HomeA la uneBURKINA/RUSSIE : Pour une coopération fructueuse

BURKINA/RUSSIE : Pour une coopération fructueuse


La coopération entre le Burkina Faso et la Russie est maintenant vieille de 50 ans. Durant tout ce temps, il faut le reconnaître, les relations entre les deux pays n’ont pas toujours été au beau fixe. Après sa fermeture en 1996, ce n’est qu’en 2013 que l’ambassade du Burkina à Moscou a rouvert ses portes, avec la nomination de l’ambassadeur Antoine Somdah. Depuis ce temps, comme un oiseau tissant son nid, les relations entre Moscou et Ouagadougou ont repris de plus belle et se sont renforcées. Le 20 février 2017, présent à Moscou dans le cadre d’une visite de travail et d’amitié, le ministre des Affaires étrangères, de la coopération et des Burkinabè de l’extérieur (MAECBE), Alpha Barry, a procédé, avec son homologue Russe,  Sergueï Viktorovitch Lavrov, à la concrétisation ou plutôt à la relance officielle du partenariat russo-burkinabè à travers la signature d’un accord-cadre. Dénommé mémorandum sur la tenue des concertations politiques bilatérales entre le MAECBE et le ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, cet accord est comme un boulevard qui permettra à toutes les Administrations des deux pays de coopérer.

 

Il était 11h lorsque le cortège du ministre burkinabè en charge des affaires étrangères, Alpha Barry, quittait l’ambassade du Burkina Faso à Moscou en direction de l’hôtel particulier du ministre Russe, Sergueï Lavrov. Mais avant d’y arriver, il fallait traverser une ville couverte de brouillard. Même si la neige ne tombait pas ce jour-là, la température oscillait entre 0 et -1° Celsius. Après 20 minutes de course environ dans les rues de Moscou, le cortège avec en tête la voiture du ministre, reconnaissable par le fanion burkinabè, arrive enfin à destination ; l’hôtel particulier de Lavrov, un imposant bâtiment. Dans le hall de l’hôtel, la délégation burkinabè est accueillie par le ministre Sergueï Lavrov et ses collaborateurs. Après les civilités, l’équipe du « pays des Hommes intègres » est conduite dans une salle de réunion à l’image du bâtiment lui-même car, aussi grande et somptueuse. Très vite les deux parties prennent place. Déjà, la disposition des délégations autour de la table en disait long sur leurs motivations. Discuter en tête-à-tête, trouver une ligne médiane, un accord et concrétiser cet accord par les signatures. C’est la partie russe qui plante le décor. Sergueï Lavrov, assis face à son homologue burkinabè, prend la parole en premier et souhaite la bienvenue à la délégation du Burkina Faso. Il donne ensuite les grandes lignes de la rencontre avant de passer la parole à la partie burkinabè. Le chef de la délégation, le ministre Alpha Barry, d’entrée de jeu, remercie les autorités russes pour l’accueil qui a été réservé à sa délégation. Il ne manque pas non plus de dire que l’invitation de la Russie est un grand honneur pour son pays et que cela traduit la volonté des deux parties de s’inscrire dans une nouvelle dynamique de renforcement de leurs relations qui durent depuis 50 ans. Après cette intervention du chef de la diplomatie burkinabè, les diplomates vont entrer dans le vif du sujet, mais à huis

clos. Les discutions ont duré près d’une heure d’horloge et ont porté sur  le mémorandum de la tenue des concertations politiques bilatérales entre le MAECBE et le ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie et d’accords de coopération dans le domaine de l’enseignement supérieur.

 

« Les Etats doivent être guidés par le même effort et se départir des agendas cachés »

 

La première convention est une sorte de feu vert pour permettre à toutes les composantes des Administrations burkinabè et russe de coopérer dans de bonnes conditions et en toute sûreté. La deuxième porte sur l’enseignement secondaire et, même si elle n’a pas été signée lors de cette rencontre, elle le sera bientôt, à entendre les diplomates qui ont débriefé les Hommes de médias sur les conclusions auxquelles ils sont parvenus, à la sortie de leur rencontre. Là encore, c’est la partie russe qui est la première à se prononcer. A cet effet, Sergueï Lavrov laisse entendre qu’il était très satisfait des échanges qui ont porté sur plusieurs points de la coopération entre la Russie et l’Afrique de manière générale et avec le Burkina Faso en particulier. « Nous avons échangé des points de vue sur la situation en Centrafrique et ce qui prévaut dans la bande sahélo-saharienne, avec le terrorisme et les trafics de tout genre », a indiqué le chef de la diplomatie russe. Sur cette question et comme à son habitude, Sergueï Lavrov n’y va pas avec le dos de la cuillère et soutient que la lutte contre le terrorisme doit être globale et franche. « Les Etats doivent être guidés par le même effort et se départir des agendas cachés », a-t-il martelé. C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, le président Russe, Vladimir Poutine, a pris l’initiative de mettre en place un large front anti-terroriste à travers le monde, afin de venir à bout de ce fléau. D’ores et déjà, selon Sergueï Lavrov, la coopération entre son pays et l’Afrique est satisfaisante. Avec le ministre burkinabè des Affaires étrangères, la question de l’allègement de la dette a également été abordée. Et pour la lutte contre le terrorisme, la Russie, a-t-il assuré, participera à la formation des militaires burkinabè.

