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CELEBRATION DE LA FETE DE TABASKI : Sous le signe de la cohésion sociale et de la sécurité


La communauté musulmane du Burkina Faso a célébré, le lundi 12 septembre 2016, la fête  de la Tabaski appelée en arabe Aïd El-Kébîr. A Ouagadougou, une grande prière suivie du sacrifice du mouton à la place de la Révolution, a marqué cette célébration placée sous le signe de la sécurité et de la cohésion entre les différentes religions.   

 

« Invocations, bénédictions, prêches ». Voici les temps forts qui ont marqué la grande prière de la célébration de la Tabaski, le 12 septembre dernier, à la « place de la Révolution ». Sur les lieux où nous sommes arrivés aux environs de 8h, les fidèles musulmans dont la majorité était tout de blanc vêtue, y avaient déjà effectué massivement le déplacement. Assis sur des nattes ou des tapis de prière, ceux-ci écoutaient religieusement les messages véhiculés depuis la tribune de prêche en attendant le début de la prière. Les contenus des messages étaient axés sur la paix, la tolérance religieuse, la cohabitation pacifique, le renforcement de la foi, les bons comportements à adopter dans la vie sociale. De même, l’acte de portée historique posé par le prophète Abraham était rappelé à la gouverne des croyants présents sur le lieu de prière qui refusait petit à petit du monde. Il s’agit de la soumission totale du prophète Abraham à Dieu qui lui avait demandé, pour tester sa foi, de sacrifier (d’égorger) son fils Ismaël. Le sacrifice de son seul fils a été accepté par Abraham mais au moment de le faire, Dieu l’a remplacé par un bélier qu’il a immolé, laissant ainsi Ismaël sain et sauf. Au-delà de cet acte fort de soumission à Dieu que les musulmans veulent perpétuer, la célébration de la Tabaski se révèle comme une occasion de solidarité, de communion et de partage avec les voisins, les membres de sa famille, les démunis, etc. Alors que ce cours d’histoire sur la genèse de la Tabaski était passé à la tribune de prêche, les fidèles musulmans continuaient d’arriver sur le lieu de la prière, venant d’horizons divers et parés de leurs plus beaux habits. Il en était de même pour les autorités parmi lesquelles on comptait le président du Conseil constitutionnel, Kassoum Kambou, les ministres en charge de la Culture, Tahirou Barry, des Affaires étrangères, Alpha Barry et d’autres personnalités comme Ablassé Ouédraogo, Mahamadi Kouanda. Ces personnalités, assises au premier plan avec les leaders de la communauté musulmane, seront rejointes par le Mogho Naaba Baongho arrivé à 8h 50mn avec une forte délégation et accueilli par le public qui s’est mis debout. Quelques minutes après, arrive l’imam de la grande mosquée de Ouagadougou, El Hadj Cheick Aboubacar Sana, pour diriger la prière qui a débuté à 9h 00. Après avoir effectué les deux rakates de la prière, celui-ci a procédé à la lecture de son sermon en arabe et en langue nationale mooré. La substance de son message, résumée par le 2e vice-président de la communauté musulmane, El Hadj Ahmed Hatimi Démé, était axée sur l’historique de la Tabaski devenue une tradition musulmane héritée du père du monothéisme, le prophète Abraham. Il a rappelé également la nécessité pour les fidèles qui en ont les moyens, d’immoler un animal en signe de soumission à Allah et de partager le repas avec autrui. Dans son sermon, Cheick Aboubacar Sana a invité les fidèles à observer la paix, la cohabitation pacifique avec tout le peuple burkinabè. « Au Burkina Faso, nous rendons grâce à Dieu. L’extrémisme que nous voyons ailleurs, nous ne disons pas que nous sommes à l’abri, mais nous avons des garde-fous qui nous permettent de parer à toute éventualité. Pour tout cela, l’imam a rendu grâce à Dieu et prié pour toute la nation, pour nos autorités, pour tout le monde, pour la paix »,  a dévoilé Hatimi Démé à l’issue de l’immolation, séance tenante, du mouton par l’imam Aboubacar Sana. Après cet acte d’immolation, les fidèles se précipitaient pour regagner leurs domiciles afin de continuer la célébration de la fête du « sacrifice » encore appelée « fête du mouton ». Cette célébration est placée, selon le chargé de finances de la communauté musulmane, El Hadj Ahmadé Nour Guenda, sous le signe de la sécurité et de la cohésion entre les différentes religions. « Nous avons besoin de la sécurité dans la pratique de notre foi. C’est ce sur  quoi l’imam a beaucoup insisté dans son sermon en faisant appel à nos autorités, aux différents citoyens pour travailler à ce qu’il y ait l’apaisement dans le pays et la cohésion entre les différentes couches sociales », a-t-il rappelé, au regard du thème principal de la célébration de la Tabaski qui intervient 70 jours après celle du Ramadan, soit le 10e jour du mois lunaire du hadj et le lendemain de la montée du mont Arafat par les pèlerins. C’est pourquoi les fidèles musulmans ont eu dans leur prière, a relevé le vice-président de la communauté musulmane, El Hadj Assane Soré, une pensée pour les pèlerins qui séjournent actuellement à La Mecque (Arabie Saoudite). Celui-ci a également apprécié de façon positive, le déplacement de la haute hiérarchie de l’Eglise catholique sur le lieu de prière, qui témoigne de la cohésion entre les différentes religions ici au Faso. A ce propos, un rapport récent publié par l’ONG Crisis group international évoque, a dévoilé Ahmadé Nour Guenda, que la situation est reluisante : « Ce rapport présente une situation de stabilité entre les religions, qui est un exemple pour les autres pays. Au Burkina Faso, nous vivons en symbiose. Nous avons des familles où il y a toutes les religions qui sont représentées et nous n’avons pas du tout de problèmes». Cette cohabitation pacifique entre les religions constitue, foi du ministre en charge de la culture, Tahirou Barry, la « force tranquille » du Burkina Faso : « La force de notre nation réside dans l’esprit de tolérance qui règne. C’est cet esprit qui nous rend toujours plus sereins et qui nous amène toujours à aller de l’avant. Nous implorons toujours la paix et les bénédictions du Seigneur afin que la Nation se porte très bien ». Le même message de paix et de stabilité est formulé par El Hadj Adama Ouédraogo Palm Beach, qui a souhaité une bonne saison de pluie aux producteurs afin que le pays atteigne l’autosuffisance alimentaire.

