HomeA la uneCONGO BRAZZAVILLE : L’alternance ajournée

CONGO BRAZZAVILLE : L’alternance ajournée


C’est fait ! Sur l’autel de sa boulimie de pouvoir, le président Denis Sassou N’Guesso vient d’égorger la démocratie. Jugez-en vous même : nouvelle Constitution sans limite d’âge maximal pour le candidat à la présidentielle, ni restriction du nombre de mandats autorisé à un chef d’Etat. C’est, du moins, ce que viennent de servir au prince régnant, sur un plateau d’or, les quelques centaines de délégués à l’issue du “dialogue national” sur l’avenir des institutions au Congo Brazzaville. Un dialogue ouvrant la voie à la tenue d’un référendum sur la nouvelle Constitution. Nul besoin d’indiquer que les dispositions contenues dans la nouvelle loi fondamentale, ont été taillées à la mesure de N’Guesso qui se savait de facto disqualifié pour la présidentielle à venir, en référence à la Constitution ante. Il a 72 ans alors que la Constitution de 2002 fixe l’âge maximal à 70 ans. Il cumule plus de trente ans d’exercice du pouvoir alors que ladite Constitution limite à deux, le nombre de mandats. Après ce précieux cadeau des délégués, pour l’essentiel issus de la majorité, le président congolais peut, à présent, mettre tranquillement son projet en route. N’en déplaise à la société civile congolaise et à son opposition qui avaient vite perçu le danger de prendre part à ces assises. Cela dit, de quel “dialogue national” le pouvoir congolais peut-il se prévaloir alors que celui-ci a été pour le moins contesté ? Il faut croire pourtant que pour tous ceux qui ont voué aux gémonies cette consultation, la messe est dite, hélas ! Car, on voit mal comment le président congolais échouera à arriver à bon port, à présent que la machine de son projet de maintien au pouvoir est lancée. Assurément, le satrape congolais vient de faire couler le sang de la démocratie; et il ne reste plus qu’à célébrer ses funérailles. En attendant, on ne peut que déplorer le fait que la nouvelle Constitution de N’Guesso, fait opérer au Congo, un grand bon en arrière du point de vue de la démocratie. Et en cela, on a envie de dire que Denis Sassou N’Guesso se fout royalement de son peuple. A la Constitution de 2002, succédera, selon donc ses bons désirs, une Constitution qui conciliera “les valeurs universelles de la démocratie et les réalités politiques, sociales, culturelles du Congo”.

Tant qu’il sera aux affaires, Sassou sait que le pouvoir lui servira de bouclier

On en rirait presqu’aux larmes autant qu’on pleurerait toutes les larmes de son corps ! Le Gondwana n’aurait pas fait mieux !  Tous les Congolais qui nourrissaient encore quelque espoir que demain, la démocratie se porterait moins mal, sont servis. Ils apprennent à leurs dépens qu’il frauda compter pour longtemps encore, voire pour toujours, avec cet assoiffé de pouvoir. Et qui sait, si d’aventure l’idée lui venait de passer la main, il fera valoir qu’une autre chance se présente aux Congolais : Sassou fils qui aurait l’avantage d’avoir été bien préparé par lui, pour assumer la charge suprême. Ne riez pas ! Triste Afrique ! On a parfois vraiment honte d’être africain. Et sans doute que le continent n’a encore rien vu, en termes de lubies et autres graves manquements à la démocratie, de ses dirigeants. Après Nkurunziza, Kagamé, N’Guesso, bien d’autres encore s’activent, dans la perspective de dénier tout droit à l’alternance. Et tout cela, hélas, sous le regard impassible voire approbateur de l’Union africaine (UA). Face à son atonie et aphonie, on en vient à se demander s’il n’est pas temps pour l’UA, de célébrer le requiem de sa fameuse Charte sur la démocratie. Au silence de l’UA, on pourrait ajouter celle de l’Elysée qui, en début juillet 2015, avait déroulé le tapis rouge au dictateur congolais. Ce fut l’occasion pour le président français, d’affirmer “son attachement à la préservation et à la consolidation des institutions”. Mieux, François Hollande avait suggéré à son homologue congolais de “mener des réformes constitutionnelles dans le consensus”. Visiblement, c’est loin d’avoir été le cas, même si le pouvoir congolais s’en défend. Le moins que l’on puisse dire donc, c’est que N’Guesso opère un passage en force. Dans le même temps, il fait un pied de nez au président Hollande. Quelle sera la réaction de l’Elysée ? Il est quasi certain que celle-ci ne bougera pas le petit doigt. Les intérêts français au Congo Brazzaville sont suffisamment immenses pour valoir son silence. N’Guesso, accroc du pouvoir, c’est connu. Mais son obstination à demeurer au pouvoir n’est sans aucun doute pas étrangère à la peur de l’après-pouvoir. N’Guesso seul sait combien de cadavres il a dans les placards et le nombre de casseroles qu’il traîne depuis son long règne. La fameuse affaire des disparus du Beach, celle des “bien mal acquis” et bien d’autres encore, n’ont sans doute pas fini de troubler le sommeil du dirigeant congolais. Et tant qu’il sera aux affaires, il sait que le pouvoir lui servira de bouclier. Au total, on peut comprendre la volonté du président N’Guesso de s’attribuer une cure de jouvence “pouvoiriste“. Et les choses semblent bien parties pour le satrape congolais. Car, “en attendant le vote des bêtes sauvages”, pour reprendre l’expression de l’écrivain Ahmadou Kourouma, à l’occasion de la vaste mascarade électorale en perspective, il est assuré d’étrenner son énième mandat.

“Le Pays”


Comments
  • Le dialogue congolais à été inclusif et libre. Le processus démocratique au Congo ne souffre pas d entorse. Ce pays à ses réalités et sa culture. L’alternance à déjà eu lieu au Congo. Que le journal le pays se garde de faire le procès de Sassou et du Congo. Il devrait s’occuper des atermoiements au Burkina. Vive le Congo souverain.

    21 juillet 2015
  • Vive le Congo souverain ! Et vive Dénis Sassou Nguésso, le Papa National ! “Bien sur le Congo n’est pas le Burkina Faso, tout comme Brazzaville n’est pas Ouagadougou”! Cependant, l’enseignement et l’évolution des peuples suivent une trajectoire historique qui échappent à la logique des Dictateurs ! Le temps du peuple congolais arrivera inévitablement et la démocratie installera au Congo, n’en déplaise aux atermoiements des “Dialogueurs Nationaux” des rives congolais ! Salut!

    21 juillet 2015
  • Le Congo à ses réalités sociales et culturelles. Ces réalités sont loin de la culture burkinabé, celle du brûlis. Après avoir connu les affres des guerres civiles, les congolais préfèrent se parler, quelque soit le problème, au lieu d’aller brûler les Assemblées nationales. Le Congo se construit et se porte bien. Si vous avez des soucis à vous faire, faite le pour le Burkina qui va bientôt sombrer dans des violences. Pleurez pour votre pays, pleurez pour vos élections qui ne se tiendrons guère aux dates échues. Le Congo avait connu une alternance en bonne et due forme en 1992, qu’en ont fait vos fameux démocrates successeurs ? Ils ont distribué la mort, le sang et les larmes. De cet épisode vous ne dites rien. C’est vraiment malhonnête pour des gens qui sont d’un pays soi disant “d’Homme intégres”. Pleurez pour votre pays car vous connaîtrez bientôt le pire. De quelle démocratie vous vous prévalez, de celle qui est prise otage? Sans rancune.

    22 juillet 2015

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