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CRISE POST-ELECTORALE AU ZIMBABWE


 Il faut craindre le pire

Le président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, a appelé hier, 2 août 2018, à une résolution pacifique des différends  avec  l’opposition. Un appel qui intervient au lendemain de la répression meurtrière qui aura laissé sur le carreau, 3 macchabées parmi les manifestants qui dénonçaient des fraudes aux élections générales du 30 juillet dernier.  Le président zimbabwéen sera-t-il entendu ? Rien n’est moins sûr. Car, il faut bien le dire, le président intérimaire n’inspire plus confiance aux Zimbabwéens. Cela est d’autant plus vrai qu’il a, par l’entremise de l’armée, fait fermer les commerces, hier, 2 août 2018, dans le centre-ville de Harare.  Toute chose qui n’augure rien de bon pour le pays. S’il était de bonne foi, il chercherait à résoudre pacifiquement les différends avec l’opposition sans verser la moindre goutte de sang. Mais hélas, le président intérimaire a la gâchette facile. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Plus d’un Zimbabwéen se souvient du massacre dont il fut l’auteur en 1983 dans la région de Gukuranhundi où il avait dirigé une expédition punitive qui a coûté la vie à près de 20 000 personnes. En tout cas, comme le dit l’adage, « le chien ne change pas sa manière de s’asseoir ». Emmerson Mnangagwa a beau parler de paix, d’union nationale, il restera toujours cet homme aux mains dégoulinantes de sang. C’est lui qui avait, pourtant, promis des élections libres et transparentes, mais l’on se rend compte qu’il ne fait pas mieux que son prédécesseur, le vieux Bob qu’il a poussé à la sortie avec la bénédiction de l’armée et ce, après 37 ans de règne sans partage. En tout cas, l’éléphant du « changement » annoncé est arrivé avec un pied cassé.

De nouvelles violences ne sont pas à exclure

La rupture qu’attendaient les Zimbabwéens se révèle être un leurre. Et pour ceux qui nourrissaient encore de l’espoir, l’attitude de Mnangagwa achève de les convaincre qu’il reste un véritable prédateur des droits de l’Homme. C’est en cela d’ailleurs qu’on est en droit de se montrer sceptique quant à l’issue de l’enquête indépendante qu’il réclame afin de faire la lumière sur la sanglante répression du 1er août 2018. En vérité, la réaction du président Mnangagwa n’est qu’une manière de se donner bonne conscience. Si pour seulement une marche destinée à prévenir la fraude électorale, Mnangagwa n’a pas hésité à sortir la grosse artillerie, qu’adviendrait-il si les résultats provisoires de la présidentielle le donnaient perdant ? En tout cas, tout laisse croire que de nouvelles violences ne sont pas à exclure au pays de Robert Mugabe.

Cela dit, si Emmerson Mnangagwa a déjà montré qu’on ne peut compter sur lui pour asseoir la démocratie et la paix au Zimbabwe, la Commission électorale du Zimbabwe (ZEC), quant à elle, se doit de relever le défi de la transparence. En effet, plus de 72 heures après les votes, les Zimbabwéens sont toujours dans l’attente des résultats dont la publication est annoncée pour aujourd’hui. Et c’est peu dire que la commission électorale zimbabwéenne n’a pas droit à l’erreur. Elle doit mettre un point d’honneur à publier les résultats dans les délais annoncés, et surtout à rester à équidistance des chapelles politiques. En somme, on peut dire que c’est entre ses mains  que se joue l’avenir du Zimbabwe.

Dabadi ZOUMBARA


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