HomeA la uneCINQ CENTS JOURS APRES L’ENLEVEMENT DES FILLES DE CHIBOK : Une marche qui confirme l’échec de l’Exécutif nigérian

CINQ CENTS JOURS APRES L’ENLEVEMENT DES FILLES DE CHIBOK : Une marche qui confirme l’échec de l’Exécutif nigérian


Plus d’un an et demi et toujours sans nouvelle. Les filles enlevées à Chibok par Boko Haram, restent introuvables. 500 jours après cette prise d’otages, le collectif  BringBackOur Girls a organisé une marche de soutien aux filles enlevées. Les parents s’accrochent, comme ils peuvent, à l’espoir de retrouver leurs filles. Leur moral n’est pas au beau fixe comme on peut bien l’imaginer. Le désarroi de ces parents est bien compréhensible. Certains sont, du reste, morts de chagrin.   Comment des enfants peuvent-elles se retrouver séparées de force de leurs parents et projetées dans un tel enfer ? C’est vraiment inhumain. Cette situation traduit, si besoin en était encore, toute la cruauté de la secte islamiste. Ce mouvement est animé par des individus sans cœur, qui prennent un malin plaisir à se repaître de la douleur des autres.

Le régime de l’ancien président nigérian a prouvé toute son incurie

Ce n’est donc pas une marche qui pourrait les attendrir. Il faudra mettre tout en œuvre pour retrouver les filles et les ramener à leurs parents. C’est à cet impérieux devoir que le régime de Muhammadu Buhari et la communauté internationale sont appelés. Cette marche traduit l’échec de l’Exécutif nigérian, celui de Goodluck Jonathan. Le régime de l’ancien président nigérian, faut-il le rappeler, a prouvé toute son incapacité et son incurie dans la gestion de cet enlèvement. Comment, dans un Etat responsable, plus de 200 filles peuvent-elles être enlevées, convoyées avec des véhicules et dissimulées sans que l’Etat puisse les localiser et intervenir pour les libérer ? Ce qui s’est passé n’est pas à l’honneur du Nigeria qui veut s’imposer en géant de l’Afrique. Où est passée cette puissance militaire qui a irrigué les veines de l’ECOMOG au Liberia et en Sierra Leone ? Disparue, volatilisée comme par un tour de magie. Ainsi, le grand Nigeria qui a, hier encore, bandé les muscles pour rétablir la sécurité dans d’autres pays, n’est même pas en mesure de protéger ses propres enfants sur son propre territoire aujourd’hui. Quelle décrépitude !

De toute évidence, si Boko Haram a une telle capacité de nuisance, c’est bel et bien parce que l’armée nigériane est presque toujours aux abonnés absents lorsque le devoir l’appelle. Il a fallu, comme on le sait, que l’armée tchadienne pointe le bout de son nez pour mettre en déroute la bande de Abubakar Sekhau. Les populations ne peuvent rien attendre de forces de défense et de sécurité nigérianes gangrénées par la corruption, incapables de protéger leurs sources de renseignements et promptes à pendre la poudre d’escampette dès le premier coup de canon. A la décharge de certains éléments de ces forces de défense et de sécurité nigérianes, il y a l’insuffisance de moyens militaires pour faire face aux hommes du Chacal  lourdement armés. La culpabilité est à rechercher surtout du côté des autorités politiques et de la haute hiérarchie militaire du pays, qui n’ont pas su donner aux hommes les moyens logistiques et la formation nécessaires pour écraser cette vermine. Au lieu de cela, ils ont même parfois versé dans des mensonges éhontés. Sont de ceux-là, les déclarations de l’armée tendant à faire croire à la libération des filles enlevées à Chibok et les sorties de Goodluck Jonathan qui laissaient espérer un accord dans le sens de la libération des infortunées. Avec le recul, on se rend à l’évidence que c’était juste un ignoble discours à visées   électoralistes.

La communauté internationale devrait s’investir beaucoup plus

Avec l’arrivée de Muhammadu Buhari, l’espoir est permis. Les choses se sont plus compliquées parce que le laxisme de l’ancien régime aura profité aux islamistes qui ont certainement eu le temps de disperser leurs otages, rendant plus difficiles leur localisation et partant, leur libération. On peut craindre également pour la vie des otages, en raison des revers successifs infligés à la nébuleuse qui pourrait se servir de ces lycéennes comme boucliers ou moyens de chantage. Et puis, il y a celles qui se sont fait exploser. Pour autant, on ne saurait croiser les bras. C’est compliqué, mais ne dit-on pas qu’ « à cœur vaillant, rien d’impossible » ? En tout cas, l’engagement du nouveau président nigérian à traquer la secte islamiste est à saluer à sa juste valeur. Du reste, c’est ainsi que devrait agir tout dirigeant responsable. Certes, le maillage insuffisant du territoire par les forces de sécurité et la porosité des frontières ne facilitent pas les recherches. Mais, ces filles n’ont quand même pas été cachées sur la planète Mars !

C’est dire qu’elles peuvent bien être retrouvées, pour peu qu’on y mette vraiment la volonté et les moyens. La communauté internationale, il faut  le dire, ne se sera pas véritablement illustrée dans la recherche de ces filles. Passés les premiers moments d’émotions et de prises de positions médiatiques, chacun est retourné vaquer à ses occupations, abandonnant ces enfants et leurs proches à leur triste sort. En effet, si les recherches pour libérer ces filles n’ont pas été concluantes, c’est aussi en raison de la timidité de la réaction de la communauté internationale, notamment des grandes puissances. On voit les moyens colossaux déployés en cas de catastrophe aérienne, par exemple. Le monde entier aurait pu montrer le même degré de réaction face à cet enlèvement. On n’imagine pas que des enfants français ou américains ou de toute autre puissance, puissent disparaître de la sorte plus d’une année durant, sans que quelque chose ait été fait. Ces pays auraient remué ciel et terre pour les ramener à leurs proches.

Même s’il est vrai que la responsabilité première de retrouver ces filles et tous les autres otages de Boko Haram incombe au Nigeria. La communauté internationale avait toutefois l’excuse d’avoir affaire à un Exécutif irresponsable, avec l’équipe Goodluck. En effet, cette communauté ne pouvait pas agir avec toute l’efficacité requise dans un contexte où le principal concerné, l’Etat nigérian, brillait par son manque de volonté et de sérieux. Maintenant que les choses ont changé et que Buhari fait montre d’une volonté farouche d’en finir avec Boko Haram et de ramener les filles enlevées à la maison, la communauté internationale devrait s’investir beaucoup plus.

« Le Pays »


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