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CONFIRMATION EN APPEL DE LA PEINE DE HISSENE HABRE : Un verdict normal


 

Un procès peut en cacher un autre ! C’est le moins que l’on puisse dire. Car, pendant que Blaise Compaoré et son dernier gouvernement, comparaissaient presqu’au grand complet devant la Haute cour de justice pour leur rôle présumé dans la répression sanglante des manifestations des 30 et 31 octobre 2014, l’ancien dictateur tchadien, Hissène Habré, suivait attentivement l’énoncé du verdict de son procès en appel. En effet, déjà condamné en première instance à la prison à perpétuité pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, actes de tortures et viols, l’ex-chef de l’Etat tchadien a vu sa peine confirmée par les Chambres africaines extraordinaires. Or, ses avocats commis d’office espéraient un acquittement ; eux qui, dénonçant des erreurs de procédure, estimaient que l’un des juges en première instance n’avait pas les dix ans d’ancienneté requis pour siéger au sein de la juridiction spéciale ayant jugé Hissène Habré. Soit dit en passant, le prévenu lui-même, faut-il le rappeler, n’a jamais, depuis l’ouverture de son procès, reconnu la légitimité de la Cour, usant du mutisme comme arme de défense. Ce qui explique que même ses avocats commis d’office ne l’ont jamais rencontré, à plus forte raison échanger avec lui sur ce dont on l’accuse. Or, c’est peu dire que cela était nécessaire pour mieux comprendre et préparer une meilleure défense par delà les vices de forme et de procédure qu’ont tenté de mettre en évidence ses avocats. Mais on n’en est plus là, puisque la messe est dite. Après près de 20 années de longues procédures faites de rebondissements, le dossier Habré a connu enfin son épilogue. L’ex-boucher de N’Djamena doit maintenant purger sa peine au Sénégal ou dans un autre pays de l’Union africaine (UA), étant donné qu’aucun recours n’est encore possible.

Ce verdict constitue un signal fort envoyé à tous les satrapes du continent

Etait-ce parce que Hissène Habré savait que quoi qu’il en soit, il ne pourrait pas se tirer d’affaire qu’il avait choisi, en première instance comme un appel, de se claquemurer dans un silence qui, malheureusement, confine à une sorte de candeur poltronne ? Rien n’est moins sûr. Car par dessus-tout, ce verdict constitue un signal fort envoyé à tous les satrapes du continent qui, parce qu’ils sont au pouvoir, se croient tout permis. A ce propos, le juriste américain Reed Brody qui a assisté à toutes les étapes du procès depuis son ouverture, ne dit pas autre chose quand il affirme : « la condamnation définitive du sieur Habré représente une immense victoire pour les victimes. L’époque où les tyrans pouvaient brutaliser, piller les richesses de leur pays, puis s’enfuir à l’étranger pour profiter d’une vie de luxe, touche à sa fin ». Et c’est peu dire. Car, tôt ou tard, des anciens présidents comme Blaise Compaoré du Burkina ou Yahya Jammeh de la Gambie qui courent encore, finiront par être  rattrapés par leur passé. Peut-être cela prendra-t-il le temps qu’il faudra, mais la vie est ainsi faite que nul ne peut échapper à son destin. Aujourd’hui c’est Hissène Habré, mais demain, à qui le tour ? Question à mille inconnues, tant ils sont nombreux les chefs d’Etat du continent qui pourraient subir le même sort. Sont de ceux-là Pierre Nkurunziza du Burundi, Joseph Kabila de la RDC, Denis Sassou Nguesso du Congo, qui tuent et massacrent leurs peuples respectifs à tour de bras.

B.O


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