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COVID-19 AU BURKINA


 

Le Covid-19 a pris en otage l’ensemble des pays de la planète. Et la situation est d’autant plus préoccupante et angoissante que personne ne sait à quel moment le monde va sortir la tête de l’eau. Un des effets induits de cette crie sanitaire, est le chamboulement des calendriers scolaires. Dans certains pays comme la France, l’on en est arrivé à revoir les modalités d’obtention du baccalauréat. Ainsi, les élèves de terminale ne passeront pas d’épreuves finales pour obtenir le Bac au mois de juin. A la place, ce sont leurs bulletins de notes mais aussi leur assiduité qui seront pris en compte. Pour permettre à l’année scolaire de se dérouler jusqu’à son terme, les cours virtuels sont en train d’être expérimentés. Au Burkina Faso, l’heure est à la réflexion pour assurer la continuité pédagogique. Aussi propose-t-on d’aller vers l’enseignement par la télévision et par la presse écrite, entre autres. En attentant de voir l’opérationnalisation de ce projet, l’on peut saluer la volonté du gouvernement de sauver l’Ecole burkinabè par ces moments où pratiquement le Covid-19 est en train de dicter son calendrier à toutes les activités humaines.
Le moment est également opportun d’évoquer les aspects positifs du principal canal retenu pour opérationnaliser le projet, mais aussi les aspects à améliorer. En effet, la télévision présente des avantages pour l’apprentissage. En associant le son à l’image, elle peut contribuer à rendre l’apprentissage concret. Ensuite, il faut reconnaître qu’avec la mise en place de la Télévision numérique terrestre (TNT), le taux de couverture de la télévision nationale s’est amélioré de manière significative au point que presque tous les hameaux de culture du pays, peuvent bénéficier des services de ce média. Et dans un contexte où les terroristes ont contraint les autorités à fermer bien des écoles, cette formule peut représenter une alternative pour sauver l’Ecole burkinabè.

Il urge de réfléchir sur les modalités selon lesquelles les examens scolaires vont se dérouler cette année

Mais pour permettre au projet de profiter au mieux au système éducatif, il faut impérativement envisager les mesures suivantes : premièrement, il faut faire en sorte que toutes les localités du pays disposent d’électricité et cela, de manière continue. Les zones non couvertes par la SONABEL pourraient bénéficier de l’accompagnement de l’Etat et de ses partenaires en termes d’équipements photovoltaïques. Deuxièmement, un effort considérable doit être fait pour doter les ménages pauvres en postes téléviseurs. Mais tout cet effort ne servira à rien si les enseignants ne sont pas sérieusement formés pour produire de bonnes prestations pédagogiques à la télévision.
En effet, donner un cours dans une salle de classe en présence d’apprenants, est une chose. Le faire face à des cameras en l’absence d’apprenants, en est une autre. Bien des enseignants ont été formés pédagogiquement et didactiquement pour faire face aux exigences d’une classe réelle. L’interaction avec les apprenants aidant, ils arrivent à rendre la classe vivante et active. En tout cas, tout doit être mis en œuvre pour que les cours qui seront diffusés à la télévision, soient irréprochables tant dans leurs contenus que dans les techniques pédagogiques utilisées. En tout état de cause, il faut éviter les cours insipides et sclérosés. Car, ceux-ci ne motivent guère les apprenants.
Le principal danger pour ce genre de cours, c’est l’ennui pour les élèves et la routine pour l’enseignant. Il faut aussi associer les parents d’élèves à l’initiative. Car, ce sont eux qui peuvent discipliner leur progéniture à la maison de sorte à éviter les séchages de cours. Cela dit, il urge aujourd’hui de réfléchir aussi sur les modalités selon lesquelles les examens scolaires vont se dérouler cette année. Ailleurs, l’on a opté déjà pour le système de contrôle continu. Les épreuves sur table classiques ont donc été abandonnées en ce qui concerne le Bac. Au Burkina, qu’en sera-t-il du Certificat d’études primaires (CEP), du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) et du Baccalauréat ? Des réponses bien pensées doivent être apportées à cette question. Et le plus tôt sera le mieux, car la période des examens se profile déjà à l’horizon. Les ministres en charge des examens et concours du système éducatif, sont invités à débattre de la question avec tous les acteurs concernés de sorte à ce que les propositions qui en sortiront, soient les plus consensuelles possibles. Un autre élément qui peut aider à l’opérationnalisation du projet est l’amélioration des relations entre le ministère et les syndicats des enseignants. Car, par ces temps qui courent où des salaires d’enseignants ont été suspendus, l’on peut effectivement se poser la question de savoir si les deux parties peuvent travailler ensemble de manière sereine et efficace.

Sidzabda


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