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BOYCOTT DU DIALOGUE NATIONAL PAR LE PDS AU SENEGAL


Quelque deux mois et demi après l’annonce de la tenue d’un dialogue national au lendemain de sa réélection, le président sénégalais, Macky Sall, a présidé, le 28 mai dernier, à la salle des banquets, l’ouverture de ce « dialogue national » auquel prend part l’opposition politique, à l’exception du Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade, qui a décidé de le boycotter. Si le PDS est dans son bon droit de refuser l’offre de dialogue du pouvoir, pour n’avoir « encore reçu aucun écho de ses exigences », l’on peut cependant regretter le rejet de cette main tendue du chef de l’Etat par le parti de l’ex-président. Car, quoi qu’on dise, le PDS demeure l’une des forces politiques majeures au pays de la Teranga. Et son absence à ce « dialogue national » fait d’autant plus tache noire que les autres partis de l’opposition ont non seulement répondu favorablement à l’invitation du chef de l’Etat, mais n’ont pas non plus marchandé leur participation à ces échanges qui s’inscrivent dans le cadre du renforcement de la démocratie au Sénégal. C’est en cela que l’on peut apprécier positivement la présence de ce haut cadre du PDS, Oumar Sarr, pour qui « seul le dialogue peut faire bouger les lignes » et qui, faisant fi de la consigne de boycott, a rejoint la table du dialogue où il a retrouvé deux autres membres influents du parti, Tidiane Sy et Habib Sy. Cela dit, l’attitude du célèbre avocat n’est pas surprenante. En effet, Abdoulaye Wade avait posé, entre autres, comme conditions à sa participation, la libération de l’ex-maire de la capitale, Khalifa Sall, et la révision du procès de son fils, Karim Wade. Frappés de condamnation par la justice de leur pays, l’un et l’autre avaient vu leur candidature retoquée à la dernière présidentielle remportée, en février dernier, haut la main, par le chef de l’Etat qui rempile, du même coup, pour un second mandat.

L’offre de dialogue du président Macky Sall pourrait participer de la décrispation politique

Mais c’est peu dire que la disqualification de son fils à la course à la dernière présidentielle, est restée en travers de la gorge de « Gorgui ». Et s’il n’a pas hésité, du haut de ses 92 ans, à monter sur ses grands chevaux en appelant à empêcher par tous les moyens, la tenue du scrutin présidentiel, l’on est à peine étonné de le voir poser, entre autres, comme préalable à sa participation au dialogue national, la révision du procès de son fils qui, soit dit en passant, a été condamné en 2015, au bout d’un feuilleton judiciaire, à six ans de prison ferme et 138 milliards de F CFA d’amende pour enrichissement illicite. Jusqu’où n’ira pas Gorgui pour la cause de son rejeton qu’il avait érigé en ministre du Ciel et de la Terre, du temps où il présidait aux destinées de son pays ? C’est la question que l’on est en droit de se poser. Car même s’il eut fallu remuer ciel et terre, tout porte à croire que cela n’aurait guère été un obstacle à l’instinct paternel du vieux président. Mais si cela est humainement compréhensible, il y a toutefois lieu de reconnaître  que le « Vieux » dépasse les bornes. En tout cas, avec tout ce qu’il a déjà donné à voir, l’on est porté à croire que plus que pour tout autre raison, c’est le sort de son fils qui est au centre des préoccupations d’Abdoulaye Wade. Mais tant qu’à faire, qu’est-ce qui l’empêchait de saisir l’opportunité qu’offrait ce dialogue national, pour mettre ces questions sur la table des discussions, d’autant que le président Macky Sall avait promis qu’en cas de réélection, il n’excluait pas la possibilité d’une amnistie pour Khalifa Sall et Karim Wade ?  En tout état de cause, une main tendue, pour autant qu’elle soit sincère, est toujours un geste d’élégance qui mérite considération. Et dans le cas d’espèce, l’offre de dialogue du président Macky Sall pourrait participer de la décrispation politique, même si certains y voient une sorte de séance de rattrapage d’un président en quête de réhabilitation de son image.  Cela dit, Abdoulaye Wade a plus d’une fois montré que son seul projet politique aujourd’hui se résume à son fils Karim qu’il aime par-dessus tout. Mais au-delà des rancœurs personnelles qu’il pourrait avoir contre Macky Sall, la sagesse, à son âge, devait l’amener à avoir des positions beaucoup plus pondérées et plus conciliantes plutôt que de ruer toujours dans les brancards au moment où bien des personnalités de son âge cultivent leur jardin après une retraite bien méritée, auprès de leurs petits-enfants et arrière-petits enfants.

Outélé KEITA


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