HomeA la uneCONFIRMATION DE LA TENUE DE LA PRESIDENTIELLE KENYANE : Le décor de l’affrontement est planté

CONFIRMATION DE LA TENUE DE LA PRESIDENTIELLE KENYANE : Le décor de l’affrontement est planté


Il faut véritablement avoir les attributs de Dieu pour savoir exactement ce qui va se passer aujourd’hui au Kenya. Mais, l’on peut se risquer à dire que le pire est à craindre. Et pour cause. La Cour suprême sur laquelle l’opposition comptait pour un éventuel report du scrutin présidentiel, s’est déclarée incapable de prendre une décision, faute de quorum. Pour entrer dans les détails, son président, David Maraga, a expliqué qu’un magistrat était indisponible pour des raisons de santé, un autre était à l’étranger et qu’un troisième n’avait pas pu se rendre à l’audience, car son garde-du-corps avait été blessé par balles. Quelque part, l’on peut avoir l’impression que le camp de Uhuru Kenyatta a fait feu de tout bois pour que le scrutin se tienne aujourd’hui, comme prévu. Et la meilleure manière d’y parvenir est de faire en sorte que la Cour suprême soit handicapée au point de  ne pas pouvoir dire quoi que ce soit. De ce point de vue, l’on peut faire le constat que le président sortant, Uhuru Kenyatta, a réussi avec brio son coup. David Maraga, son poil à gratter, n’a pas eu cette fois-ci l’opportunité d’examiner le recours portant report du scrutin a fortiori celle de prendre une décision dont tout indiquait, cohérence oblige, qu’elle serait de nature à reporter les choses.

La journée d’aujourd’hui est celle de tous les dangers

 

Uhuru Kenyatta peut se targuer d’avoir empêché que la Cour suprême, pour la deuxième fois, mette du sable dans son couscous. Mais pour autant, ce couscous-là n’en demeure pas moins empoisonné pour le Kenya. En effet, tous ceux qui suivent de près la situation sociopolitique dans ce pays, ont des raisons de croire que la journée d’aujourd’hui est celle de tous les dangers. Ils peuvent d’autant plus nourrir ce sentiment que tous les ingrédients d’un clash sont  désormais réunis. Déjà, à Kisimu, fief de Raïla Odinga dans l’Ouest du pays, des manifestants ont dressé des barricades et allumé des feux dans les rues, quelques minutes après l’annonce de la Cour suprême. Et les propos tenus par le gouverneur de ce comté sont de nature à faire redouter le pire. En effet, Anang Nyong’o, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a martelé ceci : « Si le gouvernement subvertit la volonté populaire du peuple (…), alors le peuple sera en droit de se rebeller contre ce gouvernement ». Les choses sont claires. L’opposition est en ordre de bataille, pour ne pas dire de guerre, pour empêcher la tenue du scrutin aujourd’hui. Et en face, les partisans de Uhuru Kenyatta sont vent debout pour sa tenue, comme prévu. Le décor de l’affrontement est donc planté. Et bien malin qui saurait dire lequel des deux camps va l’emporter. Ce dont on peut être certain, c’est que, quel que soit le camp, c’est l’ensemble du Kenya qui va accuser un grand coup. Et cela renvoie  une très mauvaise image du pays. Décidément, dans bien des pays d’Afrique, l’on peut se poser la question de savoir si les élections valent la peine d’être organisées. L’on peut d’autant plus se la poser que dans des cas fréquents, elles s’apparentent à une véritable boîte de Pandore qu’on ouvre et d’où sortent des monstres dont le goût prononcé pour la chienlit et le sang, est hors norme. Ce constat malheureux s’applique surtout au Kenya. Toutes les consultations électorales dans ce pays, sont des moments de frayeur et d’épouvante.

Tous ceux qui aiment le Kenya sont interpellés

Depuis que le pays a accédé à l’indépendance, il traîne ce sinistre label comme un boulet à ses pieds. Va-t-il enfin un jour s’en défaire à l’effet d’intégrer le cercle des nations civilisées ? A cette question, l’on peut malheureusement répondre par la négative. En tout cas, tant que la politique, dans ce pays, sera monopolisée par les Kenyatta et les Odinga et cela depuis l’indépendance, tant que la politique sera trempée dans la sauce fétide des ethnies, tant que la force des  institutions ne va pas primer celle des hommes forts pour reprendre l’idée de l’ancien président américain, Barack Obama, ce n’est pas demain la veille que le Kenya sera arrimé à la démocratie. C’est pourquoi les Kényans qui sont encore politiquement lucides et qui sont dans la logique de placer leur pays au-dessus de tout, doivent travailler à mettre hors d’état de nuire tous  ces politiciens qui sont en panne d’idées et qui, de ce fait, instrumentalisent les communautés pour la réalisation de leurs desseins machiavéliques. Et à cette nécessaire et impérieuse décantation de la classe politique, doivent participer tous les amis sincères du Kenya, à commencer par la communauté internationale, si tant est que le pays en fait partie. En attendant, tous les regards sont tournés aujourd’hui vers le Kenya. Et tous sont porteurs d’interrogations chargées d’angoisses. La présidentielle aura lieu aujourd’hui, comme l’a confirmé le président de la commission électorale ; celui-là même qui, naguère, estimait que les conditions n’étaient que réunies pour l’organisation d’une élection libre et transparente. En tout cas, tous ceux dont la voix porte, tous ceux qui aiment le Kenya, bref la conscience nationale tout comme la conscience universelle, sont d’office interpellés pour faire en sorte que la tragédie du scrutin passé ne se répète pas.

« Le Pays »


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