HomeA la uneDECLARATION DE L’UNION EUROPEENNE SUR LA SITUATION NATIONALE :Une initiative heureuse mais tardive

DECLARATION DE L’UNION EUROPEENNE SUR LA SITUATION NATIONALE :Une initiative heureuse mais tardive


L’Union européenne (UE) a appelé, ce mercredi 29 octobre 2014, à l’abandon du projet de révision de la Constitution burkinabè, perçu par l’opposition comme un moyen de permettre le maintien au pouvoir du président Blaise Compaoré. Cet appel a le mérite de la clarté par rapport au premier où elle s’était contentée d’inviter, en des termes vagues, au respect des principes de l’Union africaine (UA) en matière d’alternance politique et   démocratique. Toutefois, l’on peut regretter le fait que l’Union européenne ait attendu la veille du vote pour interpeller explicitement le gouvernement. Si cet appel avait eu lieu bien avant, il aurait peut-être contribué à dissuader le pouvoir à organiser le vote de ce jeudi 30 octobre, attentatoire à la paix et à la démocratie. Au moment même où nous tracions ces lignes, cette sortie de l’UE était un non-événement, puisque les populations, visiblement remontées contre la forfaiture en gestation, ont mis fin à cet épisode de notre démocratie, en saccageant l’Assemblée nationale. De  fait,   l’Union européenne a voulu,   pour des raisons de convenances diplomatiques, ménager la chèvre et le chou. Cette posture, de toute évidence, ne peut pas sauver la démocratie. Une attitude beaucoup plus productive aurait consisté à agir un peu plus tôt en amont, de manière à empêcher le ver de s’introduire dans le fruit.  Mais là, l’on peut avoir l’impression qu’elle a préféré jouer au Ponce Pilate pour peut-être chercher à se dédouaner vis-à-vis de l’histoire, au cas où les choses viendraient à tourner au vinaigre. Et, le moins que l’on puisse dire, c’est que les choses ont effectivement tourné au vinaigre. 

 

L’Union européenne et la communauté internationale ne doivent pas craindre de faire le choix de la démocratie

 

Au-delà de la réaction que nous estimons tardive de l’Union européenne, l’on peut dénoncer l’attitude d’expectative de la communauté internationale, face aux velléités de tripatouillage des Constitutions et donc de confiscation du pouvoir par les « hommes forts » d’Afrique. Le plus souvent, quand elle n’intervient pas après que les couteaux sont sortis de leur étui, elle se contente de prises de position alambiquées où elle tente de concilier légalité et légitimité. Or, dans certaines situations, comme celle que vit le Burkina aujourd’hui, la légalité pourrait ne pas tenir la route, parce que simplement elle s’écarte de l’intérêt général. De ce point de vue, l’Union européenne et la communauté internationale, de façon générale, ne doivent pas craindre, quitte à susciter l’ire des princes qui gouvernent les peuples africains, de faire le choix de la démocratie, la vraie, c’est-à-dire celle qui a libéré la parole et qui a conduit au progrès social pour tous, chez eux. Celle où un individu, quelles que soient ses qualités réelles ou supposées, ne peut s’imposer aux institutions de son pays. C’est à cette condition que l’Union européenne pourrait véritablement aider à sauver la paix dans les pays d’Afrique où la démocratie est quotidiennement malmenée.

Ce faisant, l’Union européenne gagnerait davantage la sympathie des populations, qui parfois peuvent être tentées de croire qu’elle ménage trop leurs dictateurs pour des raisons liées à leurs intérêts géostratégiques.

Cela dit, l’Union européenne est moins blâmable que l’Union africaine (UA), dans la longue agonie du peuple burkinabè. Celle-ci n’a pas daigné une seule fois, interpeller Blaise Compaoré sur la responsabilité qui pourrait être la sienne au cas où le grabuge se produisait dans son pays, du fait de son acharnement à se maintenir au pouvoir par tous les moyens. Qu’elle ne vienne surtout pas, une fois le pire réalisé, se répandre dans des déclarations de principe où elle condamnerait les changements non-conformes à la Constitution. Le peuple burkinabè pourrait s’en offusquer. Mais personne ne doit être étonné du comportement de l’UA, face aux tripatouillages des Constitutions en Afrique, parce que cette institution est avant tout un syndicat des chefs d’Etat. L’on peut enfin dire que de tous les pays membres de l’Union européenne, la responsabilité de la France est grande face à toute tentative de violation de la Constitution burkinabè.

Cette interpellation semble d’autant plus justifiée que la France de François Hollande a pu donner aux Burkinabè le sentiment  qu’elle ménage trop le régime de Blaise Compaoré, pour des raisons de géostratégie et de stabilité au détriment de la promotion de la démocratie.

 

Pousdem PICKOU


Comments
  • Les occidentaux doivent savoir réagir à temps et ne pas vouloir toujours jouer aux troubles fêtes. Dans tous les cas, ce soi disant envoyé spécial de l’Onu doit être refoulé du pays. Je respecte au moins les USA qui ont pu dire la vérité à temps. Les médias français dans leurs reportages, ils demandent toujours si les ressortissants sont bien traités comme si leurs vies sont menacées. Les forces spéciales françaises basées à Ouaga ne pourront rien faire si la situation dégénère.

    31 octobre 2014
  • Hypocrites ces Européens. Ils n’ont jamais pu dire ouvertement à “l’homme fort” de partir et vous vous manifestez maintenant que le PEUPLE a décidé de prendre sa destinée en main. Médécin après la mort? Dans le même ordre d’idée se placent l’UA et la CEDEAO! Ces deux organisations n’ont jamais condamné la modification de l’A37 par blaise et puis elles viennent parler de médiation! Quelle hypocrisie! De grâce, laissez nous burkinabè résoudre ce problème en interne. CEDEAO et UA veulent voler au secours de blaise afin de lui permettre de reprendre la main car plus la médiation va se prolonger, plus il reprendra du poile de la bête. Donc pas de médiation!!! RESTEZ chez vous! MEGD’!!!!

    31 octobre 2014

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