HomeA la uneCRISE MALIENNE

CRISE MALIENNE


A l’appel du Mouvement du 5 juin (M5-RFP), des milliers de personnes ont encore manifesté, le 11 août dernier, contre le régime d’IBK (Ibrahim Boubacar Keïta). Fait notable et à saluer à sa juste valeur, aucun dérapage n’a été signalé pendant ce grand rassemblement auquel a notamment pris part l’imam Dicko, figure de proue de la contestation. Exit donc – et l’on espère qu’il en sera toujours ainsi – les scènes de violences meurtrières, comme celles survenues lors de la manif du 10 juillet dernier à Bamako.  Les leçons semblent avoir été tirées.  En tout cas, c’est tout à l’honneur non seulement du pouvoir malien qui, ce coup-ci, se sera gardé d’user de la manière forte, mais aussi des manifestants et singulièrement de l’iman Dicko qui, à la veille du rassemblement, avait prôné « une manifestation pacifique pour éviter de tomber dans le piège de la répression ». Cela dit, la mobilisation du 11 août dernier est intervenue alors que le médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Goodluck Jonathan, était présent à Bamako pour évaluer la mise en œuvre des recommandations formulées par la conférence des chefs d’Etat de ladite institution. On imagine la joie qui habitait l’ex-dirigeant nigérian, d’avoir pu prendre part à l’installation, le 10 août dernier, des nouveaux membres de la Cour constitutionnelle du Mali, une recommandation de la CEDEAO pour sortir de la crise. Mais l’homme n’avait pas que ça à faire dans la capitale malienne puisque sur son agenda, figuraient des rendez-vous avec les acteurs de la crise, dont l’imam Dicko.  Mais s’il y a une entrevue qui aura été particulièrement scrutée, c’est bien celle avec le chérif Bouyé Haïdara qui n’est autre que… le mentor de l’iman Dicko. De médiation en pourparlers, aucune solution n’ayant été, jusque-là, trouvée à la crise, que peut faire le chérif de Nioro ? 

 

Il urge que les protagonistes de la crise malienne sortent enfin de cette impasse

 

La rencontre de l’ex-président Goodluck avec ce leader spirituel qu’on dit très influent, permettra-t-elle de faire bouger les lignes dans le sens de l’apaisement ?  Une certitude, en tout cas : fils du très vénéré Cheick Hamallah, fondateur du Hamallisme, une confrérie soufie, Haïdara n’est pas n’importe qui.  Son influence auprès des élites politiques, est grande.  Depuis son fief, il incarne, dit-on, un réel pouvoir et une légitimité incontestée qui, sans être institutionnalisée, est reconnue par le pouvoir central de Bamako. Rien de surprenant donc que sa résidence ait vu défiler plusieurs personnalités politiques du pays. Parmi celles-ci : IBK himself qui aura bénéficié de son inestimable soutien dans la conquête de Koulouba, en 2013, et le très contesté Boubou Cissé qui s’y était rendu peu avant un grand rassemblement à l’appel du M5-RFP.  Au-delà de son influence sur la sphère politique malienne, Bouyé Haïdara présente un autre atout : son ascendance supposée ou réelle sur son filleul Dicko.  Tout cela peut-il suffire à faire de Bouyé Haidara, une alternative au problème malien ? Rien n’est moins sûr.  D’autant que le chérif de Nioro partage le même combat que l’imam de Badalabougou (Dicko).  Son soutien aux actions de dénonciations de la gouvernance du régime, de ce dernier, s’inscrit dans cette logique.  Le chérif qui n’est pas homme à mâcher ses mots, avait d’ailleurs promis de « faire tomber IBK avant la fin de son mandat ». Un trait de caractère que ce Crésus malien doit certainement en partie à son indépendance financière. En allant à lui, Goodluck Jonathan savait sans doute à quoi s’en tenir.  Mais que, de leur tête-à-tête, il en soit reparti Gros-Jean comme devant ou non, il urge que les protagonistes de la crise malienne sortent enfin de cette impasse.  Car à force de tirer à hue et à dia, sur le très fragile Mali  aujourd’hui à la peine, ils risquent de le faire voler en éclats.

 

« Le  Pays »

 

 


No Comments

Leave A Comment