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CRISE POLITIQUE AU PAYS DE FAURE GNASSINGBE


« Togo debout » prêche-t-il  dans le désert?

A l’appel du front citoyen « Togo Debout », des milliers de manifestants ont envahi les rues de Lomé, le samedi 3 novembre dernier, pour exiger, entre autres, la libération immédiate et sans condition des détenus politiques et des activistes de la société civile, le retour des personnes ayant fui les répressions policières et la mise en œuvre des réformes (institutionnelles, constitutionnelles, électorales) avant l’organisation du prochain scrutin. Cette marche qui a vu la participation de la coalition des 14 partis politiques de l’opposition togolaise, est un signe de regain de tension sociopolitique sur les berges de Lomé, et le mercure va certainement monter davantage dans les prochains jours si les médiateurs de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) ne trouvent pas rapidement la formule magique pour rabibocher les   différents protagonistes de la crise. Les présidents Alpha Condé de la Guinée et Nana Akufo Addo du Ghana qui sont commis à la tâche par l’instance sous-régionale, ont reçu, à cet effet, les deux parties au cours de la semaine écoulée, mais on ignore pour l’instant, s’ils ont pu convaincre ceux qui sont vent debout contre la pérennisation possible de l’actuel président au pouvoir, de renoncer à toute manifestation publique qui pourrait faire (re) partir la relative accalmie de ces derniers mois, en vrille. Pour y arriver, la CEDEAO devra expliquer aux opposants comment elle a pu commettre des experts pour auditer le fichier électoral, alors même que la composition paritaire et inclusive de la Commission électorale indépendante (CENI) qui est fortement recommandée, n’est pas encore effective. C’est, du reste, la condition sine qua non pour que l’opposition prenne part aux échéances électorales à venir, selon le porte-parole du front citoyen « Togo Debout », Raphael Kpande- Adzaré.

Les apôtres de la démocratie devront faire preuve de vigilance et de détermination

Reste à savoir si cette exigence qui n’est certainement pas du goût du parti au pouvoir, sera fermement soutenue et défendue par l’organisation sous-régionale comme elle s’y est engagée, ou si elle ira tout simplement mourir dans les limbes, au risque de déclencher une crise préélectorale aux conséquences imprévisibles. Le louvoiement auquel la CEDEAO nous a habitués à chaque fois qu’il s’est agi de décider du sort d’un chef d’Etat de l’espace, même en cas de non-respect par ce dernier des règles constitutionnelles et démocratiques, n’incite guère à l’optimisme dans le cas-ci, mais qu’à cela ne tienne, on espère que les acteurs locaux de la crise qui disent tous s’être engagés en politique pour servir les intérêts de leur pays, auront le patriotisme chevillé au corps afin de ramener sans trop de casses, le Togo à la bifurcation où le Général Gnassingbé Eyadéma lui avait fait tromper de chemin en 1992, avec «sa» Constitution taillée sur mesure, qui faisait du président en exercice, quasiment un président ad vitam aeternam.  L’espoir est d’autant plus permis que, pour cette fois-ci, les partis politiques sont étroitement surveillés par des organisations de la société civile qui n’entendent pas laisser des « opposants d’eau douce » saborder la noble lutte pour une démocratie décomplexée au Togo, contre quelques strapontins dans un gouvernement, ou contre des «djembés » bourrés de fric. Le front citoyen « Togo Debout », qui, tel un fleuve en crue, charrie des milliers de manifestants dans les rues à chaque fois qu’il appelle à manifester, va, de concert avec la coalition des 14 partis de l’opposition, certainement mettre davantage de pression sur le pouvoir en place et sur les missi dominici de la CEDEAO afin de ne laisser aucune chance à l’actuel homme « Faure » du Togo de se momifier au Palais de Lomé II, malgré ses soutiens multiples et multiformes. Mais ces apôtres de la démocratie devront faire preuve de vigilance et surtout de détermination, car, n’oublions pas, Faure Essoazina Gnassingbé n’hésite pas, depuis qu’il a remplacé au pied levé son père rappelé à Dieu entre ciel et terre en 2005, à traquer et à réduire au silence ses opposants même les plus « têtus » soit par le biais de la répression, soit par le truchement des espèces sonnantes et trébuchantes.

 

Hamadou GADIAGA


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