HomeA la uneBOUREIMA BASILE OUEDRAOGO, MAIRE DE OUAHIGOUYA : « Un parti politique où il n’y a pas de bruit, est un parti mort»

BOUREIMA BASILE OUEDRAOGO, MAIRE DE OUAHIGOUYA : « Un parti politique où il n’y a pas de bruit, est un parti mort»


Boureima Basile Ouédraogo est militant du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). C’est lui le maire de la commune de Ouahigouya et l’invité de notre rubrique « Mardi Politique » de ce jour. Ancien étudiant des Universités de Ouagadougou et d’Abidjan, ancien photographe et cadre à la retraite de l’ONEA, Basile Ouédraogo aborde avec nous plusieurs sujets en lien avec la gestion de sa commune, la politique et la situation nationales. Lisez plutôt ! 

 

« Le Pays » : Lors de votre élection en tant que maire de Ouahigouya, qu’est-ce qui a fait la différence avec les autres concurrents ?

 

Boureima Basile Ouédraogo : Pour le moment, l’élection du maire se fait d’abord au niveau des partis. C’est-à-dire que ce sont les partis politiques qui choisissent leurs candidats pour briguer les postes au niveau des élections des maires. J’ai été donc proposé par mon parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), et les conseillers m’ont élu comme maire de la commune de Ouahigouya. Bien sûr, il y avait une candidature présentée par une coalition de partis, mais j’ai obtenu la majorité requise pour assumer cette fonction.

 

On a l’impression que vous êtes entré en politique, seulement pendant votre retraite. Cette impression est-elle vraie ?

 

Je suis allé à la retraite en 2015 et je ne crois pas que c’est une année après, en 2016, que j’ai été élu maire. J’ai été en politique très tôt, même si c’était d’abord au niveau syndical. Au Lycée Zinda, par exemple, j’étais le délégué de ma classe, déjà à ma 4e en 1970. J’ai été exclu de l’Université sous la IIIe République, à la suite d’une grève. C’était un engagement syndical mais déjà, nous avions des rudiments de la politique. Nous nous opposions à un certain nombre de comportements politiques qui, à notre avis, n’étaient pas bien pour nous-mêmes. A l’Université de Ouagadougou (actuelle Université Pr Joseph Ki-Zerbo), j’étais le président de la corporation de l’Institut universitaire de technologie (IUT)-gestion au niveau de l’Association des étudiants voltaïques de Ouagadougou (AEVO qui est l’actuelle ANEB). C’est vrai que quand je suis entré dans le milieu professionnel, la chose politique m’a intéressé et c’est normal, comme une suite logique.

 

Voulez-vous dire qu’entre le syndicalisme et la politique, il n’y a qu’un pas ?

 

Tout à fait, mais ce n’est pas toujours un pas facile parce que quand vous êtes un acteur politique, vous n’êtes plus syndicaliste. Je pense que le pas que j’ai franchi était nécessaire parce que je voulais m’engager en tant qu’acteur. C’est vrai, en tant que syndicaliste, on défend les intérêts matériels et moraux d’une corporation ou d’un groupe. Dans le cas présent, je me suis résolument engagé à défendre les intérêts des communautés et ceux de la commune de Ouahigouya.

Vous avez été syndicaliste-étudiant. Aujourd’hui, quand vous, en tant que militant du MPP et maire de Ouahigouya, vous regardez les mouvements de grève à la limite intempestifs, qu’est-ce que cela vous inspire ?

