HomeA la uneCRISE AU SEIN DU GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE LIBYEN : La nécessité de résoudre l’équation Haftar

CRISE AU SEIN DU GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE LIBYEN : La nécessité de résoudre l’équation Haftar


 

Ont-ils pris les devants en guise d’ultime sursaut patriotique,  en adéquation avec leur conscience, ou ont-ils simplement été défenestrés ?  Pour ces quatre membres du gouvernement d’union nationale libyen, la réalité est la même : en ce qui les concerne,  la fonction ministérielle se conjugue désormais au passé. Qu’ils aient démissionné ou été « démissionnés » le 1er juillet dernier, une certitude : ces départs  témoignent d’un profond malaise  au sein de la coalition gouvernementale qui en sort quelque part affaiblie, notamment en raison de la provenance géographique des quatre ministres, tous originaires de l’Est de la Libye. Une coïncidence troublante, qui n’est  sans doute pas anodine et dont les conséquences pourraient être désastreuses pour l’avenir de cet attelage  installé  à Tripoli le 29 mars dernier.  En effet, dans l’hypothèse que ce soit un acte volontaire, il paraît pour le moins inquiétant que des ministres – et pas des moindres – de la même provenance géographique, décident de tourner le dos à ce gouvernement.  Cette crise au sommet pourrait, en effet, être interprétée comme le résultat de l’incapacité des tenants du pouvoir  actuel, à fédérer toutes les énergies et à prendre en compte toutes les aspirations du peuple libyen, sans exclusive.  Et si tel était le cas, on comprendrait l’attitude de ces ministres qui ne voudraient pas être comptables d’une politique qui encouragerait la discrimination, l’exclusion et l’iniquité. Mais dans l’hypothèse où ils auraient été contraints de rendre le tablier pour faits d’actes d’indiscipline, on pourrait dire que c’est tout mérité pour ces   éléments incontrôlés : surtout dans un contexte où la Libye a plus que jamais besoin de rassembler ses forces, ses énergies et ses fils pour faire face  à ses nombreux défis et aller résolument de l’avant. En tout état de cause, ces départs laissent  un trou béant, qu’il va falloir, de toute urgence, combler, en ayant  surtout recours à l’humilité et à la remise en cause.  En effet, cette crise au sein du gouvernement, devrait être l’occasion pour lui de se remettre en cause, et sans faux-fuyants, de se questionner sur  les raisons de ces départs. Peut-être sont-ils fondés. Sans doute y a-t-il une part de vérité dans ce que ces anciens ministres frondeurs  reprochaient au gouvernement  de  Fayez el-Sarraj.  En tous les cas, l’Exécutif libyen aurait tout intérêt à éviter de reproduire les mêmes causes qui pourraient déboucher sur les mêmes effets.

La communauté internationale aurait tout intérêt à obtenir du général Haftar, qu’il rentre enfin dans les rangs

Mais l’hypothèse que ces quatre ministres aient été des marionnettes aux mains d’intérêts obscurs, n’est pas non plus à écarter.  Qui dit, en effet,  que ces ministres n’ont pas provoqué ce clash,  si tel a été leur intention, sous la pression du gouvernement parallèle de Tobrouk, dont ils se sentent géographiquement et affectivement  plus proches? Quid de l’influent Général  Khalifa  Haftar qui ne verrait certainement pas d’un mauvais œil que l’Exécutif basé à Tripoli, parte en vrille ; lui qui réalise aujourd’hui être le grand perdant des négociations ayant abouti à la mise en place de ce gouvernement ?  Ayant toujours réclamé, pour ses bons et loyaux services rendus à la Nation, le portefeuille stratégique de la Défense sans jamais obtenir gain de cause, le Général Haftar  paraît aujourd’hui un vieux fauve blessé et ruminant de dépit.  De là à penser qu’il a pu être  à la manœuvre en obtenant le départ de ces quatre ministres, du gouvernement d’union nationale, il n’y a qu’un pas qu’on ne s’interdirait pas de franchir. Ne dit-on pas que la vengeance est un plat qui se mange froid ? En tous les cas, la communauté internationale aurait tout intérêt à obtenir de ce général, qu’il rentre enfin dans les rangs. Et dans le cas d’espèce, il serait plus indiqué, pour elle, de brandir la carotte plutôt que d’avoir recours au  bâton, compte tenu de la personnalité de Haftar et de sa forte capacité de nuisance.  Autrement dit, tant que l’équation Haftar ne sera pas résolue,  rien ne sera  définitivement réglé au pays de Khadafi. Il faut, au besoin, adouber le Général, dont toute action qu’il pourrait avoir posé  en sous-mains contre ce gouvernement, peut tendre à montrer à la communauté internationale qu’elle a eu tort de le snober. D’autant qu’il a toujours des troupes derrière lui, et pas des moindres ! Une chose est certaine : le Général Haftar fait partie du problème et les Libyens ainsi que la communauté internationale auraient tort de ne pas en tenir compte. Tant  qu’on n’aura pas obtenu son ralliement franc et entier, il sera illusoire de croire que la Libye dormira à poings fermés. Alors, tant qu’à faire, pourquoi ne pas accéder à sa requête, lui offrir l’objet de ses désirs voire de ses fantasmes, à savoir le maroquin de la Défense,  quitte à le mettre en garde contre tout abus, tout débordement, à le surveiller comme du lait sur le feu ?  Pour ces détracteurs, ce serait  donner trop d’importance à un vieux lion en voie de perdre ses crocs. En tout cas, si c’est le prix à payer pour que la Libye renoue avec la paix, le sacrifice ne vaut-il pas la peine d’être fait ?  Cela dit, il importe que la communauté internationale joue franc jeu en se gardant d’armer des Libyens contre des Libyens.  Autrement, ce sont les milices et autres individus malfaisants qui continueront de se frotter les mains et c’est la Libye  qui fera toujours figure de bouillon de culture des djihadistes qui auront toujours beau jeu de signer leur bestialité en lettres de sang et d’horreur, et ce au-delà même des frontières libyennes.

« Le Pays »


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