HomeOmbre et lumièreCANDIDATURES INDEPENDANTES : Et si l’on y allait maintenant ?

CANDIDATURES INDEPENDANTES : Et si l’on y allait maintenant ?


Les échéances électorales de 2015 approchent à grands pas au Burkina Faso, pays des Hommes intègres. En effet, dès l’entame de l’année, le président de la transition, Michel Kafando, a initié une série de rencontres avec les forces vives de la Nation. Le 6 janvier dernier, il a rencontré, tour à tour, la classe politique et les organisations de la société civile pour discuter de ce sujet. Et à l’occasion, ils ont abordé la question du vote des Burkinabè de l’étranger. Tous ou presque sont unanimes pour dire qu’au regard du contexte actuel, il serait sage d’ajourner le vote de nos compatriotes de l’extérieur pour éviter tout couac pouvant nuire au processus en cours.

Même moi, fou, je suis d’accord qu’étant donné que l’ancien président, Blaise Compaoré, s’est refugié en Côte d’Ivoire où l’on compte la plus grande masse électorale de la diaspora burkinabè, il y a lieu d’attendre 2020 pour permettre à nos compatriotes de l’étranger de voter. Cela, du moins je le souhaite, permettra d’organiser des élections libres et transparentes. Mais je me pose tout de même une question. Je ne comprends pas pourquoi, jusque-là, personne n’a le courage d’aborder la question des candidatures indépendantes.

Pourtant, autant les candidatures indépendantes sont autorisées à la présidentielle, autant elles doivent être acceptées aux élections locales, c’est-à-dire les législatives et les municipales. Cela y va du renforcement de notre démocratie. Et je souhaite donc que les nouvelles autorités se prononcent clairement sur ce sujet qui, on le sait, ne date pas d’aujourd’hui. C’est l’occasion d’y aller maintenant. Je sais que cela va provoquer des grincements de dents, mais si c’est le prix à payer pour que notre démocratie soit renforcée, je ne vois pas de problème à cela. Comme on aime à le dire, il n’y a pas de mal à se faire du bien. Je souhaite donc que cette période de transition soit l’occasion, pour nous, de gommer toutes les scories qui plombaient l’avancée démocratique dans notre pays. Beaucoup de Burkinabè pensent comme moi qu’en instaurant le principe des candidatures indépendantes, notre démocratie gagne plus qu’elle ne perd.

 

Dans une république, la loi est là pour tout encadrer

 

D’ailleurs, nos voisins de la Côte d’Ivoire l’ont expérimentée et cela n’a posé aucun problème. Pourquoi ne le ferions-nous pas ? Il faut bien y aller. Je le dis d’autant plus que cela permettra l’avènement de dirigeants libres qui ne se verront pas redevables à leur parti politique auquel il faut recourir en permanence au nom de la discipline du parti.

C’est une dictature qui ne dit pas son nom et qui, en elle-même, constitue un goulot d’étranglement pour notre démocratie. Je pense que tout citoyen burkinabè qui s’estime capable d’apporter un plus au développement de sa commune ou de sa région, ne devrait nullement en être empêché. Cela permettra l’avènement d’une race d’élus en phase avec les réalités des populations, contrairement aux partis politiques qui, parfois, imposent des gens mal aimés voir vomis par les populations. On l’a vu d’ailleurs avec l’ancien parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), qui a voulu imposer des gens impopulaires comme maires, provoquant ainsi la colère des populations. C’est le cas de l’arrondissement 4 de Ouagadougou où l’on a assisté à une guerre ouverte entre un maire et ses administrés, au point même de mettre à mal l’esprit de cohésion nationale. Et ce n’était pas le seul cas. Car, on peut multiplier les exemples à travers le pays. En tout cas, je pense que c’est toujours mieux lorsque le citoyen, en se rendant aux urnes, connaît le visage de celui qu’il veut voir présider à ses destinées, plutôt que d’aller élire un parti politique qui, après, choisira la personne qu’il veut. Ce n’est pas normal. Cela paraît même indécent. C’est vrai, d’aucuns nous diront que l’autorisation des candidatures indépendantes peut être une porte ouverte au nomadisme politique et aux achats de conscience ; mais je pense qu’on peut prévenir toutes ces dérives en y mettant des balises. Car, pour paraphraser quelqu’un, je sais qu’il n’y a rien dans ce monde qui ne puisse être abusé par la malignité humaine. Mais dans une république, la loi est là pour tout encadrer. Et une loi peut toujours être proposée pour se prémunir contre toute éventuelle tentation d’un candidat indépendant de transhumer. En tout cas, si on a vraiment une réelle volonté de faire avancer la démocratie dans notre pays, rien n’est impossible au génie de l’homme.

 

« Le Fou »


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