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CRISE AU SEIN DU CONSEIL MUNICIPAL DE SAPONE: Le gouvernement menace de placer la commune sous délégation spéciale


MAQUETTE JPZ 31/01/2012 1La crise au sein du conseil municipal de Saponé dans la province du Bazega, perdure. En effet, les conseillers municipaux de l’opposition politique, estimant avoir été trahis par leur adversaire politique, refusent de siéger audit conseil. Une équipe gouvernementale conduite par Alfred Gouba, secrétaire d’Etat chargé de la décentralisation auprès du ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure (MATDSI), s’y est rendue le 9 août 2016, pour inciter les protagonistes à trouver une solution de sortie rapide de crise. Sans quoi, selon Alfred Gouba, la commune de Saponé sera placée sous délégation spéciale. 

 

La salle des fêtes de la mairie de Saponé a servi de cadre à la réunion entre une délégation gouvernementale et les élus locaux de ladite commune, le 9 juillet dernier. Cela, pour inciter ces derniers à trouver un consensus pour sortir de la crise qui plombe l’exécutif local.

« Il y a un problème au niveau de l’organe exécutif. Nous sommes venus pour essayer de renouer le dialogue entre les 2 parties. A l’issue des échanges, l’assurance nous a été donnée qu’un terrain d’entente sera trouvé et que les choses vont évoluer normalement », a dit Alfred Gouba, secrétaire d’Etat chargé de la décentralisation auprès du ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure (MATDSI). Le cas échéant, la commune de Saponé sera mise sous délégation spéciale, a prévenu le gouvernement, sans toutefois imposer un délai aux protagonistes. « Il faut que l’exécutif local se mette à la tâche. Pendant que certains sont en train de présenter leur programme de développement aux populations, d’autres sont toujours en train de balbutier et cela n’est pas intéressant », a dit Alfred Gouba.

En effet, sur les 80 conseillers que la commune compte, les 39 de l’opposition, notamment les 33 conseillers issus de l’Union pour le progrès et changement (UPC) et les 6 issus du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), refusent de siéger. Ils posent comme condition que le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) concède une redistribution des postes dans l’administration de la mairie.

Dans la salle, la parole était libre, chacun des participants pouvait s’exprimer à sa guise. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne s’en sont pas privés. Le présidium, composé de la délégation gouvernementale, a joué les modérateurs. Et il faut le reconnaître, il y avait de l’électricité dans l’air. Il s’en est même fallu de peu pour que certains en viennent aux mains.

 

Une entente non respectée

 

Pour les conseillers de l’opposition, la crise est le fait du MPP et a, par conséquent, sa solution. « Pour nous, c’était fondamental de faire la politique autrement. On ne peut pas s’asseoir et dire qu’on va gérer telle situation dans tel sens et revenir bafouer sa parole impunément. Ils ont la solution au problème », a soutenu Kouliga Nikièma, Secrétaire général de la sous-section UPC de Saponé.

Selon les dires de l’opposition, un accord règlementant la répartition des postes au sein de la mairie a été scellé avec elle par le MPP, avant la tenue des élections du bureau municipal.

« Pour la mise en place du bureau du conseil, un groupe du parti au pouvoir est venu rencontrer certains conseillers de l’opposition. Et ils se sont entendus sur la répartition des postes. Après les élections, cette entente n’a pas été respectée. Ce qui a frustré beaucoup de gens », a confié Doamba Denis, Secrétaire général de la sous-section CDP de Saponé. Une entente qui assurait entre autres, le poste de 1er adjoint au maire à l’UPC et celui de 2e adjoint au CDP.

« Avec 39 conseillers, nous avons pensé et nous n’avons pas été les seuls à le faire, que nous avons notre pierre à apporter en tant que participants à l’administration de la mairie. Et c’est cela qui est aujourd’hui refusé. Nous n’avons aucun poste. Nous pouvons dire qu’on nous a refusé tous les postes », a déploré Kouliga Nikièma. Pour lui, si c’est une question de gourmandise parce que chacun souhaite être responsable dans l’administration de la mairie, la crise sera difficile à résoudre.

« Il n’y a pas eu d’entente », a pour sa part assuré Drissa Ouédraogo, conseiller municipal MPP et maire élu de la commune de Saponé. Et d’ajouter qu’il met quiconque au défi de présenter des preuves de ladite entente. « A titre personnel, j’ai pris l’initiative de trouver un consensus entre les villages qui étaient traditionnellement conflictuels. J’ai aussi fait le pas vers le responsable de l’opposition qui était candidat. Ce sont ces démarches qui sont interprétées aujourd’hui comme étant des ententes », a dit Drissa Ouédraogo. Selon ce dernier, ce sont des calculs politiciens qui n’ont pas marché ; mais le plus important est d’accepter de revenir à la table du dialogue. Et la première concession qui puisse être faite selon le maire élu, c’est celle de l’esprit, en acceptant d’être dans un esprit démocratique. « On a joué à un jeu qui n’a pas marché. Les postes disponibles, nous y venons et nous vous montrons qu’on n’a pas besoin d’un poste pour développer sa commune. C’est la logique la plus simple », a conseillé Drissa Ouédraogo. Et d’ajouter qu’il ne saurait demander à un conseiller de démissionner et de laisser sa place à telle ou telle personne.

Somme toute, chacun des protagonistes de la crise a salué la démarche du gouvernement et s’est dit disposé à entreprendre des pourparlers, dans l’intérêt supérieur de la commune de Saponé. Cela, avec les conseils avisés de la chefferie coutumière de Saponé, représentée à la rencontre par Naaba Karfo de Baguemini

 

Thierry Sami SOU

 

 


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