 

En toute honnêteté, avec tout le respect que j’ai pour les syndicats et les travailleurs, je pense qu’il y a trop de grèves qui ne sont pas justifiées. Tout syndicat doit travailler à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs. Quand nous demandons à ce que les uns et les autres soient réalistes, il faut nous croire. Il faut demander ce qu’on peut vous donner. Si nous tous, nous voulons nous engager dans la voie du développement, il y a un certain nombre de grèves que l’on pouvait économiser. Je suis maire d’une commune de 37 villages et de 15 secteurs et je vois comment les gens souffrent pour que ce pays puisse rester debout. Moi, en tant que maire de Ouahigouya, je veux être honnête avec vous, je suis chargé de mobiliser les ressources pour faire fonctionner la commune. Et dans ce cadre-là, je dis qu’il y a des cadres du Trésor et des Impôts qui m’appuient et qui font un travail formidable de recouvrement de droits et taxes pour la commune. Mais là où ça ne va pas, nous appuyons ces structures dans plusieurs domaines et ils nous ont obligés à signer des conventions avec elles pour qu’à partir d’un certain seuil de recouvrement, nous leur versions une partie des sommes perçues. Personnellement, je trouve que ce n’est pas légal ; leur travail déjà, c’est le recouvrement des impôts et dans ces impôts recouvrés, on nous demande encore, une certaine partie. Cela veut dire que si on ne leur donne pas cette partie, ils ne vont pas travailler ou quoi ? Moi, j’ai signé des conventions et quand j’aurai l’occasion de les remettre en cause, je le ferai. Je pense que ce n’est pas normal que quelqu’un exige de le payer pour qu’il fasse le travail pour lequel il est déjà payé.

 

Quels sont les termes de ces conventions ?

 

Les conventions disent par exemple que lorsqu’ils arrivent à recouvrer un certain montant, nous devons leur verser une portion.

Ce montant versé sert à quoi exactement ?

 

Cette question doit plutôt être posée à ceux qui prennent cet argent, c’est-à-dire les acteurs au niveau du Trésor et des Impôts.

 

A combien évalue-t-on ces montants ?

 

S’ils arrivent à recouvrer par exemple 200 millions de F CFA pour la commune de Ouahigouya, nous leur versons 7,5% de cette somme. Cela est clairement écrit dans les conventions. Si j’ai le pouvoir de remettre un jour ces conventions en cause, je le ferai.

 

Est-ce une pratique qui se fait dans l’ensemble des communes ou bien cela concerne uniquement celle de Ouahigouya ?

 

Je ne le sais pas et je ne peux pas parler au nom de toutes les communes. Mais ce dont je suis sûr, c’est qu’il y a eu un problème similaire à Bobo-Dioulasso. Dans notre commune, il est arrivé que des gens qui devaient payer des taxes de résidence, partent aux impôts et que des agents refusent le paiement, sous prétexte que le maire était en train de remettre en cause la convention. Alors que c’était tout simplement, du fait que la mairie, ayant des problèmes de trésorerie, n’a pas pu effectivement verser les montants dus aux moments indiqués sur la convention, notamment le 31 mars. Ces retards de paiement, au niveau de la convention, ont fait croire que le maire avait décidé de la remise en cause de la convention alors qu’il n’en était rien.

Dans quel état (en termes de développement socio-économique), avez-vous trouvé votre commune à la prise de vos fonctions ?

 

Comme l’ensemble des communes de notre pays, il y avait beaucoup de défis à relever en termes de développement. Parmi ceux-ci, il y a les questions de l’environnement, de l’incivisme, notamment fiscal. Sur ce dernier point, beaucoup de gens se résignaient à payer leurs impôts et taxes alors que tout le monde sait que pour une commune, l’argent ne tombe pas du ciel. Une commune qui n’arrive pas à mobiliser des ressources ne peut pas faire face à ses défis de développement. Nous avons dû donc  déployer des efforts pour faire face aux problèmes d’assainissement et d’incivisme fiscal.

D’aucuns estiment que Ouahigouya est une ville sale. Qu’en dites-vous ?

 

Ils ont peut-être raison. La ville de Ouahigouya produit chaque jour près de 30,5 tonnes d’ordures en dehors des ordures produites par le grand marché. Il faut un travail quotidien énorme pour collecter, ramasser et stocker ces déchets.

 

En termes d’infrastructures, peut-on considérer que votre ville est « bien lotie » ?

