HomeA la uneCINEMA BURKINABE : Le réalisateur Idrissa Ouédraogo n’est plus

CINEMA BURKINABE : Le réalisateur Idrissa Ouédraogo n’est plus


 

 C’est par un communiqué de l’Union nationale des cinéastes du Burkina (UNCB) que nous venons d’apprendre la mort du réalisateur burkinabè Idrissa Ouédraogo qui s’est illustré dans le monde du  cinéma dans les années 1980-1990. Le décès est survenu le dimanche 18 février 2018 aux environs de 5h 30mn, à la clinique du Bois à Ouagadougou. Mais qui est cet homme ?

 

Idrissa Ouédraogo est réalisateur, producteur et scénariste burkinabè. Il est né le 21 janvier 1954 à Banfora, au Burkina Faso. Titulaire d’un Baccalauréat série B, il obtient un Diplôme d’études générales après avoir entamé des études en cinématographie, à l’Institut africain d’études cinématographiques de Ouagadougou (INAFEC). Après avoir séjourné à Kiev en URSS, il a obtenu un DEA (Diplôme d’études approfondies), option cinéma à l’université de Paris I Sorbonne. Alors qu’il était fonctionnaire à la Direction de la production cinématographique du Burkina en 1981, il sort diplômé de l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC, Paris) en 1985. Dans sa carrière de réalisateur, Idrissa Ouédraogo a réalisé plusieurs courts métrages, documentaires avant de passer aux longs métrages. Dans son œuvre,  un certain  équilibre existe entre l’authenticité documentaire et la fiction. Son premier court métrage, Poko, lui a valu le Grand prix du FESPACO en 1981. Les courts métrages du réalisateur sont, entre autres, Les Ecuelles (1983), Les Funérailles du Larlé Naaba (1984), Ouagadougou, Ouaga deux roues (1985) et  Issa le tisserand (1985). Le premier long métrage de Idrissa Ouédraogo, Le Choix, est sorti en 1986. S’en sont  suivis Yaaba (1988) qui a reçu le  Prix de la critique au Festival de Cannes 1989 et Tilaï (1990), le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes 1990, le Grand Prix du FESPACO 1991 et l’Etalon de Yennega en 1991, Karim et Sala (1991), Samba Traoré (1992), Le Cri du cœur (1994), Kini et Adams (1997) et La Colère des dieux (2003). Le cinéaste a aussi réalisé plusieurs moyens métrages, a participé au film collectif de réflexion sur l’attentat terroriste de New York du 11 septembre 2001 et à la réalisation de plusieurs séries télévisuelles dont Kadi Jolie, une série télévisuelle pour les télévisions africaines. Idrissa Ouédraogo a été membre du jury de divers festivals internationaux, notamment de Venise, Tokyo, Amiens et du Musée de l’homme à Paris               et a animé plusieurs conférences à travers le monde. De la  France (Université Paris VIII Nanterre, Musée de L’Homme) aux Etats-Unis (Université de Harvard, Université de New York), en passant par le  Burkina Faso (Université de Ouagadougou). En outre, en théâtre, il a mis en scène La tragédie du roi Christophe de Aimé Césaire, pour la Comédie française (Paris). Idrissa Ouédraogo est  Commandeur de l’Ordre national burkinabè et Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres français.

 

La Rédaction

 

 

Programme des obsèques

 

Décès du Cinéaste Idrissa Ouédraogo

Programme des obsèques

– Dimanche 18 février: 18 h à 22h Projections de ses films, hommages et prières

– Lundi 19 février: 20h: Veillée d’hommages au CENASA.

– Mardi 20 février: 8h, transfert du corps de la morgue au domicile 15h de la levée du Corps au domicile du défunt à Dassasgho suivie de l’inhumation au Cimetière de Gounghin

Union de prières

 Les condoléances du Président du Faso

 

Rentré à Ouagadougou dans la nuit de samedi à dimanche au terme de la conférence internationale sur la sécurité de Munich, le Président du Faso, Roch Kaboré, a appris ce matin avec « une profonde tristesse » le décès du cinéaste Idrissa Ouédraogo.

« Le Burkina Faso vient de perdre un réalisateur à l’immense talent, profondément attaché à son pays. Je rends hommage à Idrissa Ouédraogo qui aura beaucoup œuvré au rayonnement du cinéma burkinabè et africain hors de nos frontières. L’Afrique perd, avec sa disparition, l’un de ses plus valeureux ambassadeurs dans le domaine de la culture. En mon nom personnel et au nom de la Nation toute entière, je présente mes condoléances à la famille Idrissa Ouédraogo, à ses proches et à la communauté des cinéastes burkinabè et africains », a écrit le Président du Faso sur son compte Twitter.

Repose en paix, Idrissa.

La réaction du ministre de la Culture

 

Le ministre de la Culture, des arts et du tourisme a la profonde douleur de vous annoncer le décès, ce jour 18 février 2018, du cinéaste Idrissa Ouédraogo, Etalon d’or de Yennenga 1991, des suites de maladie. Il présente ses condoléances à la famille de l’illustre cinéaste ainsi qu’au monde du cinéma. Paix à son âme.