 

« Nous sommes très heureux de constater que la Russie est disposée à nous accompagner »

 

« Le mémorandum que nous avons signé facilitera la mise en œuvre de tous ces aspects et j’espère que nous allons poursuivre le contact », a indiqué Sergueï Lavrov. Sur ce point, le ministre burkinabè des Affaires étrangères ne laisse pas planer de doute. « Les relations, d’une manière générale, entre nos deux pays sont très fortes et marquées par la visite de notre président Thomas Sankara à Moscou. Après, les ambassades ont été fermées de part et d’autre. Nous avons rouvert notre ambassade pour tenir compte de ce que la Russie représente dans le monde, mais aussi du fait que nous partageons les mêmes points de vue au niveau international », a rétorqué le chef de la diplomatie burkinabè. La relance des relations entre Ouagadougou et Moscou est, à son avis, très importante sur le plan politique mais aussi économique afin que des investisseurs russes puissent intervenir au Burkina. S’agissant de la lutte contre le terrorisme, Alpha Barry s’est réjoui de l’initiative de la Russie. « Je voudrais saluer l’initiative du président Poutine relative à la création du front anti-terroriste pour lutter contre le fléau dans le monde », a soutenu le ministre. Sur cet aspect, le diplomate burkinabè a tenu à y mettre un point d’honneur. En effet, le ministre burkinabè va plus loin et soutient que la lutte contre le terrorisme doit engager tout le monde. « En l’espace d’un an, nous avons subi une vingtaine d’attaques terroristes avec plus de 50 morts. A nous seuls, nous ne pouvons pas combattre ce fléau. Nous nous sommes donc organisés au sein de la zone sahélo-saharienne, à travers le G5 Sahel », a fait savoir Alpha Barry à la délégation russe et aux médias présents. Et d’ajouter qu’après l’adoption de la stratégie sous régionale de lutte anti-terroriste, un plaidoyer est organisé pour sa mise en œuvre. « Je me réjouis également de la disponibilité de la Russie pour des questions d’aide au niveau bilatéral mais également multilatéral, à travers la formation de cadres burkinabè et nous sommes très heureux de constater que la Russie est disposée à nous accompagner », a conclu le ministre burkinabè sur cette question. Après la rencontre avec les Hommes de médias, les deux délégations ont pris un déjeuner au cours duquel elles ont poursuivi les échanges. Et c’est sur une note de satisfaction que les deux parties se sont quittées, avec l’espoir de se retrouver très bientôt pour la concrétisation des dispositions contenues dans le mémorandum.

 

Adama SIGUE (Depuis Moscou)

 

 

 

 

Alpha Barry donne les grandes lignes de la stratégie de la force du G5 sahel

 

« L’idée de départ était de créer une force qui serait regroupée quelque part et qui se projetterait en fonction des besoins. Mais, cette idée a été abandonnée car trop difficile et trop longue à mettre en place. Donc, nous avons adopté des solutions plus faciles et plus légères. Il s’agit de constituer trois zones d’interventions au niveau des frontières. Soit une force positionnée entre la Mauritanie et le Mali, une autre entre le Burkina, le Mali et le Niger et la 3e entre le Tchad et le Niger pour opérer dans la zone du bassin du Lac Tchad en appui de celle qui existe déjà. L’objectif visé est de mener des opérations conjointes et dans lesquelles chacun apportera des troupes et des moyens supplémentaires. L’intérêt de cette disposition particulière est qu’elle vient en appui de ce qui existe déjà. Nous nous sommes entendus également, au sein du G5, sur des droits de poursuite de part et d’autre des frontières car, nous avons remarqué que les terroristes qui viennent du Mali attaquent et se replient de l’autre côté de la frontière qui n’est pas couverte par la MINUSMA. Donc, la stratégie que nous mettons en place permettra aux différentes forces de poursuivre les terroristes au-delà des frontières. Mieux on contrôle nos frontières, mieux cela vaut. Car, en sécurisant nos frontières, on peut lutter contre les trafics, notamment ceux de la drogue qui financent le terrorisme. Donc, d’une pierre, on va faire plusieurs coups. »

 

Propos recueillis par A.S

 

 

 

 

« Sergueï Lavrov bientôt à Ouagadougou », selon Alpha Barry

 

Suite à la rencontre sur la signature de mémorandum portant sur les accords politiques entre la Russie et le Burkina, le ministre burkinabè, Alpha Barry, a donné son appréciation sur les échanges. Lors de son intervention, il a indiqué que le ministre russe des Affaires étrangères sera bientôt à Ouagadougou, dans le cadre d’une tournée africaine.

« J’ai aimé les échanges car, c’était des échanges francs, empreints d’amitié et de réalisme autour des valeurs comme la solidarité. C’est le départ d’une nouvelle relation que nous avions perdue il y a quelques années. Il y a eu des relations politiques fortes entre nos deux pays et nous sommes très heureux de savoir qu’à l’occasion de la commémoration des 50 ans de notre coopération, nous décidons ensemble de redynamiser nos relations. M. Sergueï a promis de venir visiter le Burkina Faso, dans le cadre d’une tournée en Afrique et nous en sommes très heureux. Il a été très sensible et à l’écoute des questions que nous avons posées ».

 

Propos recueillis par A.S


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