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CAMPAGNE ELECTORALE SUR FOND D’INSECURITE


Depuis le 31 octobre dernier, la campagne dans le cadre des élections couplées  (législatives et présidentielle), est ouverte. Elle doit refermer ses portes le 21 novembre prochain. Pendant trois semaines donc, les uns et les autres vont devoir sillonner le Burkina pour convaincre  les électeurs et les électrices de porter leurs choix sur leur programme politique ou encore sur leur champion à la présidentielle. Et de mémoire de Burkinabè, c’est la première fois qu’une campagne électorale expose les acteurs politiques et les populations à des risques liés notamment aux attaques terroristes. L’illustration de cette réalité a été faite le 8 novembre dernier. En effet, ce jour-là, des hommes armés ont attaqué le véhicule d’un candidat aux élections législatives sur l’axe Dori-Gorom Gorom, dans la région du Sahel. Le chauffeur a été tué et la voiture emportée par des malfrats. Une semaine après l’ouverture de la campagne, le Burkina vient d’enregistrer son premier mort. Avant ce drame, il faut signaler que le chauffeur du maire de Lanfiéra dans le Boucle du Mouhoun, avait été enlevé, puis relâché. C’était le 2 novembre dernier, sur l’axe Tougan-Koudougou, soit 2 jours après le lancement de la campagne. L’assassinat du malheureux chauffeur doit interpeller non seulement le gouvernement, mais aussi l’ensemble des acteurs politiques impliqués dans ces élections couplées. Et quelque part, l’histoire vient de donner raison à l’Assemblée nationale. En effet, courant juin, des élus, avec à leur tête le patron de l’institution, avaient effectué une tournée dans les cinq régions touchées par des attaques terroristes, afin de s’enquérir du pouls de la situation sécuritaire. Leur rapport avait été formel. La menace terroriste est réelle si fait que le parlement a recommandé le report d’un an, des législatives tout en préconisant de maintenir  la présidentielle. Cette recommandation avait valu à leurs auteurs, une volée de bois vert émanant à la fois de la majorité et de l’opposition. Il était notamment reproché à Bala Sakandé et à ses camarades, de ruser pour prolonger indûment leur bail à l’Assemblée.

 

Evitons d’aller nous jeter dans la gueule du loup

 

Et comme depuis les 30 et 31 octobre 2014, le « lenga »  est le terme le plus honni du lexique politique burkinabè, les députés ont sagement retiré leur recommandation. Depuis l’insurrection, personne n’écoute personne, tout le monde suspecte tout le monde. A ce rythme, nous courons vers notre perte collective. C’est pourquoi tout doit être mis en œuvre pour que le drame qui vient de se passer, soit le premier et le dernier.  Pour la présidentielle, le danger est moindre. Car, très souvent, les candidats se limitent aux chefs-lieux des régions. Il est donc plus facile d’assurer leur sécurité. Mais pour les législatives, les candidats sont obligés de ratisser dans les provinces et les départements. Et l’on peut facilement imaginer à quels risques ils s’exposent  par ces temps qui courent où les terroristes dictent pratiquement leur loi dans bien des localités du pays. Et les tournées des députés leur avaient permis de toucher du doigt la réalité du péril sécuritaire dans les zones visitées. Pour certaines régions ou provinces, ils avaient estimé qu’il était quasiment impossible d’y mettre les pieds. Comme aux législatives la circonscription est provinciale, l’on ne sait donc pas comment les candidats peuvent s’abstenir de se rendre dans leur circonscription et espérer engranger des voix pour se faire élire. Ils sont donc face à une équation pratiquement insoluble. Et c’est ce qui avait conduit le parlement à suggérer le report des législatives d’un an. Pour la présidentielle, ce problème ne se pose pas, puisque la circonscription de ce scrutin est nationale. Un électeur des zones touchées par le terrorisme peut, par exemple, voter en dehors de sa circonscription. Bref, nous sommes à  moins de deux semaines de la fin de la campagne. Et il y a de fortes chances que les terroristes mettent à profit cette période pour faire davantage mal. L’Etat doit particulièrement mettre un point d’honneur à assurer la sécurité et des électeurs et des candidats sur l’ensemble de territoire. Il faut rappeler que la CENI (Commission électorale nationale indépendante) avait estimé que 17% du territoire national n’était pas concerné par les élections, en raison justement de la menace terroriste. Et c’est le lieu de rappeler aux candidats à la présidentielle, que la sécurité reste la priorité des priorités. Bien sûr, la sécurité pour tous est une prérogative du gouvernement. Mais chacun doit savoir où mettre les pieds, pendant notamment cette période de campagne. En tout cas, il faut éviter de prêter le flanc. Car, les terroristes sont aux aguets. Et en plus de cela, ils sont très bien informés. Evitons donc d’aller nous jeter dans la gueule du loup.

 

Sidzabda


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