HomeA la uneCRISE BURUNDAISE : Quand Nkurunziza veut se servir des Shebabs

CRISE BURUNDAISE : Quand Nkurunziza veut se servir des Shebabs


Tous les démocrates sincères du continent ont suivi avec attention le développement des derniers évènements politiques au Burundi. Toutes les personnes éprises de paix ont vibré avec les Burundais parce que l’espoir de leur libération était pour la première fois sur le point de se concrétiser. Mais une fois de plus, l’histoire vient de rappeler, et ce, à l’attention de tous les peuples en lutte, que cette race de dirigeants a vraiment la peau dure et que le Pasteur Nkurunziza était prêt à sacrifier le maximum de ses brebis pour sauver son fauteuil présidentiel. Ainsi, ce qui était un grand espoir est devenu aujourd’hui un cauchemar indicible pour le peuple burundais. Ainsi, sauvé par sa milice intégrée à l’armée, le pasteur de président, à peine revenu au bercail, affine déjà sa stratégie d’extermination de tous les opposants à sa volonté de régner sans fin sur le Burundi.

Les Shebabs refusent que Nkurunziza se serve d’eux pour écraser son peuple

Avec la froideur et le cynisme d’une fauve qui lèche avec plaisir ses babines avant de donner à sa victime le coup de griffes fatal, le dictateur n’évoque même pas ce qui s’est  passé dans le pays pendant son absence et qui a coûté la vie à une vingtaine de ses compatriotes. Autrement dit, que vaut la vie de vingt Burundais quand cela peut permettre à Nkurunziza de satisfaire sa boulimie du pouvoir ? Pour les dictateurs, les disparitions de leurs compatriotes sont des détails qui ne doivent pas arrêter leur parcours. Quand le peuple refuse d’avancer avec un dictateur, ce dernier cherche rarement à comprendre pourquoi le peuple refuse de le suivre. Il se préoccupe plutôt de savoir ce qu’il doit faire pour écraser ce peuple qui refuse de le suivre. La première étape du plan macabre de N’Kurunziza consiste à qualifier les leaders de l’opposition et tous les responsables de la société civile de terroristes ; cela permet d’en tuer autant qu’il veut, sans que la communauté internationale lève le petit doigt. En cela, le pasteur a trouvé mieux que tous les autres pour fermer la bouche aux Occidentaux. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre sa déclaration selon laquelle les Shebabs somaliens cherchent à destabiliser le Burundi. A l’en croire, on penserait même que c’est la seule raison de son retour au pays : sauver le Burundi de la menace des islamistes Shebabs. Mais ce clin d’œil à l’Amérique, championne mondiale dans la lutte contre les islamistes et ennemis jurés des Shebabs, ne trompe personne, car les Shebabs eux-mêmes refusent que Nkurunziza se serve d’eux pour écraser son peuple. Maintenant que le dictateur a retrouvé son fauteuil, après quelques sueurs froides, c’en est-il fini de la lutte du peuple burundais ? Il faut bien croire que non, même si ce rendez-vous manqué avec l’histoire complique davantage la lutte. La plupart des leaders de l’opposition sont en fuite.

Aucun dictateur au monde n’a pu vaincre durablement son peuple

Mais qu’à cela ne tienne, les manifestations ont repris dès hier de plus bel et le départ de N’Kurunziza demeure la principale revendication.

On peut donc penser que ce coup d’Etat manqué ne sonne pas le glas de la lutte du peuple burundais. Cela dit, il faut regretter le silence qu’observe en ce moment la communauté internationale face au drame que vit le peuple burundais. Elle qui n’a pas empêché Nkurunziza de se maintenir au pouvoir grâce à sa milice, que pourra-t-elle dire quand Nkurunziza réclamera un quatrième, un cinquième, un énième mandat ? Qui pourra empêcher le pasteur de se maintenir éternellement au pouvoir ? Surtout pas l’armée, désormais  divisée entre loyalistes et mutins. D’ailleurs, son irruption dans l’insurrection en cours dans le pays est en partie responsable de l’échec de celle-ci. La branche qui a pris sur elle de prononcer la destitution du président a ouvert une brèche. Elle a donné l’occasion à la milice du président, mieux équipée et mieux entraînée, d’en faire une affaire militaro-militaire. Ce coup d’Etat manqué permet à N’Kurunziza de jouer désormais à la victime. N’Kurunziza ne ressent plus aucune pression sur lui. Il joue maintenant au rétablisseur de l’ordre, au défenseur des institutions. Pour une ruse, c’en est  bien une. Mais pour combien de temps l’homme fort de Bujumbura tiendra-t-il ? Aucun dictateur au monde n’a pu vaincre durablement son peuple. Et ce n’est pas en chassant de son gouvernement le ministre de la défense et celui de la coopération étrangère que Nkurunziza changera quelque chose à cette vérité universelle.

« Le Pays »


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