 

Aucune commune n’est à l’aise au Burkina en termes d’infrastructures qui sont de plusieurs types. Il y a les infrastructures sanitaires, routières, éducatives. Parlant des routes, Ouahigouya est une ville bien tracée mais avec les immondices, la divagation des animaux, tout ce que les gens déposent sur la chaussée, on ne peut pas dire que Ouahigouya est bien lotie. Aujourd’hui, grâce à notre engagement et à l’appui de certains partenaires et bonnes volontés, nous avons entrepris des actions qui rendent la ville un peu plus regardable. Nous avons, en projet, le bitumage de 7 kilomètres de route dans la ville. Les travaux devraient commencer en 2018 mais pour raison de procédures, nous sommes obligés d’attendre jusqu’en 2019.

Quels sont vos principaux projets pour développer la commune de Ouahigouya ?

 

C’est une très bonne occasion de vous dire que nous avons élaboré un Plan communal de développement durable (PCDD). Son processus d’élaboration a été participatif, parce que nous ne nous sommes pas assis dans un bureau pour faire du couper-coller. Ce sont les populations, avec l’équipe de rédaction du PCDD, qui ont fait le diagnostic et dit ce qu’elles veulent. Ce n’est pas un document fictif basé sur du néant. Nous avons identifié et monté une quarantaine de projets dont les principaux sont la réhabilitation de l’abattoir frigorifique de Ouahigouya. Ouahigouya est une zone d’élevage qui a besoin d’un abattoir digne de ce nom. Celui dont nous disposons actuellement, fait honte à la notre commune et à la région. Sa réalisation va coûter environ 1 milliard de F CFA, puisque c’est 800 millions de F CFA. L’abattoir réhabilité sera confié à un exploitant chargé de le gérer, dans le cadre d’un partenariat public-privé.  Parmi les autres projets, nous pouvons citer, entre autres, la construction d’un hôtel sur le site de l’ancienne gare de Ouahigouya, la construction d’un complexe commercial, la construction de sites d’hébergement au niveau des deux jardins du maire, la délocalisation des aires d’élevage à la périphérie de la ville de Ouahigouya … Nous avons fait des missions à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso, pour présenter l’ensemble des projets contenus dans le PCDD aux ressortissants de la localité et aux amis de Ouahigouya et beaucoup sont intéressés à venir investir dans notre commune. Une mission se rendra également en Côte d’Ivoire pour rencontrer les opérateurs économiques ressortissant de notre commune, qui y résident.

 

Selon certaines sources, les richesses nationales sont contrôlées à plus de 40% par les ressortissants du Yatenga. C’est dire que votre PCDD a de fortes chances d’être financé. De façon concrète, que fait la diaspora pour le développement de votre commune ?

 

C’est un paradoxe terrible à Ouahigouya. Tout le monde le dit : la plupart des « milliardaires » ou des « millionnaires » viennent de chez vous mais quand on arrive, il n’y a pas grand-chose. 40%, je ne sais pas si ce chiffre est exact. Moi, en tant que maire, je suis en droit de douter parce qu’on ne m’a pas encore aidé dans le développement de la commune. Si le chiffre est exact, nous avons bon espoir que les opérateurs que nous allons rencontrer vont venir investir dans la commune. Pour le moment, quelques- uns ont promis de venir investir et nous les attendons.

 

Vous êtes homme politique et les politiciens sont presque les mêmes. Qu’est-ce qui prouve que ce que vous avez écrit dans le PCDD va se réaliser ?

 

Il faut qu’on s’entende. Je ne suis plus politicien ; je suis plutôt le maire de la commune de Ouahigouya, donc maire de tout le monde ici. Je vous ai dit que notre Plan de développement a une base. Les gens ont identifié ce qu’il faut faire pour le développement de la commune. Maintenant, chacun doit lutter pour que les objectifs soient atteints. A titre d’exemple, les gens doivent accepter de payer les taxes et impôts qui servent à financer les actions de développement. En tant que maire, je suis engagé, avec mes collaborateurs, dans le développement de la commune. Si la population de la commune est également engagée dans le développement, il n’y a pas de raison que nous n’y arrivions pas. A la fin de mon mandat, on devrait dire ce qui a été fait de façon concrète, en ce qui concerne les actions inscrites dans notre plan.

