HomeA la uneCRISE AU SEIN DE LA CHEFFERIE TRADITIONNELLE AU PASSORE : La hache de guerre enterrée dans le canton de La-Todin

CRISE AU SEIN DE LA CHEFFERIE TRADITIONNELLE AU PASSORE : La hache de guerre enterrée dans le canton de La-Todin


 

 

Depuis 2003, la cour royale de la commune de La-Todin connaît une grave crise liée à la désignation de la chefferie traditionnelle. Cette guerre entre frères  d’une même famille, a fini par diviser la population en deux blocs antagonistes. Le bloc de sa Majesté Naaba Tigré, intronisé à l’époque par Sa Majesté Naaba Sigri, roi de Yako, actuellement sur le trône de la cour royale de La-Todin, et le bloc de Marou de Tiga Korbéogo, celui-là même qui a perdu au jeu lors de la désignation et qui  s’est imposé, s’autoproclamant  2e  chef  sur ce même  trône. Ce bloc dit ne pas reconnaître la légitimité de l’actuel roi, au moment de la désignation. Pendant 15 ans, la mésentente a dégénéré  au jour le jour, plongeant la ville dans l’insécurité et l’absence totale de paix. Pour pallier  cette crise qui a tant duré, un petit frère  du chef actuel qui vivait avec l’opposant Marou de Tiga, a estimé que revenir saluer sa Majesté Naaba Tigré pour enterrer la hache de guerre était la voie idéale, pour le bonheur de tous. Ainsi, le dimanche 13 mai dernier, Maxime Korbéogo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, par ailleurs  «Rassamb Naaba » du quartier Bissiguin de Ouagadougou, a choisi de fouler le sol de ses ancêtres pour saluer le chef, lui signifiant que la guerre était terminée, et lui prouver  son soutien indéfectible pour le développement de la commune de La-Todin. C’était au cours d’une rencontre devant le palais royal, en présence d’une marée humaine, rythmée par des tam-tams et tambours dans des cris de joie intense. « Qui a dit que le pardon ne construit pas ? » C’est la moindre question que l’on puisse se poser. En effet, il y a 15 ans de cela, une guerre de chefferie traditionnelle a secoué la cour royale du canton de la commune de La-Todin, à 35 km de Yako. Depuis lors, les populations ne communiquaient pas et ne s’entendaient pas. La cohésion sociale se clamait du bout des lèvres. Cette mésentente qui a tant duré, a fait réfléchir d’autres protagonistes farouches sur la suite du développement de la localité.   Maxime Korbéogo, « Rassamb Naaba » du quartier Bissiguin de Ouagadougou, était le béton de cet antagonisme. Le dimanche 13 mai dernier, pour mettre fin au problème qui a beaucoup divisé la commune et appeler les filles et fils à l’union totale, ce dernier a choisi délibérément de  fouler  le sol de ses ancêtres pour déposer la terre « Toomyougoubou », qui signifie réconciliation en langue mooré, devant la cour royale, aux yeux de sa Majesté Naaba Tigré de La-Todin. A l’occasion, les filles et fils n’ont pas manqué au rendez-vous. Ils ont répondu tous présents, à l’invitation du dialogue, du pardon et de la réconciliation pour une société juste et équilibrée. Toutefois, sa Majesté Naaba Tigré est le 7e roi de la lignée des Korbéogo, intronisé en 2003 par sa majesté Naaba Sigri, roi de Yako. La quarantaine bien sonnée, il a expliqué l’origine de l’histoire en ces termes : «Nous étions trois candidats au départ, pour la conquête du trône. Marou de Tiga s’est imposé et s’est autoproclamé chef sur le même trône, après avoir perdu le pouvoir, pendant que le troisième candidat a reconnu son échec et a abandonné toute force de résistance. Depuis 15 ans, le village n’est pas en paix ni en sécurité. Alors que ces genres d’histoires entraînent des effusions de sang, si vous ne faites pas attention. Nous avons traversé l’affaire sans qu’aucune goutte  de sang ne soit versée, donc Dieu merci. C’est ainsi que Maxime Korbéogo qui est mon petit frère et qui vivait avec mon opposant Marou de Tiga, a estimé que cette querelle qui a duré plus de 15 ans entre membres d’une même famille, n’a aucune importance ; d’où son retour à la vérité. Il est venu, aujourd’hui pour me saluer et me soutenir à régner dans ce royaume. Il a montré, aux yeux de tous, qu’il me reconnaît comme chef légalement intronisé. Cela  témoigne que la bagarre entre frères n’est pas une bonne chose dans une même famille. La guerre est terminée, place à la cohésion sociale de toute la population de mon canton. C’est cette action de satisfaction qui nous a réunis aujourd’hui, devant les sages du village. Maxime  est un homme rassembleur, un homme du peuple aussi. S’il est avec toi pour le soutien, tu as un poids, donc nous sommes contents qu’il soit venu nous ajouter de la terre à la terre. Marou de Tiga n’est pas venu, mais nous pensons qu’il viendra lui aussi  pour la cohésion sociale », a-t-il expliqué. Sa majesté a par ailleurs demandé à toute la jeunesse de la commune de La-Todin, de cultiver l’esprit de pardon, de  tolérance, de la cohésion sociale  et tout naturellement, d’éviter d’avoir l’esprit de vengeance et de contestation. Cependant, au tour de Maxime Korbéogo, il dit estimer que revenir «soulever le toit de la maison ensemble » comme le conseille la sagesse moaga, est une chose importante dans la vie en communauté. Pour lui, la mésentente qui est intervenue, est une histoire d’enfantillage, et le fait de revenir saluer le chef afin de se parler, discuter autour des questions de développement, était une priorité pour lui. « Si vous voyez que les vieux, les vieilles et les jeunes se sont mobilisés devant le chef, c’est que c’est un motif de satisfaction parce qu’ils veulent la cohésion sociale, l’entente et le dialogue. Je suis fier que les familles se parlent à nouveau à partir de cette action », s’est-il réjoui. Il a également demandé à toutes les filles et tous les fils de la commune de procéder, ensemble, à la solidarité, au dialogue et au pardon pour une société stable et paisible. A l’occasion, le reste de la journée a été consacrée à des échanges entre populations, dans la joie. Un match de football  dénommé tournoi de l’unité dont le promoteur était le même Maxime Korbéogo, a opposé l’équipe de Yimiougou à  celle de Nipouy, avec la victoire de l’équipe de Yimiougou au coup de sifflet final. C’est cette action qui a mis fin à cette soirée de réconciliation, le dimanche 13 mai dernier, dans la commune de La-Todin, située à 35 km de Yako.

Marou DIANDA (Correspondant)


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