HomeA la uneCONDAMNATION DE KARIM WADE : Père Wade perd le combat de sa vie

CONDAMNATION DE KARIM WADE : Père Wade perd le combat de sa vie


6 ans de prison ferme et 138 milliards de francs CFA d’amende. C’est la peine infligée par la Cour de répression de l’Enrichissement illicite (CREI) à Karim Wade, pour corruption et enrichissement illicite. Certains de ses coaccusés ont été aussi condamnés à des peines, dans l’ensemble, plus légères. Autant dire que Abdoulaye Wade qui a fait, cette fois-ci, le déplacement de la CREI et qui avait fait de la relaxe de son fils une question de vie ou de mort, est désormais situé. En attendant le résultat de son recours devant la Cour suprême, Wade fils n’est pas prêt à porter le drapeau du PDS à la prochaine présidentielle. Et on imagine bien le désarroi de son père. En effet, avec ce verdict, Wade père perd le combat de sa vie. Lui qui avait jeté toutes ses forces dans cette bataille, sonné le rassemblement de ses partisans pour faire barrage à toute condamnation de son fils. Et même lorsque les carottes semblaient bien cuites pour son fils, il n’avait pas manqué d’imagination. Gorgui a, en effet, trouvé l’astuce de faire plébisciter Karim comme candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS) à la prochaine présidentielle censée avoir lieu dans 4 ans. Cette ruse de guerre qui avait pour objectif de mettre la pression sur la CREI et de crier à un complot politique, n’a pas eu les effets escomptés.

Karim et son père ont oublié que le vent peut tourner

La condamnation du fils d’un ancien chef d’Etat n’est pas coutumière en Afrique ; surtout pour des crimes économiques. C’est donc un signal fort que la justice sénégalaise a voulu envoyer. Les dirigeants africains ont intérêt à en tirer tous les enseignements par rapport aux risques d’immixtion de leurs enfants, frères, neveux et cousins dans la gestion de la chose publique. En tout état de cause, cette condamnation de Karim Wade était prévisible. En effet, on imagine mal la justice sénégalaise se fourvoyer pour faire plaisir à Me Wade et ses partisans. Dans un Etat de droit qui se respecte comme le Sénégal, les juridictions ne peuvent accepter de se ridiculiser de la sorte. De plus, ce verdict est logique. Tout porte à croire que le fils Wade a bien des choses à se reprocher, lui qui n’était pas, du temps du règne de son père, assujetti au sacro-saint principe du devoir de rendre compte de sa gestion. Dans une telle situation, on se croit tout permis et les malversations deviennent une règle de gestion. En tout cas, il est difficile de rester blanc comme neige quand on a le sentiment de jouir d’une impunité totale. Malheureusement, Karim et son père ont oublié que le vent peut tourner. Et ce fut le cas. Il n’est donc pas surprenant que le fils de l’ex-président sénégalais, qui a perdu le bouclier d’impunité dont il jouissait, soit touché par cette flèche de la CREI.
Du reste, Me Wade ne devrait en vouloir qu’à lui-même. En défendant avec un tel aveuglement son fils, Abdoulaye Wade ne lui a pas rendu service. Loin s’en faut. Il aura contribué lui-même à le culpabiliser. Même si la CREI voulait être clémente envers l’accusé Karim, les accusations et agitations de Wade père n’ont pas milité dans ce sens. Dans les conditions où Me Wade faisait feu de tout bois contre la justice pour obtenir la libération pure et simple de son fils, toute relaxe aurait, en effet, en plus d’être une sorte de déni de justice, été synonyme de victoire d’Abdoulaye Wade dans son bras de fer avec la CREI. La justice sénégalaise jouait ainsi sa crédibilité et n’entendait pas se laisser distraire par Wade.