 

Qu’est-ce qui est fait pour que la population de votre commune s’approprie le PCDD et vous suive dans la mobilisation des ressources, quand on sait que dans nos pays, on attend toujours l’argent d’ailleurs ?

 

La problématique que vous soulevez n’est pas propre à Ouahigouya. En Afrique, de façon générale, la situation est ainsi. Les gens pensent que l’argent vient du ciel, que les politiciens doivent aller négocier l’argent ailleurs pour venir investir pour le développement. Nous avons expliqué aux gens et nous continuons de le faire, pour qu’ils comprennent que si nous voulons nous en sortir, nous devons compter sur nos propres forces. Nous devons être les premiers à faire les premiers efforts. Je ne suis pas contre le fait que des gens viennent nous aider, mais nous devons d’abord faire quelque chose. Sinon, ceux qui nous aident risquent d’arrêter de le faire. Il n’y a pas d’argent cadeau. L’argent qui vient d’ailleurs n’est pas cadeau. Et puis, entre nous, les donateurs n’inventent pas l’argent. Vous ne pouvez pas dormir et espérer avoir de l’argent, il faut travailler. A notre niveau, nous sommes obligés d’expliquer cela aux gens. On leur demande de payer des droits et taxes, souvent dérisoires.  Certains commencent à comprendre.

 

A combien peut-on évaluer le budget de votre commune ?

 

Le budget est composé de deux aspects : il y a le budget de fonctionnement et il y a le budget d’investissement. Le budget de la commune de Ouahigouya est de 3 milliards de F CFA ; 1 milliard de F CFA pour le fonctionnement et 2 milliards de F CFA pour les investissements. Je veux être très clair avec vous, il y a des problèmes de réalisation de ce budget. Quand vous prenez le budget de 1 milliard de F CFA pour le fonctionnement, nous n’avons pu réaliser jusqu’à présent que 150 millions de F CFA, donc dans l’ordre de 14%. Cela veut dire qu’il nous reste beaucoup de choses à faire.

 

Quelles en sont les raisons ?

 

On n’a pas pu recouvrer l’argent parce que depuis longtemps, le Trésor et les Impôts qui sont nos deux principaux bras financiers pour nous aider à recouvrer les recettes, étaient en grève. Ils n’ont pas pu recouvrer des ressources pour nous. Nous ne sommes qu’à 14% de recouvrement alors qu’on est au mois de juillet. Imaginez la situation dans laquelle nous sommes ! C’est sûr que s’il n’y avait pas ces grèves, nous serions à 600-700 millions de F CFA. Pour le budget d’investissement, des partenaires nous ont promis des financements pour réaliser des projets, mais ces financements ne sont pas encore disponibles.

Parmi les principales villes du Burkina Faso, quel rang occupe Ouahigouya ?

 

Ce qui m’intéresse, c’est de savoir si la population de Ouahigouya voit ses préoccupations existentielles réglées. Je n’ai pas honte du classement donné à Ouahigouya. Je n’ai pas honte d’être dernier si, malgré les nombreuses actions de développement que nous avons eu à faire, les autres ont fait mieux que nous. Nous allons travailler pour aller de l’avant, pour le bonheur de nos concitoyens.

 

Ouahigouya est-il 3e ou 4e ville du Burkina ?

 

Moi, je ne le sais pas. Mais je pense quand même qu’après Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Koudougou, c’est Ouahigouya qui suit. Je sais qu’il y en a qui travaillent à intégrer le rang, mais nous allons leur barrer la route (rires). Je ne vais pas citer de nom, mais on ne va pas accepter les « intégrations ». Je dis à la population de travailler sinon on sera cinquième alors que nous devons toujours aller de l’avant et non régresser.