 

Filmographie de Idrissa Ouédraogo

 

Réalisateur

Longs métrages

 

1986 : Yam Daabo (Le choix)

1989 : Yaaba (Grand-mère)

1990 : Tilaï (La loi)

1991 : A Karim Na Sala (Karim et Sala)

1992 : Samba Traoré

1994 : Le Cri du cœur

1997 : Kini et Adams

2000 : Le monde à l’endroit

2003 : Colère des Dieux (la)

2006 : Kato, Kato

Courts métrages, documentaires et films collectifs

1981 : Poko

1981 : Pourquoi?

1983 : Ecuelles (les), documentaire

1983 : Les Funérailles du Larlé Naaba, documentaire

1984 : Issa le tisserand, docu-fiction

1985 : Ouagadougou, Ouaga deux roues, documentaire

1986 : Tenga

1991 : Obi

1994 : Afrique, mon Afrique

1994 : Gorki

1995 : film collectif Lumière et Compagnie (un segment)

1996 : Samba et Leuk le lièvre avec Jean-Louis Bompoint, animation

1997 : Scénarios du Sahel: Pour une fois

1997 : Scénarios du Sahel: boutique (la)

1997 : Scénarios du Sahel: Le gros et le maigre

1997 : Scénarios du Sahel: guerrier (le)

1997 : Les Parias du cinéma (un segment)

2000 : Scénarios du Sahel: conseils d’une tante

2001 : 100 jours pour convaincre, cent très courts films contre le Sida

2001 : Le marché du deux roues au Burkina

2002 : film collectif 11’09″01 – September 11 (un segment)

2008 : L’anniversaire

Télévision

1999 : Entre l’arbre et l’écorce (programme de télévision)

1999 : Kadi Jolie (série télévisée)

2005 : Trois hommes, un village avec Issa Traoré de Brahima

Producteur

1989 : Yaaba (Grand-mère)

1990 : Tilaï (La loi)

1992 : Samba Traoré

1995 : Guimba, un tyran, une époque, réalisation: Cheick Oumar Sissoko

2003 : Kounandi, réalisation: Appoline Traoré

2003 : Sous la clarté de la lune, réalisation: Appoline Traoré

2006 : Kato, Kato

Distinctions

Poko, 1981

Prix du meilleur court-métrage au FESPACO

Prix de la critique internationale

Mention Spéciale de l’Institut culturel africain (ICA)

Ecuelles (les), 1983

Prix Kodak Musée de l’Homme

Grand Prix Documentaire à Melbourne

Prix de la Fédération internationale des ciné-clubs d’Oberhausen

Issa le tisserand, 1984

Prix de l’Institut culturel africain (ICA)

Prix de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT)

Prix de la critique internationale

Yam Daabo, 1986

Prix Georges Fadoul

Prix du 7e Art FESPACO 1987

Prix de la meilleure musique FESPACO 1987

Yaaba, 1989

Prix Spécial du Jury, prix du public et prix de la meilleure musique FESPACO

Prix de la critique internationale (FIPRESCI)

Prix d’or au Festival international du film de Tokyo

Tilaï, 1990

Grand Prix au Festival de Cannes 1990

Prix du meilleur long métrage au 1er Festival du cinéma africain d’Asie et d’Amérique latine de Milan en 1991

Etalon de Yennenga, Grand prix du FESPACO 1991

Samba Traoré, 1992

Tanit d’Argent aux Journées cinématographiques de Carthage

Ours d’Argent au Festival international du film de Berlin

Le Cri du cœur, 1994

Prix OCIC à la Mostra de Venise

Prix du public lors du 5e Festival du cinéma africain, d’Asie et d’Amérique latine de Milan 1995

Kini et Adams, 1997

Prix du meilleur long métrage lors du 8e Festival du cinéma africain, d’Asie et d’Amérique latine de Milan 1998

Prix du jury au Festival International du Film des Bermudes 1998

11’09″01 – Septembre 11, 2002

Prix UNESCO à la Mostra de Venise

Trois hommes, un village, 2005

Prix spécial du jury série ou sitcom FESPACO avec Issa Traoré de Brahima

 

 

ENCADRE 5

 

Acteurs du cinéma et cinéphiles réagissent

 

Georgette Paré, actrice

 

« La nouvelle est tombée comme un cauchemar »

 

« Nous nous sommes réveillés ce matin avec cette nouvelle tragique. Nous sommes encore sous le coup de l’émotion. On ne le savait pas véritablement malade. Son décès a été une grande surprise pour nous. La nouvelle est tombée comme un cauchemar. On a beau se dire qu’on est en train de rêver, la réalité est là. On est en train de se préparer pour les obsèques. C’est une tragédie dans le milieu du cinéma. Nous sommes pour l’instant sans voix, puisqu’on ne s’attendait pas à ça. Il est vrai que la mort surprend toujours, mais quand on perd un être comme Idrissa, c’est une vraie tragédie et une menace pour le domaine du cinéma. »

