HomeA la uneCOUP D’ETAT AU BURKINA : Le RSP, un boulet aux pieds de la République

COUP D’ETAT AU BURKINA : Le RSP, un boulet aux pieds de la République


 

Le coup d’Etat contre la transition, opéré par les hommes du Général Diendéré est de loin le coup de force qui a le plus fait l’unanimité contre lui dans l’histoire politique du Burkina Faso, parce qu’il ne s’imposait pas au regard de nombreuses  considérations. Il y a d’abord qu’il est intervenu seulement à 4 jours de l’ouverture de la campagne en vue du scrutin du 11 octobre prochain censé mettre un terme au régime de la transition. Et de l’avis de tous les observateurs de bonne foi, ce scrutin s’annonçait comme celui le plus ouvert et le plus démocratique de l’histoire politique du pays. Ce  coup de force comporte par ailleurs deux coïncidences troublantes. La première est qu’il a eu lieu la veille de la remise du rapport sur l’expertise des restes du chef de la révolution burkinabè, Thomas Sankara. A ce que l’on dit, le général Diendéré serait impliqué dans cette affaire. Si cela s’averait, il aurait donc instrumentalisé le RSP pour se garantir une impunité. La deuxième coincidence troublante de ce coup d’Etat est que ses auteurs semblent traduire dans les faits la menace à peine voilée du nouveau patron du CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès) qui, à propos de la disqualification de certains ténors de l’ex-majorité par le Conseil constitutionnel, n’avait pas eu besoin de porter des gants pour dire que sans eux il n’y aurait pas d’élections au Burkuina. Il y a ensuite, les raisons qui ont été invoquées par les putchistes pour tenter de justifier leur action. Aucune d’elles ne peut résister à l’analyse. L’argument qui a consisté à dire que le putch a été motivé par le souci de ses auteurs de sauver la démocratie en péril au Burkina apparaît comme ubuesque. Car si Diendéré et ses hommes étaient véritablement animés par ce souci, Blaise Compaoré leur avait servi sur un plateau d’or plusieurs opportunités d’agir dans ce sens bien avant que le peuple, excédé, ne prît ses responsabilités les 30 et 31 octobre derniers et ce, au prix d’énormes sacrifices dont celui du sang. Ce coup d’Etat est donc tout sauf une action allant dans le sens de la promotion de la démocratie. Il doit en priorité être lu comme une tentative de  restauration du système de Blaise Compaoré et une volonté manifeste de garantir à ses bonzes qui s’étaient illustrés par de mauvaises pratiques, une sorte d’impunité. Et cela, le peuple semble l’avoir compris.

On peut déjà rendre hommage à ce peuple pour sa résistance héroïque

L’autre argument selon lequel le régime de la transition est liberticide parce qu’il aurait mis en place des mesures tendant à museler les médias est tout aussi ubuesque que le premier. Car le RSP dont des éléments avaient été épinglés dans le rapport sur l’assassinat de Norbert Zongo est disqualifié pour plaider la cause de la presse, lui qui a fait subir des exactions et des vexations aux journalistes depuis qu’il s’est rendu maître du Burkina. Les hommes de medias savent mieux que quiconque qu’ils ne peuvent pas confier la défense de leur corporation aux dirigeants du CND (Conseil national pour la démocratie) dont le bras

armé est justement le RSP. Comme tous les moyens sont bons en politique pour justifier les actes difficilement explicables, l’on peut comprendre que les putschistes aient eu le souci de se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas et pour ce qu’ils n’ont jamais été, c’est- à-dire, les chevaliers de la liberté d’expression et de la presse. Mais les journalistes de ce pays ne sont pas si candides et si amnésiques au point d’avaler cette grosse couleuvre. Et des acteurs politiques, qui ont eu l’indécence morale de tuer le veau gras pour saluer ce coup de force, pendant que des burkinabè aux mains nues étaient canardés comme des lapins par la soldatesque en furie, n’ont manifestement pas eu le souci de la fraternité humaine. Sur un autre plan,  pendant les années de braise et de terreur des régimes d’exception que le Burkina avait connues de par le passé, jamais le peuple burkinabè ne s’était départi un seul instant de son esprit de défenseur intrépide. C’est pourquoi l’on peut déjà rendre hommage à ce peuple pour la résistance héroïque et solitaire dont il a fait preuve à l’occasion de ce coup de force. Cet hommage va en particulier à certaines associations de la société civile et aux organisations de masse des travailleurs. En  effet, au moment où la mort rodait dans la ville de Ouagadougou du fait du RSP, ces associations et organisations ont eu le mérite de sonner le rassemblement des forces vives de la nation.

Les hommes politiques doivent impérativement se déterminer

Si aujourd’hui l’on peut avoir l’impression que la lumière triomphera un jour des ténèbres, c’est grâce à ce sursaut patriotique du peuple burkinabè. Bien sûr, on peut ajouter à cela la forte pression exercée par la communauté internationale sur les putschistes. Une mention spéciale peut être faite à l’UA (Union Africaine) qui, pour une des rares fois, a eu le courage d’appeler le chat par son nom. Si l’on peut tresser des couronnes de lauriers pour le peuple burkinabè et pour l’UA, on ne peut pas en faire autant pour la hiérarchie militaire de notre pays. De manière tardive à notre sens, celle-ci s’est fendue d’un communiqué laconique dans lequel elle s’est désolidarisée de l’action du RSP. Cela n’est plus ni moins qu’une manière de voler au secours de la victoire du peuple burkinabè, qui ne manquera pas de se profiler un jour à l’horizon. Cela dit, ce putsch même si l’on peut s’insurger contre son caractère brutal, peut être considéré comme un coup heureux. Et cela est loin d’être du cynisme. En effet, il offre une occasion inouïe et ultime au Burkinabè épris de paix et de  démocratie de régler définitivement un jour la problématique du RSP. Car de toute évidence cette unité est un véritable boulet aux pieds de la république. Les hommes politiques, qui pour des raisons liées à la couardise, ont longtemps louvoyé sur la question, doivent impérativement se déterminer. L’autre raison qui nous fait dire que ce putsch est heureux est qu’il va permettre à la conscience politique du peuple burkinabè de se renforcer. Au delà du peuple burkinabè, c’est la jeunesse d’Afrique qui pourrait s’en servir pour davantage prendre conscience de la partition qu’elle doit jouer dans le difficile mais noble combat pour la démocratie, sans attendre grande-chose des organisations sous-régionales qui sont davantage au service des chefs d’Etat que des peuples.

« Le Pays »


Comments
  • GD était l’architecte de la répression du système COMPAORE Dos au mur c’est le terminus des partis du front républicain, des politiciens dépassés et fatigués. GD a rendu le plus grand service à la nation en provoquant le dissolution du RSP et en mettant les torpilleurs à la disposition de la justice.
    Voilà à quoi nous a conduit le coup d’état de trop.

    25 septembre 2015

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