HomeA la uneCONCOURS DE LA FONCTION PUBLIQUE : Les impressions de candidats

CONCOURS DE LA FONCTION PUBLIQUE : Les impressions de candidats


L’administration des concours de la Fonction publique session 2017 a débuté depuis le 7 août dernier sur l’ensemble du territoire national. Ils sont plus de 900 000 candidats à aller à la conquête des 11 096 postes en jeu. Au deuxième jour de la composition des épreuves, nous avons interrogé quelques candidats pour avoir leurs impressions. Même si certains d’entre eux ont estimé qu’il serait très tôt pour eux de se prononcer sur les sujets, d’autres par contre les trouvent abordables. Mieux, ils espèrent faire partie des heureux admis de cette session.

Devenir fonctionnaire. Dans l’inconscient collectif, le statut fait rêver beaucoup de jeunes chômeurs. Les avantages, plus ou moins réels, associés à cette position sociale, attisent en effet les convoitises des diplômés chômeurs à la recherche d’une vie professionnelle sécurisée. Et ils sont nombreux chaque année au Burkina, à se préparer pendant des mois, pour pouvoir traverser le pont menant à ce succès. En groupe ou seul, les candidats s’exercent, soit en psychotechnique, soit en QCM (Questions à choix multiples). Il s’agit en effet des sujets qui sont administrés aux candidats, chaque année. Et cette année, ils sont des milliers qui se sont prêtés à ces exercices, de jour comme de nuit. Depuis le 7 août dernier, les candidats ont pris d’assaut les salles de composition. Ils sont allés à la conquête des 11 096 postes à pourvoir. Il est 10h 05, heure locale, ce 8 août. La devanture du Bâtiment C de l’Université Ouaga I Pr Joseph Ki-Zerbo grouille de monde. Assis ou debout, les étudiants échangent des idées. « Tu sais qu’il y a eu une question d’actualité qui est venue ? Les choses m’ont paru bizarres. On nous a demandé le pourcentage que Paul Kagame a obtenu lors de la dernière élection présidentielle », lança un jeune homme à son camarade. Inquiétude fondée d’autant plus que l’élection présidentielle au Rwanda a eu lieu le 4 août dernier, et les résultats ont été communiqués le lendemain, 5 août, soit à 2 jours de l’administration des épreuves.

« Les sujets ne sont pas simples pour nous les littéraires »

Juste à côté du rond-point jouxtant le Bâtiment C, un groupe de trois jeunes discutent aussi du contenu des sujets. Parmi eux, Mindaniba Yonli, vers qui nous sommes allés. Etudiant en Lettres modernes, il nous a confié que les sujets des concours qu’il a eu à composer n’étaient pas à la portée du littéraire qu’il est. « Hier (NDLR : le 7 août), j’ai composé le concours d’assistant en Gestion des ressources humaines (GRH). Aujourd’hui (NDLR : le 8 août), le concours d’assistant des affaires culturelles. Les sujets ne sont pas simples pour nous les littéraires. Car, cette année, des deux concours auxquels j’ai composé, il y a beaucoup de questions qui ont porté sur les mathématiques. Pourtant, depuis le Bac, j’ai abandonné cette matière. Personnellement, j’ai oublié beaucoup de notions en mathématiques. Je me dis que cette année, les sujets sont à la portée des scientifiques », soutient-il. Contrairement à lui, Hamidou Komboïgo qui est étudiant en Sciences économiques et de gestion (SEG), applaudit des deux mains le contenu des sujets. « J’ai composé le concours d’assistant d’élevage hier (NDLR : 7 août). Les sujets étaient à notre portée. Franchement, il suffisait de connaître le Burkina Faso et d’avoir une idée des grands évènements qui ont marqué le pays. Qui parle d’élevage, parle de science. Donc, il fallait aussi avoir des notions en mathématiques », indique-t-il. Comparativement aux années antérieures, certains candidats sont optimistes. En effet, ils espèrent voir leurs noms figurer parmi les 11 096 admis qui intègreront la Fonction publique cette année. Mais encore faut-il que les sujets soient à leur portée. Et pour Mohamed Rabo, étudiant en Lettres modernes, les sujets des concours qu’il a déjà composés s’inscrivent dans cette logique. « Hier, j’ai composé le concours d’éducateurs sociaux et aujourd’hui, celui des attachés d’éducation. Depuis hier, on peut dire que les sujets sont abordables. Seulement, il y a eu trop de mathématiques. Sinon, dans l’ensemble, on espère réussir à au moins un concours. Contrairement aux années antérieures, je crois que les sujets sont abordables. L’année dernière, il y avait beaucoup de questions d’actualité », a-t-il remarqué. Mais pour Moussa Yonli, étudiant en Sociologie, qui venait de composer le concours d’attachés d’éducation, ce n’est pas la facilité des sujets qui permet inéluctablement à un candidat de réussir à un concours, d’autant plus qu’il ne s’agit pas en effet d’avoir seulement la moyenne. Pour lui, la seule chance de réussir à un concours de la Fonction publique, c’est de figurer parmi les meilleurs. « J’ai composé ce matin (NDLR : il était 10h 45), le concours d’attachés d’éducation. Naturellement, c’est un concours et même si les sujets sont abordables, on ne peut pas dès lors dire qu’on va réussir. Car, ce n’est pas la moyenne qu’on cherche. Ce sont les meilleures moyennes et en fonction du nombre. Sinon, je ne peux pas dire que les sujets étaient difficiles », a-t-il renchéri.

