimes de guerre et 5 pour crimes contre l’humanité dont des meurtres, des pillages, des viols d’enfants soldats et d’esclavage sexuel). Mais il savait, par dessus  tout, qu’il coupait l’herbe sous les pieds de certains chefs d’Etat de la sous-région qui auraient préféré le savoir six pieds sous terre, que dans les bureaux de l’intraitable Fatou Bensouda. On sait en effet que Terminator n’était pas qu’un chef de guerre sanguinaire. Il était aussi un homme d’affaires qui prospérait dans le commerce minier et ce, à travers toute la sous-région. Une activité qui n’a pas manqué d’intéresser certains chefs d’Etat comme le sulfureux Paul Kagamé du Rwanda ou encore Yoweri Museveni de l’Ouganda, sans oublier l’insaisissable Joseph Kabila. Tous, pour une poignée d’or ou de diamant, lui ont donné leur onction par leur silence, quand ils ne l’utilisaient pas pour massacrer ou exterminer des ethnies qui refusaient de se soumettre à leur diktat.

C’est le lieu de saluer les efforts de la CPI et son rôle dans la protection des populations vulnérables

On est donc bien fondé à penser que ce procès qui vient de s’ouvrir à la CPI, va faire trembler de nombreuses têtes couronnées de la sous-région. Qu’à cela ne tienne, pour les populations de la sous-région, ce procès est la meilleure revanche que la communauté internationale puisse leur donner. Un cadeau de Noël avant Noël. Ce procès laisse par ailleurs comprendre pourquoi les peuples africains et leurs dirigeants ne seront jamais sur la même longueur d’onde, dès qu’il est question d’apprécier l’utilité de la CPI pour le continent. Bosco Ntaganda a choisi de plaider non coupable, quoique les preuves rassemblées contre lui soient tellement criardes qu’il aurait été sage pour lui de ne pas les contester. Et ce d’autant que la Cour pénale a réussi à mobiliser plus d’une centaine de témoins à charge. Mieux, parmi ces témoins, on retrouve aussi bien ses victimes que des anciens camarades et frères d’armes prêts à témoigner. C’est sans doute le lieu de saluer les efforts de la CPI et son rôle dans la protection des populations vulnérables contre ces seigneurs de guerre qui n’ont aucun égard pour la vie humaine. Il faut que ce procès aille à son terme et qu’il soit exemplaire, comme celui de Charles Taylor. Il faut que les dirigeants africains sachent qu’il y aura toujours une épée de Damoclès au-dessus de leur tête, chaque fois qu’ils porteront atteinte à la vie de leurs concitoyens. Ce procès doit être une piqûre de rappel à tous les dictateurs et autres tortionnaires du continent africain. Et le meilleur service que Bosco puisse encore rendre à ceux qu’il a brimés pour espérer leur pardon, est de parler et de dénoncer tous ses anciens complices, fussent-ils des chefs d’Etat en exercice.

Dieudonné MAKIENI


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