HomeA la uneCONGRES DU RDR ADO : siffle la fin de la recréation

CONGRES DU RDR ADO : siffle la fin de la recréation


 

C’est dans une véritable ambiance de carnaval que le  3e congrès ordinaire du Rassemblement des Républicains (RDR) s’est ouvert le 9 septembre dernier au Palais des sports de Treichville, à Abidjan, en présence des principaux cadres du parti et des partis amis, avec le président de la République, Alassane Ouattara, en guest star. Ce conclave s’est tenu à 3 ans de la prochaine présidentielle, dans un contexte marqué par de fortes divergences de vues aussi bien à l’intérieur même du parti qu’au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), sur la question de la succession du président Ouattara à la tête de l’Etat, à la fin de son mandat en cours. L’absence fort remarquée de l’un des membres les plus en vue du parti, en l’occurrence le président de l’Assemblée nationale, Soro Kigbafori Guillaume, en est une parfaite illustration, tout comme l’adresse de Henri Konan Bédié aux congressistes, appelant de façon à peine voilée à la poursuite de la candidature unique au sein du RHDP en 2020, avec un cadre du PDCI comme candidat. Mais depuis quelque temps, l’éventualité de voir le rêve du PDCI se réaliser n’est plus à l’ordre du jour aux yeux de certains membres et non des moindres du directoire du RDR, et c’était l’occasion pour Alassane Ouattara non- seulement de clarifier sa position par rapport à ce qui est perçu aux yeux de ses partenaires comme un non respect de ses engagements, mais surtout de mettre sous éteignoir certains cadres de son parti aux ego manifestement surdimensionnés. S’agissant de l’épineuse question de sa succession, c’est un Alassane Ouattara très conciliant et très catégorique qui s’est adressé à l’ensemble des militants de la coalition, en balayant du revers de la main les rumeurs sur les désaccords entre lui et son binôme Henri Konan Bédié du PDCI, au sujet du prochain candidat du RHDP à la présidentielle. Il a pour ainsi dire éludé la question d’autant que le centre d’intérêt de ce congrès était le retour au calme et à la sérénité au sein de son parti, à travers la redistribution des cartes. Et là, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a eu une surprise de taille avec son désistement en faveur de Henriette Dagri Diabaté qui aura désormais la lourde tâche de rassembler des cadres dont certains semblent irréconciliables.

La question du candidat à la prochaine présidentielle fera débat

Qu’à cela ne tienne, la nouvelle présidente du RDR est une femme du sérail, fidèle parmi les fidèles et qui connaît parfaitement les leaders du parti, leurs forces et leurs faiblesses en termes de mobilisation de l’électorat, mais aussi de fidélité aux idéaux que leur formation politique défend depuis sa création par Djéni Kobena en 1994. Autre surprise et non des moindres, c’est l’arrivée au secrétariat général de Kandia Camara, en remplacement de Amadou Soumahoro propulsé 2e vice-président, le 1er étant l’inconditionnel et l’ami de toujours, Amadou Gon Coulibaly. Kandia Camara, l’actuelle ministre de l’Education nationale sera secondée par Maurice Bandama et Anne Oulotto, tous des « bons petits » du président qui, manifestement, entend gérer le parti par procuration. Exit donc des postes-clés Hamed Bakayoko et Guillaume Soro dont les querelles picrocholines et les ambitions présidentielles ont fini par pourrir l’atmosphère au sein du parti. Et Alassane Ouattara qui n’est pas politiquement né de la dernière pluie, savait qu’il était temps de reprendre les choses en main pour non seulement ramener la sérénité au sein de ses troupes, mais aussi et surtout éviter une possible déculottée électorale lors des échéances à venir. Ayant fait le ménage en son sein en y accordant une importance particulière à la femme, le RDR se devait de se positionner par rapport à sa coalition avec le PDCI, de plus en plus décriée par des militants des deux camps et non des moindres. Conscient des risques de voir les déçus de son parti, et ils seront nombreux au sortir de ce congrès, aller nouer une alliance de circonstance avec les irrédentistes du Front populaire ivoirien (FPI) et les frondeurs du PDCI, le président ivoirien a voulu frapper un grand coup en annonçant le requiem du RHDP et l’avènement imminent d’un parti unifié probablement, dans la perspective des élections de 2020. La question est maintenant de savoir si le Sphinx de Daoukro (Henri Konan Bédié) acceptera de fondre le parti historique du PDCI dans un nouveau parti, au regard des critiques acerbes qu’il a déjà essuyées pour avoir « vendu son âme au diable » depuis la création du RHDP. Mais comme la politique est le domaine de tous les possibles, tout dépendra de ce que le RDR donnera comme gages et contreparties à sa coépouse du PDCI, car il n’y a pas de doute que la question du candidat à la prochaine présidentielle fera débat. Les caciques du parti de l’Eléphant pourraient, en effet, y voir une sorte d’entourloupe dont Alassane Ouattara aurait le secret, pour diluer les ambitions des uns et des autres dans le nouveau parti, rebattre les cartes pour sortir un Joker pour 2020, qui pourrait se nommer Amadou Gon Coulibaly.

Si cette question du futur candidat n’est pas tranchée avant la création du parti unifié, ce dernier sera fatalement liquéfié puis liquidé avant l’échéance de 2020, au grand bonheur de l’opposition, mais aussi et surtout de Soro Kigbafori Guillaume et de ses partisans qui ont été, pour ainsi dire, humiliés à l’occasion de ce 3e congrès, pour n’avoir même pas été conviés à cette grande messe. Espérons que cette mise à l’écart actée depuis le 9 septembre, ne va pas contribuer à détériorer la situation sécuritaire déjà délicate et contre laquelle le président ivoirien a promis une réponse musclée, car un ancien chef rebelle ostracisé mais libre de ses mouvements, demeurera toujours un danger permanent.

Hamadou GADIAGA


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