 

Saïdou ZOROME (Collaborateur)

 

 

 

Cheick Adama Ouédraogo, fondateur de l’Institut Aorèma

« Abraham était un grand prophète »

 

Avant de répondre à votre question, permettez-moi de remercier les Editions « Le Pays » pour la pierre précieuse qu’elles apportent dans la construction et le développement du pays. Je salue le Fondateur du journal et tout son personnel. Votre journal va toujours à la source de l’information pour mieux informer ses lecteurs. Concernant la célébration de la fête de la Tabaski, elle revêt une importance capitale car, elle rappelle la soumission du prophète Ibrahim à Dieu. Il était un grand prophète qui avait réellement la foi religieuse. C’est pourquoi il était aimé par Dieu lui-même qui l’appréciait chaque fois devant les anges qui l’admiraient beaucoup pour sa croyance et sa foi religieuse. Je souhaite bonne fête à tous les musulmans et que Dieu bénisse le Burkina Faso (Propos recueillis par Saïdou ZOROME).

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El Hadj Mahamadi Kouanda 

 

« Que Dieu protège le Burkina Faso »

 

La Tabaski, pour moi, est la fête la plus importante de l’année pour les musulmans. C’est la fête où nous devons bien manger, partager et bien boire. Je souhaite bonne fête de Tabaski à toute la communauté musulmane et que Dieu Tout-puissant continue à protéger le Burkina Faso dans la paix et dans la dignité et que l’islam soit une religion sociale, de paix, d’unité, de partage. Les plus jeunes musulmans doivent savoir que l’islam leur appartient. On constate dans nos mosquées, que les jeunes de 15 à 30 ans viennent plus nombreux que les personnes de 50 à 90 ans. Cela veut dire que Dieu a exaucé l’islam et que chaque musulman commence à prendre conscience que sa raison d’être est de prier et de faire du bien à ses parents et à son prochain. Je souhaite bonne fête et je demande à Dieu de donner la santé à ceux qui sont à l’hôpital ou qui sont retenus malgré eux, qui n’ont pas la liberté de prier et de partager la joie avec nous. Que Dieu leur donne la liberté et la dignité.

 

(Propos recueillis par Saïdou ZOROME)

 

La communauté Ahmadyya a célébré l’évènement

 

A l’instar des autres musulmans du Burkina Faso, ceux de la communauté ahmadiyya ont célébré l’Aïd El-Kêbîr. C’est le président et le missionnaire en chef de la communauté islamique ahmadiyya du Burkina Faso, Mahmood  Nasir Saqib, qui a dirigé la prière. Après les deux traditionnelles rakates de la prière, dans son sermon, il a invité les fidèles musulmans au  pardon.  Il  les a aussi invités à faire de la formation  des jeunes  un combat de tous les jours. L’Aïd El-Kêbîr, a-t-il dit, qui est une fête qui perpétue le sacrifice du prophète Ibrahim, est une occasion qui doit faire appel à notre sens de responsabilité dans la formation de nos enfants afin d’inverser la situation. En effet, rappelle Mahmood Nasir Saqib, dans les traditions, il est écrit que quand Ibrahim a vu en rêve qu’il égorgeait sous ordre divin son enfant Ismaël et qu’il lui a raconté le film de son rêve, Ismaël a répondu à son père qu’il est prêt à se sacrifier pour la cause d’Allah et que Ibrahim peut passer à l’exécution du rêve. « Cela témoigne du niveau de formation et du degré d’obéissance qu’Ibrahim avait pu inculquer à son fils Ismaël.  Notre sacrifice de mouton n’aura son sens que si nous nous évertuons, à l’instar d’Ibrahim, à éduquer et à former nos enfants comme Ismaël. Si les enfants ne sont pas bien formés, le sacrifice d’Ibrahim n’aura pas de sens pour nous. Tuer un animal c’est bon, mais ce n’est pas ça l’objectif du sacrifice d’Ibrahim », a expliqué Mahmood  Nasir Saqib.

 

(Propos recueillis par Issa SIGUIRE).

 

 

 


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