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CONCLUSIONS DES TRAVAUX DU DIALOGUE POLITIQUE


Les participants au dialogue politique n’ont pas tari d’éloges, le 22 juillet dernier, à la salle polyvalente de la présidence du Faso, sur l’initiative du chef de l’Etat de rechercher des solutions concertées et consensuelles à la crise protéiforme qui ronge notre pays, à travers des débats francs entre l’opposition politique et la majorité présidentielle. A en juger par les recommandations et les résolutions lues, tour à tour, par les représentants des deux groupes (opposition et majorité), on peut dire que les principaux acteurs de la classe politique burkinabè ont finalement pris la mesure du danger qui nous guette, et ont décidé de s’unir pour relever les défis communs. Et pour colmater les brèches profondément ouvertes dans notre pays et éviter qu’elles ne réapparaissent à la faveur d’une éventuelle crise pré ou postélectorale, il n’y a pas trente-six-mille manières : il faut évidemment que les acteurs politiques s’accordent d’ores et déjà, sur des questions cruciales comme le Code électoral, le mode d’adoption de la future Constitution, le couplage ou non des futures échéances électorales, le vote des Burkinabè de l’étranger, mais il faut aussi et surtout trouver des recettes aux préoccupations actuelles de nos compatriotes qui sont relatives à l’insécurité et à la mise à mal de notre cohésion sociale par les démons de la terreur et de la division. Le règlement de ce dernier volet sur lequel Majorité et Opposition ont planché, une semaine durant, requiert des concertations intégrales et inclusives, comme l’a, du reste, reconnu le président du Faso hier, dans son mot de clôture des débats, en parlant de la nécessaire implication d’autres composantes de notre société. Il va falloir, en effet, mettre à contribution les autorités coutumières et religieuses, les syndicats et les organisations de la société civile si on veut véritablement réussir le pari de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale.

Chez les hommes politiques, la bonne foi et la parole donnée sont les choses les moins bien partagées

A tout bien considérer, les intentions, les recommandations et les résolutions sorties du dialogue politique sont nobles, et nous espérons que, comme à chaque fois que notre pays s’est retrouvé à la croisée des chemins, notre classe politique et nos leaders d’opinions feront cette fois-ci, encore preuve de réalisme et de patriotisme pour nous sortir de la situation désespérante dans laquelle nous nous trouvons, par la faute et l’irresponsabilité de certains de nos frères. L’espoir est d’autant plus permis qu’un comité bipartite de suivi de la mise en œuvre des conclusions du conclave qui vient de s’achever a été mis en place, et le président du Faso a invité l’ensemble des Burkinabè, à commencer par les responsables étatiques, à veiller à ce que les recommandations et les résolutions qui en sont issues ne soient pas de simples professions de foi. On verra dans les prochaines semaines si tous ceux qui ont entonné à l’unisson la chanson de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale dans la salle polyvalente de Kosyam sont de bonne foi, à travers ne serait-ce qu’un début d’exécution du processus d’indemnisation des victimes des violences en politique depuis 1960, et la prise de mesures fortes entrant dans le cadre de la fin proclamée de l’impunité et de l’injustice dans notre pays. Gageons qu’en faisant publiquement et solennellement de telles annonces, ceux qui ont participé aux débats ne pensaient pas uniquement à eux-mêmes, au risque de dévoyer la double mission qui leur a été assignée, celle de rétablir l’entente cordiale entre fils et filles de ce pays d’une part, et celle de trouver un consensus autour des questions politiques qui fâchent, d’autre part. En tout cas, sur ce dernier aspect, les participants ont semblé plus à l’aise, d’autant que des propositions concrètes ont été faites, notamment en ce qui concerne la relecture intégrale du Code électoral et le vote des Burkinabè de l’étranger. Si l’utilisation de la carte d’électeur comme document de vote jusqu’en 2021 a été, pour ainsi dire confirmée, il n’y a pas eu de consensus pour ce qui concerne la carte consulaire biométrique que l’opposition voulait imposer comme document de votation. Pour le reste, il n’y a manifestement pas eu de déchirure sur le couplage des élections présidentielle et législatives, sur l’abandon de l’acte de naissance comme document d’inscription sur les listes électorales, sur la prise en compte des déplacés internes dans les échéances électorales, sur les quotas-genre ou sur la gestion des contentieux par le Tribunal de Ouagadougou. Bref, on semble rouler sur du velours vers des élections apaisées en 2020 et 2021. Mais attention à ne pas se montrer exagérément optimiste surtout quand on sait que chez les hommes politiques, la bonne foi et la parole donnée sont les choses les moins bien partagées. Il ne serait d’ailleurs pas insensé de parler de dessous de cartes dans ce qui pourrait être un deal politique entre anciens camarades de la même galaxie, chaque acteur ou partie espérant en tirer le meilleur dans la perspective des échéances électorales à venir. Et comme tous ont intérêt à ce que tout se déroule dans un climat de paix sociale et de sécurité, il est évident que les messages appelant à la sécurisation du territoire et au renforcement des capacités de l’armée à travers l’instauration d’une contribution financière à son profit étaient empreints de sincérité. Tous les discours officiels incitent, en tout cas, à l’optimisme, et les propos tenus par le Premier ministre, Christophe Dabiré, la veille et en prélude à la cérémonie de clôture des travaux du dialogue politique étaient de nature à rassurer nos compatriotes, que le pays ne va pas si mal que ça, et que les cataclysmes annoncés par des oiseaux de mauvais augure ne se produiront pas, si tous les Burkinabè avancent main dans la main. Tout cela est beau, mais restons vigilants et croisons les doigts afin que cette réconciliation nationale et le retour définitif de la paix au Burkina ne butent pas sur des questions ultra sensibles comme celles ayant trait à l’apurement des passifs sur les plans économiques et surtout judiciaire, et au retour des exilés politiques.

Hamadou GADIAGA


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