HomeLa chronique du fouCONSTRUCTION DE LA MAISON DU BURKINA EN RCI : Qui a pu donc « brouter » les cotisations ?

CONSTRUCTION DE LA MAISON DU BURKINA EN RCI : Qui a pu donc « brouter » les cotisations ?


Les « pawéto » ne sont pas contents. J’imagine que vous n’allez pas dire que c’est une invention du fou, mais que vous savez de qui je parle. Il s’agit bien des Burkinabè partis faire fortune en Côte d’Ivoire. On me raconte qu’ils sont à peu près 3 millions d’âmes, mais je crois que ce chiffre est en deçà de la réalité. Car, je ne suis pas sûr que les statistiques aient pris en compte tous mes parents cachés dans les campements quasi inaccessibles ou qui n’ont pas de pièces d’identité. Je ne suis pas là pour évoquer des statistiques de nos compatriotes vivant au pays de Félix Houphouët Boigny, mais d’une chose assimilable à un scandale : la construction de la Maison du Burkina à Abidjan dont la pose de la première pierre est intervenue le 27 mars 2014. Une infrastructure à bâtir sur un terrain de 20 500 m2, en plein cœur du quartier du Plateau d’Abidjan : un immeuble de 17 niveaux, avec 2 sous-sols, 1 rez-de-chaussée. Il abritera à la fois l’Ambassade, le consulat, une salle de conférence de 800 places, des bureaux pour les associations de jeunes, de femmes, des opérateurs économiques. Le budget de construction de la Maison a été évalué à une vingtaine de milliards de F CFA. Pendant plus de 20 ans, des Burkinabè de Côte d’Ivoire ont cotisé à travers la carte consulaire, pour sa construction. Sur le prix d’acquisition de la carte consulaire, les autorités prélevaient 1500 F CFA en guise de contribution à la construction de la Maison.

Mais voilà, et c’est ce qui m’étonne, le président Michel Kafando, lors de sa récente visite en Côte d’Ivoire, a révélé qu’il n’y avait rien dans les caisses, obligeant l’Etat à trouver des fonds ailleurs. Cela signifie que pendant plus de 20 ans, des millions de Burkinabè de Côte d’Ivoire ont cotisé pour se faire construire une maison et que, finalement, et aussi mystérieux que cela puisse paraître, les sous ont disparu sans qu’on ne sache comment et pourquoi. Ce qui laisse croire que les autorités diplomatiques qui se sont succédé à l’Ambassade du Burkina à Abidjan, n’ont jamais fait le bilan de cette opération.

Les autorités doivent faire la lumière sur cette affaire

Même dans notre monde de fous que je connais, on ne fait pas les choses de cette façon. Nos illustres autorités passaient donc leur temps à encaisser sans jamais faire le point. Après s’être plaints plusieurs fois sans avoir eu d’explications, nos compatriotes ont décidé de réagir. Ils ont demandé à Michel Kafando la suppression pure et simple de ce prélèvement de 1500 F CFA. Moi, en tout cas, je l’aurais demandé depuis longtemps. Je ne sais pas dans quel sens le président Kafando ou son futur successeur tranchera la question, mais j’estime que la situation est gravissime. Comment et pourquoi ceux qui ont eu la charge de gérer ce « fonds », n’ont-ils pas pensé à mettre en place un système de suivi ? Qui s’est fait des « cantines » sur le dos de nos pawéto qui se « tuent » dans la forêt ivoirienne pour construire leur vie et leur pays? Les vampires ou les brouteurs(1) sont-ils passés par là ?

Je m’interroge parce que, franchement, je ne comprends rien dans cette affaire. La diaspora qui a cotisé et les compatriotes qui sont restés au pays, s’interrogent aussi, même s’ils n’ont pas « pété les câbles » comme moi. Dans tous les cas, les autorités doivent faire la lumière sur cette affaire. Elles savent où trouver ceux qui ont géré les affaires à Abidjan ; donc, pour moi, les choses peuvent aller très vite. Il urge de procéder à une enquête pour que les responsabilités soient situées. Le président Kafando ayant officiellement levé le lièvre, il faut le poursuivre. L’un dans l’autre, cette situation ne me surprend pas, car j’ai envie de dire que l’ancien régime avait fini par déporter la mauvaise gouvernance dans les représentations diplomatiques du Burkina à travers le monde.

C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de me demander s’il était normal que cette forme de contribution fût imposée à nos compatriotes. A ce que je sache, la construction de l’ambassade relève de la souveraineté de l’Etat. Pourquoi n’avoir pas demandé aux Burkinabè vivant dans d’autres pays, la même cotisation pour construire l’ambassade de leur pays ? Il y a des risques que l’Etat n’arrive pas à imposer son autorité dans cette Maison du Burkina, parce que chacun pourrait se considérer copropriétaire de cette Maison, et revendiquer des droits. Bref, c’est l’occasion pour moi de revenir sur la conception même du projet de cette Maison du Burkina qui devrait abriter beaucoup de services. Outre l’ambassade et la résidence de l’ambassadeur, il est prévu des bureaux pour diverses catégories de groupes associatifs, une salle de conférence, entre autres. A priori, je pense que c’est une bonne idée. Mais, je m’interroge. L’ambassade est censée être une enclave diplomatique. N’y a-t-il pas de risques que la Maison du Burkina soit exposée à bien des périls au moment où l’on parle de plus en plus de terrorisme ?

« Le Fou »

 

Les brouteurs sont des cyberescrocs qui soutirent de l’argent à leurs web victimes par la séduction et le chantage. Ici le mot est employé au sens figuré.


Comments
  • Qui était là bas avec eux ? Tout le monde connait le nom de la vieille mais tout le monde l’appelle YABA.
    Ils ont été combien à se succéder là bas ? Ce fût la même chose à l’ambassade du Burkina en France où dans les années 2000 à 2009, rien ne pouvait se payer par chèque à l’ambassade. C’était du cash. On m’avais refusé le payement de ma carte consulaire par chèque et on m’a exigé du liquide qui s’est probalblement terminé dans la poche d’un haut fonctionnaire.

    25 août 2015

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