 

Dieudonné Nassa, Professeur de philosophie

 

« Des cinéastes comme Idrissa Ouédraogo, il n’y en a pas beaucoup »

 

« J’ai appris la nouvelle sur France 24. J’étais surpris, puisqu’il y a une semaine, je l’ai rencontré. Il m’avait donné l’impression d’être bien portant. La nouvelle de sa disparition nous surprend. C’est une grande perte pour le Burkina Faso et pour l’Afrique. Des cinéastes comme Idrissa Ouédraogo, il n’y en a pas beaucoup. Je ne sais pas si les jeunes générations ont profité de son talent, de son génie, mais franchement dit, jusqu’aujourd’hui, je pense que quand on regarde ses films, il y a une originalité que je n’ai jamais vue. »

 

El Hadj Issouf Zongo, cinéphile

 

« Je souhaite que les jeunes cinéastes puissent succéder dignement à Idrissa »

 

« Cette nouvelle a attristé et découragé tout le monde. C’est l’un des célèbres réalisateurs de films connus au Burkina Faso et partout dans le monde. Il est difficile pour notre pays d’avoir encore un homme de cinéma de la trempe de Idrissa Ouédraogo. Tout ce qui nous reste, c’est d’encourager les jeunes cinéastes pour qu’ils puissent prendre la relève, afin de suivre avec succès les pas de Ouédraogo Idrissa. Il n’y a que le courage, l’abnégation et la persévérance qui paient dans toute entreprise. C’est ce qu’Idrissa Ouédraogo nous enseigne. Je souhaite que les jeunes cinéastes puissent succéder dignement à Idrissa dont l’œuvre était appréciée à travers le monde. Que Dieu l’accueille dans sa maison et essuie les larmes de la famille éplorée. »

 

Boukari Ouédraogo, commerçant à côté du Ciné Burkina

 

« C’était vraiment quelqu’un de simple »

  

« J’ai bien connu Idrissa Ouédraogo. Il venait régulièrement ici et ne pouvait pas passer sans nous dire bonjour. C’était vraiment quelqu’un de simple. Nous avons été profondément attristés en apprenant son décès ce matin. Nous n’avions pas été informés qu’il était malade. Nous considérons que sa disparition est l’œuvre de Dieu. Nous ne pouvons que prier pour que son âme repose en paix. »

 

Nitiéma Léon, commerçant

 

« Je lui rends hommage »

 

« Je connais très bien Idrissa Ouédraogo. C’est lui qui gérait la salle du Ciné Burkina. Il venait payer avec nous, soit des soufflets, soit des régulateurs de tension. J’ai même joué un rôle de figurant dans son film « Kato, Kato ». Je viens d’apprendre qu’il est décédé et je lui rends hommage. Que la terre du Burkina lui soit légère et que son âme repose en paix. »

 

Hamidou Tapsoba, commerçant

 

« Que la terre du Burkina lui soit légère »

 

« Je connaissais Idrissa Ouédraogo. La nouvelle de son décès m’a surpris et m’a choqué. C’est une grande perte pour le Burkina Faso et nous sommes en deuil. Que la terre du Burkina lui soit légère. »

 

Alassane Kanazoé, particulier

 

« C’est un grand homme du cinéma burkinabè »

 

« Je viens d’apprendre la mort de Idrissa Ouédraogo. Je le connaissais parce que je travaille à côté du Ciné Burkina qu’il a eu à gérer. Je sais que c’est un grand homme du cinéma burkinabè. Paix à son âme et que la terre du Burkina lui soit légère. »

 

Adama Rouamba, réalisateur

 

« C’est quelqu’un qui avait le cœur entre les mains »

 

« Tout le monde est unanime que c’est une perte pour le cinéma burkinabè et pour le cinéma africain. Il est parti au moment où notre cinéma avait besoin de lui. C’est quelqu’un qui avait le cœur entre les mains. Je ne vois pas celui qui n’a pas bénéficié des conseils et du soutien financier de Idrissa Ouédraogo. C’est quelqu’un qui partageait tout. C’est le cœur meurtri que j’ai appris la nouvelle. Il est parti à un moment où lui-même n’avait pas fini, parce qu’il avait des projets auxquels il tenait. Il est parti sans achever ce qu’il voulait faire. Idrissa, c’est quelqu’un qui travaille à tout moment, parce qu’il a toujours des idées. Il était assez ouvert. Il est vrai qu’il a un caractère coléreux, mais il n’était pas quelqu’un de méchant. Quand j’ai vu les éloges que les gens ont faits à l’égard de Idrissa Ouédraogo, je pense qu’il y a un peu d’hypocrisie de la part du monde du cinéma et tous ceux qui gravitent autour du cinéma. Au moment où Idrissa avait besoin du soutien de tous, beaucoup lui ont tourné le dos. »

 

Propos recueillis par FD

 

 

 

 

 


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