« Les moins nous pénalisent beaucoup »

Qu’à cela ne tienne, Mariam Sawadogo, étudiante en Géographie, elle, s’inquiète de la manière dont les copies sont corrigées. « J’ai composé hier (NDLR : 7 août), le concours des Assistants en gestion des ressources humaines. Dans l’ensemble, on peut dire que les sujets sont abordables. Mais ce qui nous pénalise dans la plupart des cas, ce sont les moins (NDLR : les sanctions qu’on inflige aux candidats qui donnent de mouvaises réponses). Vous pouvez avoir 12 points, mais à cause des moins, vous pouvez vous retrouver avec 2 points seulement. Ce qui fait que souvent, on a la réponse aux questions, mais le fait qu’on n’a pas la certitude des réponses, on hésite beaucoup, de peur de perdre des points. Donc, à cause des moins, on peut facilement échouer à un concours. En tout cas, les moins nous pénalisent beaucoup », a-t-elle dit. Contrairement à Mariam Sawadogo, son homonyme Mariam Derra, étudiante en Sociologie, elle, s’est dotée d’une stratégie pour ne pas tomber dans ce piège cette année. « J’ai composé hier (NDLR : 7 août) le concours des éducateurs sociaux. Les sujets étaient abordables. Aujourd’hui (NDLR : 8 août), c’est le concours des assistants d’éducation. J’ai trouvé les sujets abordables car j’ai de l’expérience, après avoir tenté ma chance l’année dernière. Je sais aussi que les moins m’ont beaucoup pénalisée l’année dernière. Donc, cette année, j’ai décidé de cocher ce que je connais pour ne pas échouer», a-t-elle affirmé. A cette session, l’Etat a décidé de serrer les vis afin de minimiser les risques de fraudes. Et c’est en chœur que les différents candidats saluent cette mesure. Sans détour, Mohamed Rabo, étudiant en Lettres modernes, affirme : « Dans les salles de composition, on n’a pas encore constaté de cas de fraude. Je trouve que l’Etat a bien fait de prendre des mesures fermes contre l’accessibilité de téléphones portables et des montres dans les salles de composition. Car, cela permet de lutter contre les fraudes. Sinon, dans les années antérieures, on a entendu dire qu’il y avait des candidats qui avaient composé avec leurs téléphones portables », foi de M. Rabo. Pour sa part, Rasmané Tarpilga, titulaire d’une maîtrise en droit, pense que l’Etat a bien eu raison de prendre ces mesures, au regard de l’avancée des Technologies de l’information et de la communication (TIC). Pour lui, il y a bel et bien aujourd’hui des montres multi-fonctions.

Mamouda TANKOANO

 

 


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