HomeA la uneCHUTE DU REGIME COMPAORE :Va-t-on ouvrir tous les placards ?

CHUTE DU REGIME COMPAORE :Va-t-on ouvrir tous les placards ?


Le régime de Blaise Compaoré s’est effondré, tel un château de cartes, sous les coups de boutoir de l’Opposition et de la société civile. La suite des évènements est connue. « L’enfant terrible » de Ziniaré a quitté précipitamment le palais de Kosyam pour rallier Yamoussoukro. Dans la foulée, certaines personnalités et proches du régime, dont on ignore le nombre exact, l’ont accompagné dans son exil ivoirien. D’autres ont déposé leurs baluchons, dit-on, au Bénin. D’autres sont en train de se terrer à l’intérieur du pays ou sont tentés de traverser les frontières pour l’on ne sait quelle destination. Pendant ce temps, une trentaine de Burkinabè ont été brutalement arrachés à l’affection des leurs. Leur crime, c’est d’avoir osé, les mains nues, crier leur ras-le-bol du système Compaoré et appeler avec l’énergie du désespoir, à une alternance démocratique, la première dans leur pays. Dans l’immédiat, la nation doit leur être reconnaissante en leur rendant un hommage solennel au cours duquel les drapeaux de la République doivent être mis en berne, parce qu’ils ont offert leur poitrine pour la liberté de tous. Mais après cela, des comptes doivent être demandés à tous ceux qui, de près  ou de loin, par leurs propos ou actes, ont endurci le cœur de ceux qui ont appuyé sur les gâchettes. C’est à ce prix que leurs familles pourront faire leur deuil. Ces crimes viennent s’ajouter à d’autres crimes de sang et crimes économiques qui ont émaillé le long règne de Blaise Compaoré et dont la plupart sont restés malheureusement impunis. La révolution du 30 octobre dernier aurait certainement un goût d’inachevé si tous ces crimes devaient demeurer dans les placards du régime.

 

La plupart des dérapages du système Compaoré n’aurait pas pu se produire et prospérer si le Burkina avait disposé d’une justice à la hauteur d’une démocratie digne de ce nom

 

 

La vérité, toute la vérité liée à ces crimes devraient être connue dans la perspective de rattraper tous els manquements dont la justice s’est rendue coupable sous l’ère Compaoré. Mais cela exige d’abord que l’institution judiciaire soit véritablement assainie. En effet, la plupart des dérapages du système Compaoré n’aurait pas pu se produire et prospérer si le Burkina avait disposé d’une justice à la hauteur d’une démocratie digne de ce nom. Une telle justice doit d’abord être perçue par les hommes et les femmes qui l’animent comme un sacerdoce. D’ailleurs, une des lectures que l’on pourrait faire à propos de la déferlante qui a balayé le régime Compaoré, est que celle-ci peut être perçue comme la conséquence de l’accumulation des frustrations des  populations face au comportement de l’institution judiciaire. En effet, dans le traitement de certains dossiers, l’on pouvait avoir l’impression de l’existence d’une justice à deux vitesses. D’une part, l’on a une justice réservée aux pauvres et aux laissés-pour-compte. Cette justice-là, pour un poulet volé, savait faire preuve de diligence et avait la main lourde vis-à-vis des auteurs de larcins. Par contre, quand il s’agit de graves crimes commis par les bonzes du régime ou leurs proches, la même justice faisait preuve de lourdeur pour ne pas dire de  complaisance. Toute chose qui avait fini par exaspérer les populations. C’est pourquoi, aujourd’hui, plus que jamais, la Justice burkinabè doit s’amender auprès des populations et cela pourrait consister d’abord à ouvrir tous les placards du régime.

Que l’on aille surtout pas crier à une chasse aux sorcières parce qu’il ne s’agit pas de cela. Il s’agira plutôt d’agir par nécessité pédagogique. En effet, le Burkina a traversé une longue période noire au cours de laquelle l’on a pu assister à un affaissement des valeurs éthiques. Un des bonzes du système Compaoré, Arsène Bognessan Yé, avait parlé à juste titre d’agonie de la morale. Dans cette ambiance dominée par le vice, les détournements et autres actes mafieux étaient perçus comme des valeurs. Il s’agit maintenant de travailler dans l’urgence à déparasiter les esprits, surtout ceux de la jeunesse, qui en est arrivée à se convaincre que tous les moyens sont bons au Burkina pour se faire une place au soleil.

De ce point de vue, le Burkina nouveau auquel nous appelons de toutes nos forces, ne peut pas faire l’impasse sur les crimes de sang et les crimes économiques supposés ou réels que l’on  impute au régime Compaoré. Aujourd’hui, la difficulté de mettre en place une transition démocratique et civile, pourrait être liée à la volonté de certains acteurs de faire diversion pour empêcher les Burkinabè d’exiger un inventaire de l’ensemble du système Compaoré, notamment dans ses aspects relatifs aux crimes de sang et aux crimes économiques dans lesquels ils pourraient avoir quelque choses à se reprocher. Mais l’on peut avoir envie de dire à ces gens qui, visiblement, sont en train de mener une lutte d’arrière-garde, que  quelle que soit la durée de la nuit, le soleil finira par apparaître. Et les rayons du soleil sont déjà perceptibles grâce justement au sang que les Burkinabè ont versé dans l’espoir que plus rien ne sera comme avant.

