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Vite ! au secours de l’opposant Kamto 

Le principal opposant politique camerounais, Maurice Kamto, et tous les principaux dirigeants de son parti, sont en détention provisoire.  Le 12 février dernier, ils ont été formellement inculpés par le Tribunal militaire de Yaoundé, de « rébellion », « insurrection », « outrage au président », « hostilité contre la patrie », entre autres.   Des charges lourdes dont certaines sont passibles de la peine de mort.  C’est dire si ces adversaires politiques risquent gros. L’audience se serait déroulée quasiment à huis clos, le tribunal n’ayant toléré pour seule présence, que celle des avocats des prévenus. Ces opposants à l’indéboulonnable et insubmersible Paul Biya doivent leur malheur à un fait :  celui d’avoir organisé des manifestations politiques interdites.  C’était le 28 janvier dernier. Alors, à quoi sert un parti politique au Cameroun ? A psalmodier l’évangile selon « saint » Paul, à faire de l’aplaventrisme ? Quel mal y a-t-il, pour un opposant, à manifester dans la rue, ses opinions politiques ? Et dans le cas d’espèce, quelle faute le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) a-t-il commise, en ruminant sa colère face à ce qu’il considère comme une injustice indigeste, celle d’avoir vu sa victoire volée à l’issue d’une élection présidentielle ?  Il y a eu des casses à l’occasion desdites manifestations interdites. Mais des risques de débordements ne sont-ils pas toujours inhérents à ce genre de manifs ? Kamto et ses camarades détenus doivent-ils en payer le prix fort comme c’est le cas visiblement ?  En tous les cas, leur place n’est pas derrière les barreaux. Il faut sauver le soldat Kamto et compagnie. Qu’ont-ils fait de bien grave en dehors d’avoir continué à réclamer la victoire de leur parti à la présidentielle ? Mais les dictateurs sont hélas ainsi faits. Puisqu’ils ne supportent pas, en général, la moindre contestation, leurs principaux poils à gratter finissent toujours par subir leurs foudres.

Le président Biya rate une belle occasion de redorer son blason

Et dans le cas d’espèce, on peut faire l’amer constat que la guillotine est déjà en place pour décapiter l’opposition, la vraie. Il faut craindre que dans cet élan, la tête de Kamto serve de trophée exquis pour l’autocrate camerounais ! Il court le risque d’être puni pour l’exemple.  Ceux qui seraient tentés de faire comme Kamto et ses compagnons politiques n’auraient plus qu’à bien se tenir !  Le plus dramatique ici, c’est que personne ne dit mot face au sort de ces opposants.  Et l’on peut être sûr qu’aucune condamnation ferme et d’envergure ne viendra ébranler la conscience du dictateur tant au pays de Biya, tout le monde ou presque, s’est résigné à faire chorus autour du grand chef. Au plan interne, Paul Biya se sait en terrain conquis. C’est à se demander s’il y a encore une force de critique dans ce Cameroun toujours prompt à critiquer la dictature chez les autres et avare en mots quand il s’agit de ses propres tares démocratiques ! C’est que, en vérité, le demiurge camerounais règne dans tout le sens « nabal » du terme. Et il est devenu un symbole qui permet à des gens de « manger ». Ceux-ci sont assurés de tirer la substantifique moelle de son règne sans fin. Tout cela est déplorable, surtout pour un pays qui compte pourtant beaucoup d’intellectuels dont on ne doute pas de la capacité à formuler des critiques de haut vol. Mais, hélas, mille fois hélas, ils semblent presque tous avoir cédé à la tentation de l’infâme fruit de la compromission. Beaucoup d’entre eux ont la bouche pleine. Quid de l’extérieur ? Les gros intérêts des capitales occidentales devant passer d’abord, la démocratie des nègres, on s’en contrefiche !  Paul Biya peut donc continuer à agir à sa guise sans courir le moindre risque.  Cela dit, sauf oubli ou omission, on peut relever que l’homme fort du Cameroun n’aura jamais traité avec autant de méchanceté et de hargne, un opposant politique.  Le fait que ce soit un tribunal militaire qui se saisisse de l’affaire est un indicateur sur le sort qui attend les détenus politiques de la prison de Yaoundé. Il y a de fortes chances qu’ils soient condamnés à des peines très sévères. Mais si, comme on le craint, le Ciel venait à tomber sur la tête de Kamto et de ses co-détenus, il devrait se consoler d’une chose : il est en train de se construire une stature de martyr ; ce qui pourrait lui être bénéfique plus tard.  Car tôt ou tard, ce Biya finissant sera d’une façon ou d’une  autre, poussé vers la sortie.  Mais il est regrettable qu’au soir de sa vie, le dirigeant camerounais se trompe à ce point, de combat.   Les batailles qui vaillent la peine d’être menées à ce jour, doivent plutôt être celle contre sa propre gouvernance qui a fait tant de mal à son pays et qui, du reste, n’est pas sans lien avec les poussées de fièvre indépendantistes en Ambazonie, en sus de la traque de la secte islamiste Boko Haram.  Au crépuscule de sa vie, le président Biya rate une belle occasion de redorer son blason, en continuant dans la logique de répression de ses opposants et en refusant le libre et plein exercice des libertés républicaines.

« Le Pays »


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