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CONGRES EXTRAORDINAIRE DU PDCI-RDA


 Dans quelle direction ira l’éléphant ?

Depuis hier, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire- Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA) a ouvert dans son fief de Daoukro, les portes de son 6ème Congrès extraordinaire. Après avoir longuement fait la sourde oreille face à la plus haute instance du parti qui revendiquait la convocation de ce jamborée, le président Henri Konan Bédié (HKB) a fini par lâcher du lest ! Circonstances obligent ! En effet, la tenue de l’instance suprême  du parti de l’éléphant intervient dans un climat que l’on pourrait qualifier, pour le moins, de délétère.  Et cela pour deux raisons. Premièrement, le navire battant pavillon  PDCI-RDA est balloté par des vents contraires  qui mettent  à mal son étanchéité  du fait de ses dissensions internes  et de la fronde d’une partie de ses cadres qui refusent de couper le cordon ombilical avec le Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP).

Il est attendu de ce Congrès, qu’il agisse comme une sorte de catharsis

Deuxièmement,  le capitaine Henri Konan Bédié (HKB) et ses compagnons d’infortune, semblent se  remettre difficilement de leur gueule de bois au lendemain du divorce avec leur ex-allié, le Rassemblement des républicains (RDR) du président Alassane Dramane Ouattara. L’on se souvient, il y a peu, que  dans une intervention publique, le président Bédié hilmself déclarait  que son parti faisait l’objet de «complots visant à le déstabiliser et à le faire disparaître » et pointait, sans ambages,  du doigt le parti au pouvoir qu’il accuse de « harcèlement judiciaire » dans le but d’en empêcher le bon fonctionnement. La seule éclaircie dans ce ciel sombre, semble être les résultats des élections locales où le PDCI réussit pour le moment à se maintenir et fait même le pied-de-nez  au parti présidentiel dans certaines circonscriptions électorales comme la mairie de Cocody.

Au regard donc de ce contexte que l’on peut qualifier d’urgence, le Congrès de Daoukro était des plus attendus  et les organisateurs n’ont pas fait dans la fine bouche en le baptisant   de « congrès de la stabilité et de la clarification ». C’est dire donc qu’il est attendu de ce Congrès, qu’il agisse comme une sorte de catharsis  qui  exorcise le parti de ses démons internes et lui confère l’immunité contre les agressions externes. Sans avoir le 3ème œil du sorcier baoulé, en attendant que tombent les grandes décisions, l’on peut se risquer à parier que dans cette perspective, l’enfant de Daoukro va dans un premier temps solliciter l’onction de ses ouailles  pour prononcer la fatwa qui frappera d’ostracisme les agents doubles du parti. Les militants du parti qui se sont auto-exclus en se faisant élire sur les listes du RHDP devraient donc voir confirmer leur exclusion. Quant à ceux qui ont relevé le défi de se faire adouber par les urnes en tant qu’indépendants, pour avoir réussi avec brio le test de la mobilisation, ils devraient bénéficier de plus d’égards de la part du parti qui devrait leur réserver l’accueil du fils prodige et ce dans la perspective de 2020.  Dans  un second temps, il s’agira pour HKB, après la mise à jour des listes du parti,  de remettre ses troupes en ordre de bataille pour la reconquête du pouvoir.

Le Sphinx de Daoukro voudra continuer à jouer le gardien du temple

Si le PDCI-RDA ne veut pas se complaire d’un simple rôle d’épouvantail à la compétition électorale de 2020, il devra nécessairement procéder à  une redistribution des cartes au sein de la famille. Et la question que l’on peut se poser à ce propos est de savoir si l’inamovible et emblématique président du parti,  du haut de ses 84 ans,  voudra bien accepter de passer le témoin aux jeunes loups du parti qui ont bien du mal à cacher leurs longues dents.

A priori,  le Sphinx de Daoukro voudra continuer à jouer le gardien du temple et ce n’est pas ce Congrès qui devrait le déboulonner de son piédestal. Du reste, en bon capitaine, il ne voudra pas abandonner son navire à la merci de la tempête, et encore moins donner l’impression à son rival, ADO, de se retirer la queue entre les pattes après que celui-ci ait réussi à faire de lui le dindon de la farce.  Mais  HKB aurait tort de rester de marbre face au nouveau vent qui souffle sur son parti au risque de voir ce dernier se transformer en un véritable ouragan qui  dévasterait ce parti. Il est donc temps que HKB se plie à la dialectique du temps en se désignant un dauphin qui puisse conduire la mue de ce parti historique et le remettre sur orbite pour l’élection présidentielle de 2020. A défaut, les funérailles du RHDP qui seront célébrées lors de ce Congrès risquent de se muer en une série noire qui, infailliblement, va se boucler par la mort du PDCI-RDA.

Cela dit, que la succession de Bédié soit inscrite ou pas à l’ordre du jour de ce 6e Congrès du parti du père de la nation ivoirienne, Félix Houphouët Boigny, l’enjeu principal reste l’après-Bédié et il faut craindre que le feu qui couve sous les cendres ne s’en trouve ravivé. Et c’est véritablement là que le papy devrait user de toute sa sagesse, de tout le poids du symbole qu’il représente pour tempérer les ardeurs des uns et autres et éviter au vieil éléphant de s’enliser mortellement dans la boue de la mangrove ivoirienne. Ce serait  le dernier et le plus grand des services qu’il puisse rendre au PDCI-RDA.

En attendant que tombent les grandes décisions au soir du Congrès pour nous renseigner sur l’itinéraire que le vieux pachyderme s’est choisi,  tout le souhait est qu’au-delà des querelles de positionnement,  le parti fasse sérieusement son introspection et batte sa coulpe au regard de ses erreurs et de ses errements. Il faut surtout espérer qu’il retrouve sa cohésion perdue et toute sa lucidité pour s’engouffrer dans les brèches de la gouvernance Ouattara dont il n’est plus comptable et se hisser au moment venu, à la cime du pouvoir.

« Le Pays »  


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