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CONTESTATION DU NOUVEAU PRESIDENT DE LA CENI EN RDC


Tout comme l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) de Félix Tshisékédi (le parti présidentiel) la semaine écoulée, la plateforme Lamuka de Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba, Martin Fayulu et autre Adolphe Puzito, a maintenu, le 13 juillet dernier, malgré l’interdiction pour cause de Covid-19, sa marche de protestation contre l’entérinement de Ronsard Malonda par l’Assemblée nationale, comme président de la CENI. En rappel, Ronsard Malonda n’a pas réuni autour de son nom, le nécessaire consensus exigé des différentes confessions religieuses en la matière, pour accéder à cette haute fonction. Sur les huit, six s’étaient prononcés en sa faveur pendant que l’Eglise catholique et l’Eglise protestante affichaient leur opposition. C’est dans ces conditions que la Représentation nationale, dominée largement par les partisans de l’ex-président Joseph Kabila, a entériné, le 2 juillet dernier, à l’issue d’une session tendue, le choix de ce dernier qui fait depuis lors l’objet de vives contestations de la part de l’opposition et des organisations de la société civile, essentiellement en raison du rôle qu’il a joué lors du scrutin controversé de décembre 2018, qui a vu la victoire de Félix Tshisékédi dans les conditions que l’on sait.

On se demande quand est-ce que s’arrêtera la spirale de la violence qui n’est pas sans rappeler les années sombres de l’ère Kabila

Une opération derrière laquelle les croquants voient un « passage en force » qui cache mal les intentions de l’ancien régime, de cornaquer ce poste hautement stratégique pour l’un des siens dans la perspective des prochaines élections. Comment peut-il en être autrement quand on sait que cette institution, censée jouer un rôle de neutralité en raison de son indépendance supposée, s’est plutôt révélée, au fil des élections, comme un instrument au service d’un camp, en l’occurrence le camp sortant à la lumière des résultats des dernières élections ? C’est dire si dans le cas d’espèce, les contestataires au nombre desquels on compte aussi les partisans du président Tshisékédi, savent de quoi ils parlent en s’opposant à la nomination, à ce poste, de celui qu’ils considèrent comme un pur « produit du système » Kabila. « J’en appelle à toute la population de barrer la route à Joseph Kabila avec ses manœuvres… », a notamment lancé un député de l’opposition pour qui cette marche sonne comme « un S.O.S pour sauver le processus électoral ». Seulement, en RDC, on a le sentiment que les manifestations se suivent et se ressemblent. En effet, la marche de Lamuka qui a été violemment dispersée par la police, intervient après celles organisées par les mouvements citoyens, le 4 juillet, et l’UDPS cinq jours plus tard, qui ont aussi connu le même traitement répressif, faisant, le 9 juillet dernier, une demi-douzaine de morts. A ce rythme, l’on se demande quand est-ce que s’arrêtera la spirale de la violence qui n’est pas sans rappeler les années sombres de l’ère Kabila où toute manifestation de l’opposition était pratiquement prétexte à répression.

L’équation ne semble pas simple à résoudre pour le locataire du palais de la Nation

En s’alliant, dans un deal foireux, avec Kabila qui pèse aujourd’hui d’un poids écrasant dans la majorité au pouvoir, Félix Tshisékédi était sans doute loin de s’imaginer qu’il se retrouverait de sitôt dans une telle situation ; c’est-à-dire non seulement à traîner des tares qui constituaient la face hideuse du régime de son prédécesseur, mais aussi et surtout à utiliser le bâton contre ses propres partisans et certains de ses alliés d’hier pour une cause qu’il n’est pourtant pas loin de partager lui-même en son for intérieur. C’est dire si le président Tshisékédi est aujourd’hui dans de beaux draps. Et c’est aussi peu dire qu’il doit se sentir bien à l’étroit dans ses habits de chef de l’Etat ; tant sa marge de manœuvre semble bien réduite face à un écrasant allié qui ne semble pas lui laisser trop le choix. Cette fois-ci, la crise sanitaire a bon dos pour espérer contenir la contestation. Mais elle ne saurait être la solution car la question de fond demeure. Tôt ou tard, il va falloir crever l’abcès de cette désignation contestée du successeur de Corneille Nangaa à la tête de la CENI. Et la décision du président Tshisékédi est d’autant plus attendue que c’est à lui que revient le dernier mot. Va-t-il, à son tour, entériner la décision de l’Assemblée nationale avec la probabilité que cela conduise à une exacerbation des tensions au grand dam de ses propres partisans qui ont battu le macadam et même subi des pertes en vies humaines? Ou choisira-t-il de s’appuyer sur le manque de consensus pour déjouer le plan supposé ou réel des tenants de l’ancien régime qui sont aussi dans la logique de la caporalisation de la Justice pour couvrir leurs arrières ? On attend de voir. Mais entre les deux choix, l’équation ne semble pas simple à résoudre pour le locataire du palais de la Nation. Car, au-delà de tous ces tiraillements qui mettent aussi son autorité à l’épreuve, tout porte à croire que c’est le retour de l’ancien chef de l’Etat, Joseph Kabila, qui se joue en filigrane. Ce dernier qui contrôle déjà le Parlement et l’Exécutif, continue de baliser minutieusement le terrain, pour espérer parvenir à ses fins sans coup férir.

«  Le Pays »


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