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CANDIDATURE UNIQUE DE L’OPPOSITION CONGOLAISE


 Plus facile à dire qu’à faire

Au fur et à mesure qu’approche la date de la présidentielle du 23 décembre prochain, c’est le branle-bas de combat dans la classe politique congolaise où les parties affûtent leurs armes pour se donner les meilleures chances de remporter ce scrutin, ô combien décisif, pour l’alternance et qui a déjà fait couler beaucoup d’encre et de salive. Du côté du parti au pouvoir, les choses sont déjà claires et l’on est déjà en ordre de bataille, prêts à déployer  l’artillerie lourde pour accompagner le candidat désigné par Joseph Kabila himself, Emmanuel Ramazani Chadary, qui est lui-même déjà sur le pied de guerre. Du côté de l’opposition, certains détails et pas des moindres, restent encore à régler.

L’on peut regretter que l’opposition congolaise en soit réduite à délocaliser ses rencontres à l’extérieur du pays

C’est dans cette optique que sept de ses ténors sont en conclave à partir de ce 8 novembre du côté de la Suisse, pour essayer de s’accorder sur le nom de celui qui devra être le porte-étendard de l’opposition à cette consultation électorale qui s’annonce déjà comme l’une des plus ouvertes de l’histoire de la RDC. Au passage, l’on peut regretter le fait que chaque fois qu’elle veut discuter de problèmes domestiques en lien avec cette présidentielle, l’opposition congolaise en soit réduite à délocaliser ses rencontres à l’extérieur du pays. C’était récemment le cas en Afrique du sud, en mi-septembre dernier, pour discuter des élections et poser les jalons de

cette candidature unique. Quelques jours avant, c’est à Bruxelles, en Belgique, qu’elle se réunissait pour afficher une position commune dans la perspective de cette élection. A la décharge de l’opposition, il faut dire que le régime de Kabila a multiplié les entraves pour contraindre certains de ses membres et pas des moindres, comme Moïse Katumbi, à un exil forcé.

Cela dit, si l’opposition a pris conscience de la nécessité de s’unir autour d’une candidature unique pour se donner des chances de battre le candidat du parti au pouvoir dans ce scrutin à un tour qui se joue à la majorité simple, quelles chances a-t-elle d’y parvenir ? Sans jouer les oiseaux de mauvais augure, l’on a envie de dire que la chose semble plus facile à dire qu’à faire. D’abord, parce que la réunion de la capitale helvétique, risque de nécessiter plusieurs jours de travail ; ce qui augure de négociations plutôt serrées pour  parvenir à un consensus. D’ailleurs, l’on peut même se demander si la fumée blanche sortira de cette réunion, pour autant que tous les acteurs attendus puissent honorer le rendez-vous de Genève. Car, c’est un secret de Polichinelle de dire qu’entre deux des quatre grandes figures encore en lice pour le sacre, il y a comme une guerre de légitimité qui se joue. En l’occurrence, entre Félix Tshisékédi, l’opposant de toujours, et Vital Kamérhé qui se prévaut de son expérience dans la gestion publique mais qui traîne le « péché originel » d’avoir eu à fricoter avec le régime de Kabila dont les Congolais cherchent aujourd’hui à se débarrasser.

L’opposition congolaise est aujourd’hui à un tournant de son histoire

D’un autre côté, bien qu’écartés de la course au fauteuil présidentiel dans les conditions que l’on sait, les avis des deux poids lourds de l’opposition que sont Jean Pierre Bemba et Moïse Katumbi, risquent de peser lourd dans la balance pour le choix de l’heureux élu. Le hic est que ces derniers ne semblent pas sur la même longueur d’onde, la préférence de l’ex-vice président allant à Kamérhé, tandis que les faveurs de l’ex-gouverneur du Katanga iraient à Tshisékédi fils. C’est dire si l’opposition congolaise n’est pas au bout de ses peines. Et moins que la désignation d’un candidat unique, le défi majeur qui se pose aujourd’hui à elle, réside dans la capacité des prétendants à mettre en berne leur ego pour l’intérêt général, en cas de non- désignation. Seront-ils capables d’une telle renonciation ? Rien n’est moins sûr !

En tout état de cause, si l’opposition congolaise parvenait à s’accorder autour d’une candidature unique, ce serait une avancée majeure dans sa lutte pour la réalisation de l’alternance. D’autant plus qu’un récent sondage donne deux de ses candidats, Félix Tshisékédi et Vital Kamérhé, favoris devant le candidat du parti au pouvoir qui n’arriverait qu’en troisième position, selon cette enquête d’opinion. Autant d’éléments qui devraient amener les opposants à se serrer les coudes pour ne parler que d’une seule voix. Mais à l’inverse, l’on peut aussi craindre que  ce sondage ne produise l’effet contraire en fragilisant une opposition où certaines susceptibilités paraissent à fleur de peau.  Par exemple, au terme de ce sondage, l’on ne peut pas jurer, la main sur le cœur, qu’un Félix Tshisékédi comprendrait qu’on lui préfère un autre candidat alors qu’il a été donné comme favori numéro un. Et rien ne dit que les autres candidats sont forcément d’accord avec les résultats de ce sondage. Par ailleurs, en choisissant d’aller aux élections, avec ou sans les machines à voter qui sont catégoriquement rejetées par le reste de l’opposition, rien ne dit que le fils du Sphinx de Limete ne fera pas cavalier seul, s’il n’est pas désigné comme le candidat unique de l’opposition. Du reste, l’on se demande si sa sortie n’était pas une façon d’annoncer déjà la couleur. Quoi qu’il en soit, l’opposition congolaise est aujourd’hui à un tournant de son histoire. Si la question de son union s’impose  comme une nécessité pour ne pas périr, il reste que le chemin pour y parvenir semble encore parsemé de nombreuses embûches. Toutefois,  elle a la solution à son problème. La balle est dans son camp.

« Le Pays » 


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