HomeA la uneAN I D’EBOLA EN AFRIQUE DE L’OUEST : Une bougie pour des milliers de cadavres

AN I D’EBOLA EN AFRIQUE DE L’OUEST : Une bougie pour des milliers de cadavres


La fin de l’année 2014 rime avec un triste anniversaire pour l’Afrique. Celui de l’apparition de la maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest. En effet, découvert depuis 1976 dans le bassin du Congo, ce virus dont la vitesse de propagation ainsi que la capacité létale sont jusque-là incomparables à aucune épidémie connue de notre époque, a emporté sa première victime en Afrique de l’Ouest, le 28 décembre 2014. C’était un petit garçon du village de Méliandou, en Guinée forestière. Un an après, Ebola poursuit dans cette partie de notre continent, sa saga meurtrière. 7 700 vies fauchées sur plus de 19 000 personnes dont les pas ont, un jour, croisé ceux d’Ebola. Depuis son épicentre au Libéria, Ebola a voyagé et frappé jusqu’en Amérique, en passant par l’Europe, démontrant ainsi l’étendue de son pouvoir et surtout son indifférence des frontières établies. Une année après son apparition, on peut dire qu’Ebola a laissé un champ de ruines en Afrique d’une façon générale et de manière particulière dans les pays les plus touchés.

Au plan économique, Ebola a freiné de façon spectaculaire l’élan de ces pays vers le développement, notamment à cause du ralentissement des échanges commerciaux entre les pays touchés par le virus et les autres pays, frappés, eux, par la psychose créée par ce mal.  L’annulation de certaines manifestations à fort potentiel économique tels le Salon international de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO), le Salon international du Tourisme et de l’Hôtellerie de Ouagadougou (SITHO), l’organisation du sommet de l’Union africaine (UA) sur l’emploi à Ouagadougou puis, dernièrement, le désistement du Maroc pour l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), sont autant d’échecs qu’Ebola a réussi à infliger au continent africain.

Sur le plan social, le bilan n’est pas moins triste. En effet, Ebola a réussi à mettre un terme à certains comportements culturels des populations africaines, comme les rites d’hommage à nos morts, ou encore la cordiale poignée de main qui symbolise le respect, la fraternité, et dont les peuples africains étaient passés maîtres dans l’art.

Il faut saluer la formidable mobilisation de la communauté internationale

7 700 morts en majorité dans trois pays d’Afrique de l’Ouest et  en l’espace d’une année,  il faut reconnaître que le bilan est lourd, même très lourd, surtout que le mal n’est pas encore maîtrisé.  Beaucoup de ces disparus étaient encore des jeunes pleins de vie et de projets pour leur pays. 7 700 vies arrachées principalement en Sierra Leone, au Libéria et en Guinée Conakry, alors que justement depuis un certain temps, les dirigeants de ces pays n’ont que le mot émergence sur les lèvres. Il y a de quoi se demander par quel miracle ce terme va devenir une réalité sur le continent noir.

Cela dit, si en dépit de l’émotion qui nous submerge, nous arrivons à faire une analyse objective de la situation, on peut dire que malgré ce chiffre déplorable, l’Afrique a de quoi rendre grâce au Ciel. Car, au regard de la virulence du virus et surtout de l’état de délabrement total dans lequel se trouvent la plupart de nos systèmes sanitaires, le bilan aurait pu être bien plus lourd. Par ailleurs, il faut se féliciter de ce qu’Ebola a pu remettre au goût du jour certaines valeurs qui étaient en voie de perdition dans le monde. Ainsi, il faut saluer la formidable mobilisation de la communauté internationale, qui n’a pas hésité à accourir au chevet de l’Afrique afin de l’aider à maîtriser le mal et aussi à éviter qu’il puisse s’installer hors du continent. La mobilisation de la communauté scientifique a permis de trouver des traitements qui ont permis de soulager bon nombre de personnes infectées par le virus ; l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a autorisé l’utilisation de traitements qui étaient encore à l’étape d’expérimentation, et la mise au point de vaccins et de sérums est désormais plus que jamais possible, donc probable. Malgré le nombre élevé de morts enregistrés, comment l’Afrique peut-elle ne pas être sensible à cet élan de solidarité et de compassion à son endroit ? La seule note de désespoir qui rend plus triste cet anniversaire, est celle qui vient de l’UA, dont les chefs d’Etat semblent avoir d’autres chats à fouetter plutôt que de se soucier plus solidairement et plus concrètement de la vie de leurs concitoyens. Mais plutôt que de s’en attrister, il faut souhaiter que les peuples africains comprennent la leçon et se libèrent comme les Burkinabè l’ont fait avec courage, de ces tyrans accrochés à leurs fauteuils présidentiels.

 

Dieudonné MAKIENI


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