HomeA la uneCONFERENCE DES DONATEURS SUR LE MALI : Assortir les aides financières d’une exigence de résultats

CONFERENCE DES DONATEURS SUR LE MALI : Assortir les aides financières d’une exigence de résultats


 

Après avoir été reçu en grandes pompes sur le perron de l’Elysée, le 21 octobre dernier,  le président, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a pris part, hier, à la conférence des donateurs, impulsée par Paris, afin de relancer l’économie malienne. Au siège de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) où a eu lieu ladite conférence, on notait la présence, aux côtés d’IBK, des représentants des groupes signataires de l’accord de paix du 20 juin 2015 signé à Bamako. Par ce signe, les acteurs de la crise malienne veulent prouver aux partenaires techniques et financiers qu’ils sont disposés à aller vers la paix et qu’ils attendent d’eux tout le soutien qu’il faut pour reconstruire leur pays en ruines depuis l’invasion des djihadistes. Et pour un coup réussi, c’en est un. Car, peu avant l’ouverture de la conférence des donateurs, le président français, François Hollande, a craché au bassinet en annonçant le décaissement de 360 millions d’euros d’aide sous forme de prêts et de dons, au pays de Soundjata Keita. Cette manne s’ajoutera aux quelque 300 millions d’euros que Paris avait déboursés pour la période 2013-2015. Et ce n’est pas tout. De nombreux autres investisseurs et partenaires internationaux ont manifesté leur volonté de soutenir le Mali. Pourvu que tout cela ne soit pas un simple effet d’annonce, car, deux ans après la conférence de Bruxelles, en 2013, marquée par l’engagement des bailleurs de fonds, les besoins du Mali, notamment dans la partie Nord du pays, restent  énormes : infrastructures à reconstruire, écoles à réhabiliter, centres de santé à rééquiper, alimentation électrique à rétablir, sécurisation des routes, la liste des urgences est longue. Pourquoi alors ce statu quo ? De deux choses l’une. Soit les promesses faites n’ont jamais été suivies d’effets, soit les fonds alloués pour la reconstruction du pays ont été détournés par une minorité qui roule carrosse, tandis que le peuple croupit dans la misère totale.

Il faut en finir avec l’incurie politique

C’est pourquoi la communauté internationale doit se montrer plus regardante dans la gestion des fonds investis au Mali où la mal gouvernance le dispute à la corruption. Car, quand dans un pays, un Boeing  présidentiel peut s’acheter à coup de milliards de F CFA sans aucune traçabilité, quand dans un pays tout se fait par copinage et par affinités, il y a lieu de savoir raison garder en assortissant les aides financières d’une exigence de résultats, et ce pour plus de transparence. Dans le cas contraire, le Mali deviendrait un tonneau des Danaïdes, qui s’adonne à des dépenses prodigieuses au fur et à mesure qu’on lui donne de l’argent. Pour un pays comme le Mali où tout est prioritaire, certaines dépenses ressemblent plus à un luxe qu’à une nécessité. Il faut donc en finir avec cette incurie politique pour aller vers la reconstruction du pays, surtout au Nord, en passe de devenir une région déshéritée. Peut-être, à la décharge de Bamako, était-ce parce que les conditions de l’exercice de son autorité dans cette zone sous contrôle des groupes  armés, ne sont pas réunies. Car, en dépit de sa bonne foi, Bamako aurait du mal à entreprendre quoi que ce soit à Kidal que la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a mis sous coupe réglée. La preuve en a été donnée le 19 octobre dernier, où le ministre de l’Education nationale qui devrait présider une cérémonie de la rentrée des classes, a été déclaré personna non grata par la CMA. Toute chose qui n’est pas de nature à calmer les esprits et qui est susceptible de remettre le feu aux poudres. Car comme le disait bien l’ex-président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny, « la paix n’est pas un vain mot, c’est un comportement ». Et ce comportement, certains protagonistes maliens ne l’ont pas.

Boundi OUOBA


No Comments

Leave A Comment