 

Le Yatenga, notamment Ouahigouya, est très disputé par trois partis politiques : le MPP, le CDP et l’ADF-RDA. Quel est le poids politique de votre parti, le MPP, dans cette zone ?

 

D’abord, je vais saluer la coalition CDP/ADF-RDA. Depuis que je suis élu maire de la commune, il n’y a pas eu de couac au conseil municipal. Tous les partis d’opposition travaillent en symbiose avec le MPP. Cela est une très bonne chose car pour le développement de notre commune, nous devons conjuguer nos efforts et travailler la main dans la main pour apporter chacun sa pierre à la construction de notre commune.

 

D’aucuns disent que le décès de Salifou Diallo a fragilisé le MPP dans le Yatenga. Qu’en dites-vous ?

 

Salifou Diallo avait, certainement comme tout le monde d’ailleurs, des défauts.  Mais, même avec les défauts qu’il avait, il faut reconnaître qu’il était un homme farouchement engagé pour le développement de son pays. Si un homme engagé pour le développement meurt, cela affecte beaucoup de gens. Aux obsèques de Salifou Diallo, vous avez vu que tout le « monde entier » était là. Je ne compare pas les obsèques des gens mais la mobilisation autour de ses obsèques, montre que beaucoup de gens portaient Salifou Diallo dans leur cœur. Maintenant qu’il n’est plus là, nous devons montrer que ce n’est pas la fin du monde. Il faut que nous travaillions pour que là où il est, il repose en paix. Sinon, il aura lutté pour rien et serait mort pour rien.

Le MPP a connu des « remous » dans le Yatenga, il y a quelques mois. Cette crise est-elle toujours d’actualité ou peut-on considérer qu’elle relève du passé ?

 

Théoriquement, en tant que journaliste, vous êtes mieux informé que moi. Si vous lisez la presse, vous allez vous rendre compte que ce n’est pas au MPP seulement qu’il y a des remous. Tous les partis sont concernés.

Nous nous intéressons au cas spécifique du MPP/Yatenga !

 

S’il y a des remous, cela veut dire que le MPP est démocratique. Ce n’est pas le fascisme ni la dictature. Si on le conteste, ça veut dire qu’on est vraiment démocrate. Même s’il y a des problèmes comme le vous le dites, rassurez-vous, ceux-ci trouveront des solutions. Les bruits au sein du MPP/Yatenga trouveront des solutions parce que nous sommes mûrs. Un parti politique où il n’y a pas de bruit, est un parti mort.

 

Est-ce qu’il y a des tendances au sein du MPP ?

 

Même dans une famille, il y a des tendances. S’il n’y a pas de tendances, ce n’est pas la peine de vivre.

Ne craignez-vous pas un retour en force du CDP au regard des difficultés actuelles dans la gestion du MPP ?

 

Moi, je travaille. Le CDP a peut-être travaillé ou travaille aussi. Au moment du choix, si les gens estiment que Basile Boureima Ouédraogo a travaillé, ils vont me choisir. S’ils estiment que je n’ai pas travaillé, ils ne vont pas me choisir. C’est cela la démocratie. Je n’ai pas peur de cela, moi, je travaille seulement…

 

La gouvernance du MPP et ses alliés est très critiquée par l’opinion, notamment par l’opposition, les OSC et les syndicats. Pensez-vous que les critiques sont justifiées ?

 

Ce n’est pas compliqué. Un parti d’opposition qui ne critique pas la majorité, vient prendre la carte de la majorité. Si vous voulez le pouvoir et vous ne critiquez pas le MPP qui est au pouvoir, vous venez alors chez nous au MPP. Pour les OSC, elles disent qu’elles sont pour la redevabilité, et certaines font des critiques objectives. Il faut être honnête ; nous ne sommes pas « Dieu » au MPP. Tout ce que nous faisons n’est pas forcément bien. Il y a aussi beaucoup de choses qui sont bien et même très bien. C’est sûr qu’il y a des critiques qui sont fallacieuses parce qu’il faut raconter souvent des histoires pour enflammer des gens qui ne comprennent rien. Nous, nous devrons nous remettre en cause par rapport à un certain nombre de comportements. Dans tous les cas, c’est à la population de juger et le MPP continuera de travailler pour mériter davantage la confiance des populations qui l’ont choisi pour gérer le pays.

