HomeA la uneDECORATION DE NATHALIE SOME : « C’est bon, mais ce n’est pas arrivé »

DECORATION DE NATHALIE SOME : « C’est bon, mais ce n’est pas arrivé »


Elle l’a effectivement et la porte bien ! Après avoir lu plusieurs articles sur le sujet de la décoration de la présidente du Conseil supérieur de la communication (CSC) lors de la cérémonie de distinction organisée par l’institution, le 21 décembre dernier, cela a fini de me convaincre que madame Nathalie Somé a sa médaille et elle la porte très bien.

 

Je me réjouis du fait que les rumeurs sur le retrait de la médaille de l’Ordre des Commandeurs à Mme Nathalie Somé soient infondées. Les plus hautes autorités de l’Etat auraient fait preuve d’une frilosité puérile pour se dédire sur une distinction qui, par le droit et dans les faits, est doublement méritée par cette dame. Dans cette logique, on est tous témoin de l’acharnement dont madame Somé est accablée par deux journaux de la place. Cette haute distinction de l’ordre des commandeurs doit être saluée à sa juste valeur, comme un acte d’encouragement et de reconnaissance pour les efforts du cabinet de Mme Somé pour asseoir une communication apaisée au Burkina Faso. Des efforts remarquables depuis les périodes de braise pré-insurrectionnelles et d’après le putsch manqué, à celles enflammées des campagnes présidentielle, législatives et municipales. Mme Somé peut donc fièrement arborer sa médaille et la dédier aux partenaires du CSC et aux travailleurs loyaux de l’institution qui l’accompagnent quotidiennement dans l’accomplissement de sa noble mission.

Mais à l’adresse des plus hautes autorités de l’Etat, le premier magistrat en tête, je dirai que la décoration de Mme Somé, en sa qualité de présidente du CSC, « c’est bon mais ce n’est pas arrivé », pour reprendre une expression populaire dans nos terroirs. En effet, il revient au chef de l’Etat, d’aller au-delà des mérites du récipiendaire, pour agir à une plus grande valorisation de cette institution républicaine, le CSC. La radio Mille collines au Rwanda et ses diatribes génocidaires enseigne, même à nous autres, novices en la matière, que la régulation du contenu des médias et de la publicité est une activité hautement stratégique pour une jeune démocratie comme la nôtre. Bien conduite, elle permet à toutes les opinions de s’exprimer sans excès, mais plutôt sur un registre d’émulation enrichissante, féconde pour la paix sociale. La Paix entre les Burkinabè est la première richesse nationale. Une bonne régulation du contenu des médias est assurément un atout pour la préserver et la consolider. Le Conseil Supérieur de la Communication pourrait être plus efficace dans ses rôles et missions, si le président du Faso donnait un avis motivé à qui de droit pour aider à la résolution des problèmes conjoncturels et structurels qui handicapent un temps soit peu cette institution.

Les problèmes conjoncturels du CSC, c’est connu, sont en grande partie liés au climat de travail loin d’être serein au collège des conseillers. Les procès intentés contre l’institution et certains de ses travailleurs par qui on sait, ne sont pas de nature à assainir ce climat. Lors de ses dernières sorties dans le journal Le Pays et sur le portail Lefaso.net, la présidente du CSC relevait une fois de plus les failles de la loi organique. La relecture de cette loi par l’assemblée constituante, où, à ce qui nous revient, un consensus s’est dégagé pour renforcer les pouvoirs de régulation du CSC, peut être déterminante. Déterminant pour régler la question de la permanence des conseillers, leur profil et le mode de désignation du président de l’institution.

Il est vrai que le domaine d’action de la régulation de la communication ne touche pas des besoins primaires vitaux comme l’alimentation, l’eau potable, l’habitat, la sécurité des personnes et des biens, etc., d’où le fait que les difficultés de fonctionnement du  collège des conseillers peut ne pas être compté comme une priorité des priorités de l’Exécutif. Néanmoins, on rappellera que le secteur de la communication est des plus névralgiques pour sauvegarder et consolider la paix sociale et la démocratie. Pour cela, mettre un holà aux dérives centrifuges de la sérénité au travail que connaît actuellement le collège des conseillers du CSC est un impératif pour l’Exécutif. Un avis qui ne devrait pas tomber, on l’espère, dans l’oreille d’un sourd.

 

Yéri Patricia née Traoré

Professeure certifiée à la retraite, secteur 16, Ouagadougou.


No Comments

Leave A Comment