HomeA la uneCEREMONIE DE RECOMPENSE DES JOURNALISTES : Quand Galian donne d’une main, ce qu’il retire de l’autre

CEREMONIE DE RECOMPENSE DES JOURNALISTES : Quand Galian donne d’une main, ce qu’il retire de l’autre


Porté sur les fonts baptismaux en 1997, le concours prix « Galian » fête ses 20 ans cette année. Pour marquer l’événement d’une pierre blanche, une batterie d’innovations a été annoncée par Rémis Fulgance Dandjinou, ministre de la Communication et des relations avec le parlement. C’était le 2 mai dernier, lors d’une conférence de presse. Il s’agit de la hausse du montant de l’enveloppe allouée à chaque lauréat qui passe de 500 000 F CFA à un million de F CFA désormais. Au titre des genres rédactionnels, ce sont 15 genres qui ont été retenus pour la compétition, dont 11 dans la catégorie production et 4 dans la catégorie technique. Une des innovations est l’instauration d’un super prix dénommé « Super Galian » qui récompensera l’œuvre qui aura transcendé les autres œuvres de par ses qualités professionnelles et ce, quel que soit le genre. L’heureux bénéficiaire engrangera un montant de 3 millions de F CFA auquel il faut ajouter, grâce à l’accompagnement du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, une parcelle de 375m2 située à Ouaga 2000. Quant aux prix spéciaux, il faut retenir que le nombre a été revu à la baisse, soit à 10 maximum. Cette réduction, le ministre la justifie ainsi qu’il suit : « Dans le cadre des Galian, cela posait un problème organisationnel. Il y avait parfois une vingtaine de prix spéciaux et certains montants étaient souvent supérieurs à ceux des Galian. Ensuite, il y avait parfois des œuvres commandées, alors que c’est d’abord la qualité du travail que nous voulons promouvoir… ». L’autre innovation est le changement de dénomination de la nuit du communicateur qui devient désormais la « Nuit des Galian », laquelle connaîtra une amélioration dans son organisation. De manière générale, l’on peut saluer ces innovations. Celles-ci, pour l’essentiel, visent à apporter un nouveau souffle aux Galian. Et après vingt ans d’existence, la nécessité se posait.  Ce faisant, l’on évite la sclérose et la routine. Toute chose qui peut contribuer à faire grandir l’évènement au fil  des ans. Mais l’on peut se permettre de déplorer certaines innovations. Premièrement, l’on peut évoquer la suppression de certains genres tels que le compte- rendu et l’interview. Rien ne peut justifier cette oukase.  

 

l’on peut souhaiter que les organisateurs de cette importante cérémonie revoient leur copie

 

Ce d’autant que tous les genres journalistiques sont enseignés dans toutes les écoles de journalisme dignes de ce nom. L’autre motif  d’indignation est lié au fait que ces mesures discriminatoires peuvent laisser suggérer que les genres qui ont été biffés, ne  sont pas dignes d’intérêt par rapport à ceux  qui ont été retenus. Il ne faut pas non plus oublier que cette façon de faire, a l’inconvénient de réduire la créativité voire l’inspiration des journalistes. Et quand on pense que ces mesures ont été annoncées le 2 mai dernier, soit la veille de la commémoration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, il y a de quoi s’interroger sur leur opportunité. Deuxièmement, l’on peut déplorer l’innovation qui consiste à limiter les prix spéciaux à 10. A un moment où la tendance est à la spécialisation des journalistes, il faut avouer que cette mesure sonne comme  un anachronisme et une incongruité. A cela, il faut ajouter que la réduction très prononcée des prix spéciaux est de nature à décourager les bonnes volontés  qui avaient pour vocation d’accompagner la presse dans le traitement des problématiques en rapport avec leurs domaines d’activités. Et cela est de bonne guerre. Car, lorsque l’on  tente de justifier la mesure par le fait qu’il y avait parfois « des œuvres commandées », rien ne peut garantir que sur les 10 prix spéciaux retenus, il n’y aura pas « d’œuvres commandées ». Troisièmement, l’on peut trouver à redire à propos du « super Galian », du nom de ce prix qui récompensera l’œuvre qui aura transcendé toutes les autres de par ses qualités professionnelles et ce, quel que soit le genre. En effet, si l’on peut classifier les productions journalistiques en genres, c’est que chaque genre a ses spécificités. Chacun obéit notamment à  des critères tant du point de vue du fond que de l’esthétique. Dans ces conditions, il est difficile de les évaluer en les mettant ensemble, car l’appréciation pourrait être biaisée. L’idéal aurait été de décerner un super Galian par genre, quitte à réduire le prix qui y est lié. L’on peut déplorer enfin que ces innovations aient été annoncées alors que les délais de clôture des dépôts des productions n’étaient plus loin. L’on peut parier que cela  va poser bien des désagréments à des postulants. A l’analyse donc, l’on peut avoir l’impression que « Galian » donne d’une main ce qu’il retire de l’autre. Autrement dit, l’augmentation de la cagnotte en ce qui concerne chaque lauréat, qui passe de 500 000 à 1 million de F CFA en plus du jackpot qui sera versé au « super Galian », ne compense pas les préjudices que  pourront  subir les journalistes, consécutivement aux innovations que nous avons déplorées plus haut. C’est pourquoi l’on peut souhaiter que les organisateurs de cette importante cérémonie revoient leur copie pour les éditions à venir.

 

Sidzabda


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