 

Est-ce que le pays est bien gouverné ?

 

Le pays est bien gouverné et nous demandons aux populations de toujours nous accompagner. Tout le monde doit travailler pour contribuer au développement du pays. Ceux qui sont au pouvoir font de leur mieux pour rendre ce pays plus heureux, mais chacun doit aussi jouer sa partition.

 

Etre maire de Ouahigouya nourrit-il son homme ?

 

Je ne suis pas venu à la mairie de Ouahigouya pour m’enrichir. D’abord, je suis un retraité de l’ONEA. J’ai une pension qui me permet de vivre. Maintenant, j’ai des indemnités en tant que maire de Ouahigouya. Mais ce n’est pas cela mon problème. Je suis là pour faire bouger les lignes au profit du développement durable de la commune.

 

Beaucoup de vos collaborateurs disent que vous êtes très social. Est-ce vrai ?

 

Je ne sais pas. Quand vous avez vécu plusieurs vies, on aborde les choses autrement. Déjà, à l’école primaire, je faisais du théâtre et c’est là qu’on m’a surnommé « Basile » qui est finalement devenu un de mes prénoms. Au lycée, j’ai été toujours très proche des gens. A l’université, j’ai été militant ; donc, j’étais proche des gens. Quand je faisais la photographie pour pouvoir payer mes études, j’ai connu mille et une personnes dans les rues d’Abidjan. En toute sincérité, si j’ai quelque chose qui puisse me permettre d’aider quelqu’un, je le fais. Ça ne sert à rien de ne pas aider quelqu’un, quelle que soit la personne. Quand j’étais en Côte d’Ivoire, je donnais des cours à domicile pour pouvoir réunir la scolarité et m’inscrire à l’université. Il y avait des moments où il était difficile de trouver de quoi payer le loyer, la nourriture et des gens m’ont aidé. Des gens que j’ai rencontrés par hasard. Pourquoi ne pas aider les gens à mon tour si je peux le faire ?

 

Avez-vous d’autres ambitions politiques au-delà de votre poste de maire ?

 

Comme je ne suis pas très jeune, il faut avoir des ambitions politiques modestes. Je préfère que vous, mes petits frères et mes enfants, ayez de grandes ambitions. Maintenant, si les gens pensent que je peux toujours contribuer à faire quelque chose, et si franchement, je vois que je suis bien physiquement, je ne vois pas pourquoi je vais refuser d’assumer certaines responsabilités.

Monsieur le maire a toujours un chapeau sur la tête. Quel lien y a-t-il entre vous et le chapeau ?

 

(Rires) ! Pour être honnête, j’ai porté une fois le chapeau et beaucoup de gens ont trouvé que c’était beau et finalement, j’ai décidé d’en faire mon look depuis ce jour. J’en ai une vingtaine actuellement. Des gens qui me connaissent m’en apportent dès qu’ils en ont l’opportunité.

 

 

Propos recueillis par Michel NANA

 

 Le maire félicite les Editions « Le Pays »

 « Pour finir, je remercie le journal « Le Pays », le fondateur, le Directeur général et tout le personnel pour le travail abattu au profit de l’information des citoyens. Votre journal n’a jamais cessé d’être un acteur de développement de ce pays. Moi, je ne suis pas griot, je ne fais pas non plus de l’atalakou, mais quand des gens font bien leur travail, il faut le reconnaître et les féliciter. L’information que donne votre journal est objective. A Ouahigouya, il y a également la radio Wendpanga des éditions « Le Pays » qui accompagne la commune dans ses actions de développement. »

 


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