Il ne reste plus à Abdoulaye Wade qu’à tirer leçon de toutes ses sorties de piste

Les autorités du pays ont également évité de se laisser influencer par ce remue-ménage de l’ancien président sénégalais. Ils auraient été mal inspirés de s’ingérer dans cette affaire pour faire plaisir à Wade père. Cela aurait, du reste, juré avec l’image de démocrate bon teint de Macky Sall, perceptible rien qu’à travers son projet de raccourcissement de la durée du mandat présidentiel. Raccourcissement qu’il voudrait applicable à lui-même. Par son activisme démesuré, l’ancien président sénégalais aura ainsi mis bien des bâtons dans les roues de son propre fils. Non content de l’avoir entraîné dans ses ennuis en le mêlant à la gestion des affaires publiques, Wade père a été très mal inspiré dans sa stratégie de soutien à son fils. Il aurait dû se dire que Karim est un adulte, qu’il a occupé de hautes responsabilités dans son pays et qu’il peut être amené à rendre compte de certaines choses. Il aurait dû aussi se convaincre que son fils est mâture pour se défendre et que s’il n’a rien à se reprocher comme il le dit, il devrait être blanchi de toutes les accusations et ressortirait plus grandi de ce procès. Il pouvait faire preuve d’un soutien énergique à l’endroit de son fils, tout en restant respectueux des normes en la matière, dans un Etat de droit démocratique. Ce ne fut pas le cas, avec toute cette excitation, ces sorties médiatiques à la limite démentielles, et cette manipulation du PDS et de ses sympathisants pour assouvir les envies d’impunité et de règne dynastique du clan Wade.
D’ailleurs, la ruse de guerre de Gorgui a été mal bâtie. Dans son courroux, Abdoulaye Wade a littéralement manqué de respect à son successeur à la tête de l’Etat sénégalais, et de confiance en la justice de son pays. « En toute chose, l’excès nuit », dit le dicton. En s’épandant en injures grossières à l’encontre du président Macky Sall, Wade n’a pas tenu compte de la sensibilité de l’opinion en ce qui concerne l’obligation de réserve des personnalités de son rang. Ce faisant, il s’est discrédité et s’est aliéné la sympathie de bien des gens en Afrique, mais surtout dans son pays, le Sénégal. Et la maturité dont fait preuve Macky Sall en ne descendant pas dans la boue comme Me Wade, a achevé de convaincre bien des gens que c’est vraiment un homme d’Etat. Il ne reste plus à Abdoulaye Wade qu’à tirer leçon de toutes ses sorties de piste indignes d’un homme de son âge et de son rang social. Il serait bien inspiré d’œuvrer à calmer son parti, le PDS qu’il a, par ses manœuvres, placé sur le pied de guerre. Macky Sall n’entendant pas, de son côté, laisser libre cours aux partisans de la violence et ayant donné des instructions fermes dans le sens du maintien de l’ordre public. A Me Wade donc de se ressaisir quelque peu, de travailler à préserver la stabilité de son pays et le peu d’honneur qui lui reste, en inscrivant enfin ses actions dans le cadre de l’Etat de droit.

« Le Pays »


Comments
  • Bravo à la justice Sénégalaise! Un exemple à suivre dans ce continent où les dirigeants pensent pouvoir gérer la chose publique avec leurs fils,neveux et cousins

    24 mars 2015
  • Ce verdict est meme clément.Dzs gens perdent leurs droits civiques pour moins que ca..Je ne sais pas pourquoi on conserve toujours des droits civiques pour des gens qui ne peuvent meme plus servir leur pays sinon le ruiner.WADE qui trpuve que la justice de son pays lui fait honte aurait du moderniser cette justice quand il était aux affaires.C est toujours comme ca.Les hommes politiques oublient toujours que la politique mene a 4 portes de sortie.LA GLOIRE LA PRISON L EXIL LA MORT.Il est plus facile de se retrouver dans les 3 derniers lorsqu on se croit plus intelligent que le peuple qui vous a mis au monde.

    24 mars 2015

Leave A Comment