CRISE ENTRE ZIDA ET LE RSP : Les OSC accusent l’ancien régime

La Coordination des Organisations de la société civile (OSC) du Burkina Faso a animé une conférence de presse hier lundi 6 juillet 2015 dans l’après-midi. L’objectif était de partager avec les journalistes, la lecture de la Coordination sur les événements se rapportant à la crise entre le Premier ministre Yacouba Isaac Zida et le Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Cette « affaire », la coordination la considère comme « une nouvelle dérive militaro-politique du régime déchu qui essaie par tous les moyens de reconquérir le pouvoir perdu, même au prix d’un chaos national ». C’est la substance du message.

 

Me Guy Hervé Kam, qui a lu la déclaration liminaire, y est allé sans détour : « La crise actuelle, basée sur des rumeurs de complots et de faux complots, ne doit pas être analysée de manière isolée, au risque de se tromper et de rester inactif face au péril de la République que cela engendre ». Pourquoi ? Pour Me Kam et ses camarades, « la réalité est que le régime déchu, recomposé en CDP-NAFA avec l’aide de ses partis satellites, de ses réseaux mafieux et occultes appuyés par leur bras armé, le RSP, tente de faire tomber la Transition pour empêcher le respect du calendrier électoral ».

Face à ce qu’elle appelle « une entreprise de déstabilisation de la Transition », la Coordination des OSC reste droite comme un bois de teck et dit niet à deux choses : « Pas de dissolution du gouvernement imposée par le RSP » ; « pas de report de la date des élections prévues pour le 11 octobre alors que tout porte à croire que cette entreprise de déstabilisation de la Transition du couple RSP-CDP n’a qu’un seul objectif : la perturbation du calendrier électoral, la défense d’une « inclusion-impunité », la contre-attaque des jugements imminents de la Haute Cour de Justice, las avancées des dossiers Thomas Sankara et Norbert Zongo ». Et la coordination ne s’arrête pas là car pour elle, « tout projet de report des élections sera combattu comme la défense de la Constitution contre la modification de l’article 37 ».

Mais au fait, sur quelles preuves matérielles se fonde la Coordination des OSC pour diagnostiquer un complot qui serait ourdi par le CDP, la NAFA et autres ? Réponse : « Nous parlons de complot. Nous ne parlons pas des évènements,…Bien que nous parlions de complot CDP-RSP, nous ne disons pas qu’il y a eu un complot ou qu’il n’y a pas eu de complot. Nous constatons tout simplement qu’à partir de là, des revendications sont formulées, tendant à demander la démission du Premier ministre, donc la dissolution du gouvernement, le retrait de tous les militaires du gouvernement et du CNT. Nous constatons que l’ensemble de ces exigences n’a absolument rien à voir avec des problèmes, à supposer qu’ils aient existé. Donc, ce sont des revendications purement politiques, qui n’ont qu’un seul objectif : le report des élections, dans l’intérêt exclusif des partis qui étaient au pouvoir jusqu’au 30 octobre 2014 ». Autrement dit, la Coordination des OSC note l’existence d’indices principaux qui montreraient que l’ancien régime s’accommode de la situation de crise actuelle.

En tout état de cause, les OSC réclament un « droit de vivre dans un Burkina sans ce RSP ». « Nous sommes convaincus que la majorité des militaires du RSP auront une place dans cette nouvelle armée républicaine et une belle carrière, loin de la manipulation et du manque de respect dont ils sont l’objet par une poignée d’officiers à la solde de Blaise Compaoré et paniqués aux regards de leurs sales besognes qui vont bientôt les rattraper ». C’est là la conclusion du message.

Michel NANA

 

 

 

 

Les futures actions de la coordination

-Une campagne d’information de l’opinion nationale et internationale sur la volonté affichée du couple RSP-CDP de conduire le pays dans une guerre civile par la perturbation du processus électoral et la déstabilisation des institutions de la Transition

-La tenue d’une Assemblée générale nationale de toutes les OSC engagées dans la défense de la République ce jeudi 9 juillet 2015 à Ouagadougou, qui connaîtra la participation des représentants du Burkina. Cette Assemblée générale aura pour but de préparer des actions majeures de portée nationale pour faire face à toutes les menaces de déstabilisation de la République et de perturbation des élections.

La Coordination des OSC exige :

-Que les autorités de la Transition cessent de louvoyer sur la question de la dissolution du RSP qui est devenue une revendication non négociable du peuple ;

-Que l’ex-Premier ministre Luc Adolphe Tiao soit purement et simplement arrêté pour répondre des ordres de massacre de la population aux mains nues, qu’il a ordonnés lors de l’insurrection population des 30 et 31 octobre 2014 et que la Haute Cour de Justice arrête de se hâter lentement pour juger les dignitaires du régime déchu.