 

« Le Pays »


Comments
  • Merci à vous et à votre journal.Vous avez été et êtes les eveilleurs des consciences.
    Continuez dans ce sens noble.
    Pour revenir au cas Blaise, c’est regrettable et il faut que justice soit rendue à toutes ces crimes impunies.
    Aussi athelons nous à construire des institutions fortes pour que plus que jamais il n’y ait plus d’homme prétendument fort dans notre pays.
    Merci

    2 novembre 2014
  • C’est absolument clair. Par la confusion et l’impréparation, la population, la société civile et les opposants ont laissé le temps au régime de reprendre la main sans tambours ni trompette. Je ne connais pas la valeur du Lt/Cl ZIDA, mais il est clair qu’il ne pourra pas repondre aux aspirations du Peuple et je suis certain qu’il est téléguidé par le Gl Djendjéré. Mais au stade actuel, seule la pression et des solutions claires peuvent permettre de continuer sur le chemin tracé par le mouvement populaire.
    Vigilance et perspicacité est de rigueur. Ne laissez pas pietiner le sacrifice de nos frères tombés sur le champ de bataille. Le monde entier regarde le Burkina. Après cette fière envolée, ne nous tournons pas en ridicule devant le monde entier.
    Que DIUE BENISSE nNOTRE FASO

    2 novembre 2014
  • Je crois que cette nouvelle junte est venue au secours du régime de Blaise Compaoré pour avoir été le bras armé responsables des crimes. Mais, il faudra nécessairement ouvrir les placards – et tous les placards-. Le cas du RSP et de toute l’armée est à résoudre, car comme disait le colonel Royal: “la conduite des hommes à qui la République a confié ses armes se doit d’être exempte de tout reproche”. Qu’avons nous fait dans nos contrées pour notre armée. Quand à la dernière irruption de notre armée dans l’arène politique, je livre cette phrase de Plutarque: “le temps des armes n’est pas celui des lois”. Notre crise politique actuelle nécessite un accompagnement des militaires mais pas une direction de celle ci qui occupe la place depuis les années 1966. Cela est d’autant plus regrettable que nos officiers semblent ignorer les mécanismes internationaux et les récents évènements de Dadis Camara de la Guinée et Sanogo le capitaine général du Mali. Le rejet est si évident que votre position ressemble au dernier baroud d’honneur de Blaise Compaoré. Vos hommes armés et leurs blindés ne peuvent résister à la furie du peuple. Vous pouvez les ranger, car vous n’êtes pas en guerre.

    2 novembre 2014
  • Merci de l’article! et Sil Vous Plais restons vigilant. Tout doit être clarifier et chacun recoltera ses actes

    3 novembre 2014
  • Bonne analyse. En effet pour bannir à jamais la mal gouvernance, il serait effectivement bon pour l’histoire et pour l’avenir que les auteurs des maux qui ont minés durablement notre société répondent de leurs actes. Ainsi, il ne reviendra à l’esprit de personne, qui qu’elle puisse être de poser de tels actes encore. La colère du peuple d’en découdre est à la mesure des frustrations qu’il a enduré des années durant. Dieu bénisse le Burkina.

    3 novembre 2014
  • Mon cher ami ZIDA, il faut que tu te détermine et vite. Blaise te considère comme un “traitre” et à moins d’en faire vraiment la preuve du contraire, les insurgés estime que tu n’inspires pas confiance car venant ou étant encore de l’autre camp. Mérite-tu notre confiance ou bien es-tu encore un autre loup dans la bergerie? Tu souffriras surement très fort si ce changement doit survenir sur le système car par cupidité ton patron et ton parent avaient un appétit incommensurable. Si toi tu es sincère, si tu sais raison garder, et si tu n’es pas atteint de la même boulimie, tu sauras mettre en place une constitution où l’intégrité, l’honnêteté et la justice seront les facteurs de paix et de durabilité.

    3 novembre 2014
  • mon cher ami laisse le pouvoir à un civil puis qu’on vous connais après avoir goutté au miel ce sont les abeilles que vous songerez à manger tel a été le cas de Blaise compaore. LAISSEZ UN CIVIL AU POUVOIR TRANSITAIRE

    3 novembre 2014
  • Votre journal redonne de l’espoir au Peuple Burkinabé et à tous ceux qui l’aime vraiment et profondément.
    Vous posez les bonnes et vraies questions, celles qui peuvent éviter, si l’on y réponds sereinement, de voir la Révolution confisquée par les oligarques de tous poils qui ne manqueront pas de se maintenir dans un système qu’il est urgent de changer de fonds en combles, en commençant par la Justice.
    Bravo pour votre combat.

    12 novembre 2014
  • Très belle analyse.
    Mais de quoi a peur les militaires pour demander la suppression de la commission nationale de réconciliation.

    12 novembre 2014

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