HomeBaromètreCRISE POLITIQUE NATIONALE:« L’ignorance et la pauvreté sont les véritables freins… de la démocratie »

CRISE POLITIQUE NATIONALE:« L’ignorance et la pauvreté sont les véritables freins… de la démocratie »


Ceci est une réflexion du journaliste, conseiller en éducation Evariste Zongo. Dans cette réflexion, le journaliste lie la crise politique nationale à l’analphabétisme. Pour lui, les politiciens profitent de l’ignorance et de la pauvreté de la masse à leur dessein. Lisez plutôt !

 

« L’ignorance des masses est la première force des dirigeants». C’est une Lapalissade de dire que l’alphabétisation favorise la sécurité économique et améliore la santé des individus, qu’elle participe ainsi à l’amélioration de l’espérance de vie des populations et qu’elle enrichit les sociétés en créant un capital humain propice à l’épanouissement de l’identité culturelle, à la tolérance et à la participation citoyenne au développement, à la démocratisation et à son enracinement!

 

Cependant, le Burkina Faso depuis son indépendance traîne l’un des taux d’alphabétisation les plus faibles au monde. Ce taux est de 28,7 % selon le recensement général de la population et de l’habitat de 2006. L’analphabétisme limite ainsi le potentiel d’investissement des communautés et fait du Burkina Faso un des pays les moins avancés du monde.

 

Successivement, le pays a mis en œuvre des politiques de promotion continue de l’éducation non formelle des adultes et des adolescents avec plusieurs stratégies d’alphabétisation, l’une des dernières est le Programme national d’accélération de l’alphabétisation (PRONAA), dont l’objectif principal est de faire passer le taux d’alphabétisation à 60% à l’horizon 2015.

 

Mais force est de reconnaître que les résultats semblent mitigés et cet objectif est déjà compromis à ce jour. Or, dans le contexte actuel de la crise politique que vit le Burkina, l’élévation du taux de scolarisation et celui de l’alphabétisation aurait permis de juguler toutes les questions en débat en toute objectivité, sans passion. Il est vrai qu’en politique l’objectivité n’est pas un paramètre fixe. Mais, pour participer pleinement à la démocratie il faut avoir des repères historiques, culturels et comprendre son fonctionnement.

 

Les questions qui méritent d’être posées légitimement sont : est-ce qu’une bonne partie des Burkinabè entendent un vain mot du débat actuel au référendum, de la modification de l’article 37, de la mise en place du Sénat? Si ce ne sont que des questions sur la vie chère, d’emplois, et autres. Il semble que pour répondre et participer pleinement à ce débat, il faut comprendre les enjeux de la démocratie que sont l’alternance pour soi et pour la collectivité.

 

Nous assistons, plutôt, aujourd’hui sur les antennes des radios et télévisions privées comme publiques du Burkina, les leaders politiques aussi bien de la Majorité que de l’Opposition, qui se relaient pour tenter d’expliquer, souvent, dans les langues nationales qu’ils ne maîtrisent pas, ces enjeux à des Burkinabè, dont les préoccupations sont très loin des diatribes constitutionnalistes et intellectualistes.

 

L’ignorance et la pauvreté sont de véritables freins au développement, que dire alors de la démocratie? Les politiciens savent profiter cyniquement de cette situation pour manipuler et utiliser les masses à dessein.

 

Il n’y aurait pas eu débats si durant les trois dernières décennies, le Burkina avait réalisé des politiques cohérentes et conséquentes pour atteindre 60% de taux d’alphabétisation et 70 % de scolarisation. Nous assisterions certainement à un autre type de débats. On se rappelle qu’en 4 années, entre 1983 et 1987 le Burkina est passé de 4% à 27% de taux de scolarisation.

 

L’échec, si l’on accepte qu’on le considère ainsi, des politiques d’éducation, d’instruction, d’alphabétisation et de formation citoyenne plombe le débat sur la crise que traverse le Burkina. Une solution sera certes trouvée, mais il est fort à parier qu’elle soit, malheureusement, violente et remette en cause la maturité du peuple burkinabè. Car, dans le fond, les populations ont la potentialité et les capacités de construire, de choisir leur avenir, mais dans la forme, les conditions d’expression et d’acquisition ne sont pas assez développées: scolarisation, alphabétisation, formation citoyenne.

 

Evariste ZONGO

Journaliste, conseiller en éducation

[email protected]

70239648

 


Comments
  • Merci mr Zongo pour cette analyse que je partage entièrement. Quand certains me disaient que le problème du BF venait de la mauvaise répartition des biens, j’ai dit clairement que la solution à nos soucis viendrait de l’éducation. Comment des gens qui savent pas qu’un bateau ça se pilote peuvent se préoccuper de est-ce que le pilote est saoul ou pas ?

    14 octobre 2014
  • Tous les peuples du monde méritent les dirigeants qu’ils ont. Les peuples sont toujours les plus forts mais s’ils décident d’être les plus faibles, ils payent le prix de leur compromissions.

    20 octobre 2014

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