HomeA la uneCRASH DU VOL AH5017 :La rançon de la mondialisation

CRASH DU VOL AH5017 :La rançon de la mondialisation


Les chefs d’Etat qui avaient perçu, aux lendemains des indépendances, la nécessité pour l’Afrique de s’unir pour faire face aux défis qui se présentent à elle, avaient vu juste. Dans le domaine du transport aérien par exemple, cette vision panafricaniste avait pu enregistrer la mise en place d’Air Afrique qui, l’on se rappelle, s’était positionnée comme une compagnie respectable dont l’Afrique pouvait être fière, au regard de la qualité de ses prestations.

 

La mondialisation a suscité la libéralisation des espaces aériens

 

Deux faits majeurs ont amené ce bijou panafricain à piquer du nez. Il y a d’abord la mal gouvernance. En effet, ce mal dont souffrent pratiquement la plupart des Etats africains, a vite fait d’installer ses pénates au sein de la compagnie. De ce fait, les exigences d’une gestion saine, axée sur l’efficacité et l’efficience, ont été sacrifiées au profit d’une gestion patrimoniale dont seule l’Afrique a le secret. Ainsi, des cousins et des neveux sans aucune qualification professionnelle et avec à la clé des rémunérations qui donnent le vertige, ont été recrutés par la compagnie. La deuxième raison à laquelle la disparition de « Air Afrique » pourrait être liée, est la mondialisation. En effet, avec la libéralisation des espaces aériens que ce phénomène de la mondialisation a suscitée, certains privilèges qui étaient naguère accordés à « Air Afrique », ont été supprimés pour ne pas fausser le jeu de la concurrence. La nomination controversée de Yves Rolland Billecard, connu pour sa rigueur dans la gestion, n’avait pas suffi pour apporter un nouveau souffle à Air Afrique. D’ailleurs, certains Africains avaient perçu, à tort ou à raison, l’avènement du Français à la tête de la compagnie panafricaine comme un complot de la France dont l’objectif caché était de donner le coup de grâce à la compagnie pour permettre, in fine, à Air France d’occuper le vide ainsi laissé par «Air Afrique ». En tous les cas, la mondialisation qui n’est pas en soi une mauvaise chose, a entrainé une dérèglementation du ciel africain, qui a eu pour conséquence immédiate l’avènement du printemps des compagnies aériennes africaines.

 

Les Africains doivent s’interroger sur la crédibilité de certaines compagnies aériennes

 

En effet, sur la dépouille encore chaude de Air Afrique, se sont installées des compagnies aériennes que les princes qui nous gouvernent ont créées à la pelle pour des considérations surtout liées à leur ego et à leur mégalomanie. Ainsi l’on a assisté à la prolifération de plusieurs compagnies aériennes dont certaines, franchement, ne sont pas recommandables. La preuve en est que certains espaces aériens, notamment occidentaux,   leur sont interdits d’accès, légitimement. L’Occident, qui a une opinion publique avisée et qui est certainement conscient que certains avions de compagnies africaines qui écument actuellement nos espaces aériens sont, en réalité, des cercueils volants, n’a voulu prendre aucun risque en leur ouvrant son ciel.

Le drame que vient de subir l’Afrique avec le crash du vol AH5017 dont les causes pourraient être liées à la qualité de l’avion ou encore à la qualification douteuse des membres de l’équipage, doit être mis à profit par les Africains pour s’interroger sur la crédibilité de certaines compagnies aériennes du continent. Il est vrai qu’à la faveur de la libéralisation de l’espace aérien de l’Afrique et d’ailleurs, elles proposent le plus souvent des coûts tropicalisés à leurs clients, mais cela ne leur donne pas le droit de mettre à la disposition de leurs usagers, des avions pour lesquels la moindre difficulté d’ordre météorologique est une raison suffisante de crash.

 

Pousdem PICKOU


No Comments

Leave A Comment