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CRISE MALGACHE


Quand le ministre de la Défense met tout le monde au pas

La Grande muette malgache, face aux différents appels successifs à prendre ses responsabilités, a brisé le silence. Par la voix du ministre de la Défense, le général Xavier Rasolofomirina, l’armée qui, dans un premier temps, s’était refusé à toute répression des manifestants, a appelé le pouvoir et l’opposition à trouver une issue rapide à la nouvelle crise sociopolitique qui secoue le pays depuis maintenant un mois. L’armée qui semble ainsi afficher des signes d’agacement, sera-t-elle entendue ? On attend de voir. En tout cas, il faut, d’entrée de jeu, saluer le comportement de la soldatesque malgache qui, depuis le début de la crise, est restée à équidistance des chapelles politiques, alors même qu’elle traîne une réputation sulfureuse. En effet, l’on garde toujours en mémoire les images de ce « Lundi noir » de janvier 2009 où la garde présidentielle avait ouvert le feu sur la foule qui avançait vers le palais présidentiel d’Ambohitsorohitra. C’est dire qu’elle a appris de ses erreurs lointaines comme récentes, ayant été aussi accusée de massacres le week-end écoulé. Elle a surtout pris conscience de son rôle républicain qui est la défense de l’intégrité territoriale et des institutions démocratiques. Il faut d’ailleurs souhaiter que son exemple s’exporte sur le continent où des satrapes comme Yoweri Museveni en Ouganda, Paul Biya au Cameroun, Denis Sassou Nguesso au Congo-Brazzaville, Pierre Nkurunziza au Burundi, Faure Gnassingbé au Togo et autres Idriss Deby Itno du Tchad, ne doivent leur maintien ou leur longévité qu’à l’inféodation des armées à leur pouvoir.

La donne a changé

Devenues des gardes prétoriennes qui obéissent comme des molosses, au doigt et à l’œil de leurs maîtres si ce n’est de leurs rejetons comme au Tchad ou en Ouganda, elles n’ont pas pris conscience du pouvoir qu’elles ont. En effet, sans elles, que seraient ces dictateurs ? On ne leur demande pas de fomenter des coups d’Etat militaires, mais de se soustraire des basses besognes des princes régnants.
Cela dit, pour en revenir au cas particulier de Madagascar, il faut que cette mue de l’armée aille de pair avec celle de la classe politique. Car, l’opposition politique à qui profite en ce moment la neutralité de l’armée et des forces de sécurité, doit faire preuve de maturité en trouvant les moyens d’empêcher que les manifs de rue ne se transforment en de véritables scènes de pillages, comme il a été donné de le voir dans la précédente crise politique sur l’île, notamment celle de 2009. Quant au régime du président Hery Rajaonarimampianina, il doit intégrer qu’avec cette dernière sortie de l’armée, la donne a changé. La répression ne peut plus être la voie pour régler les différends politiques. Il faut nécessairement rouvrir le débat avec les opposants sur les lois querellées, dans le sens de l’intérêt général.

SAHO


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