HomeA la uneDECOUVERTE D’UNE CACHE D’ARMES CHEZ UN PROCHE DE SORO : Bogota* dans de beaux draps ?

DECOUVERTE D’UNE CACHE D’ARMES CHEZ UN PROCHE DE SORO : Bogota* dans de beaux draps ?


 

L’étau se resserre-t-il autour de Guillaume Soro ? En tout cas, mis à l’index par un rapport de l’Onu qui l’accusait d’avoir fait entrer 300 tonnes d’armes en Côte d’Ivoire en 2010-2011, l’ex-chef de la rébellion ivoirienne aujourd’hui au perchoir, qui avait démenti les faits, n’en finit pas avec les problèmes. En témoigne la découverte, la semaine dernière, d’une cache d’armes au domicile d’un de ses proches, en l’occurrence son directeur du protocole. Et pour cause, compte tenu de la nature des relations qui lient les deux hommes dont on dit qu’ils s’entendraient comme larrons en foire, certains ont vite fait de voir en l’enfant de Ferké, le véritable propriétaire de l’armada trouvée au domicile de Souleymane Kamaraté dit Soul to Soul, à la faveur des manifestations de soldats mutins qui réclamaient le paiement de primes sur lequel ils étaient visiblement en désaccord avec les autorités d’Abidjan qui n’entendaient plus mettre la main à la poche. C’est dans ce contexte trouble de revendications à la canonnière, que la surprenante découverte a été faite. Depuis lors, les questions fusent de partout.

Soro joue gros dans cette affaire

D’où viennent ces armes ? A qui appartiennent-elles ? Comment ont-elles pu se trouver là et à quelles fins ont-elles été entreposées en cet endroit et non dans les dépôts traditionnels de l’armée ? Autant de questions qui laissent songeurs et qui demandent à être élucidées. Le seront-elles jamais ? On attend de voir. Mais quoi qu’il en soit, sans vouloir aller trop vite en besogne et en attendant les résultats de l’enquête que les autorités ivoiriennes disent avoir ouverte à l’effet, l’on ne peut s’empêcher de se demander si l’ex-truculent leader de la Fédération estudiantine de Côte d’Ivoire (FESCI), n’est pas victime de son récent passé de chef rebelle. Bogota serait-il alors dans de beaux draps ? En tout cas, sa position ne semble pas aujourd’hui confortable, et il est mieux placé que quiconque pour savoir que coupable ou pas, s’il n’y prend garde, il risque de laisser des plumes et pas des moindres dans cette affaire. C’est ce qui justifie sans doute son empressement à enjoindre son collaborateur de se mettre à la disposition des enquêteurs. Car,  en politicien averti et maintenant aguerri, Soro sait qu’il joue gros dans cette affaire. Surtout avec toutes les tuiles qu’il porte déjà sur la tête, en l’occurrence son implication présumée dans le putsch manqué du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) en 2015 contre la Transition burkinabè, qui n’a pas encore livré tous ses secrets, la parenthèse du mandat d’amener délivré à l’époque par la justice française en son encontre et le rapport de l’Onu qui continue de planer comme une épée de Damoclès sur sa tête. Du reste, lors du déclenchement des mutineries en janvier dernier, beaucoup se demandaient s’il n’avait pas quelque chose à y voir. C’est pourquoi,  tout porte à croire que cette histoire de découverte d’armes au domicile de celui que beaucoup considèrent comme l’un de ses hommes liges,  est une corde que ses contempteurs, et Dieu sait s’ils sont nombreux, ne manqueront pas de tirer jusqu’à la raidir, dans le but de l’affaiblir. Surtout que  son intention qui ne plaît pas à tout le monde de briguer la magistrature suprême en 2020, ne fait plus l’ombre d’un doute dans beaucoup d’esprits. En effet, dans cette guerre de positionnement à la succession d’Alassane Dramane Ouattara (ADO), l’on cite aussi les noms d’autres personnalités comme le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, le ministre de l’Intérieur, Ahmed Bakayoko, dans un contexte où le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) n’entend pas être le dindon de la farce d’une alliance qui devait voir la présidence de la République échoir à l’un de ses membres, après son soutien au RDR, qui a valu à ADO de rempiler en 2015.

Le passé sulfureux de l’homme risque de nuire à la suite de sa carrière politique

D’ailleurs, les circonstances de la découverte de ces armes au domicile de Souleymane Kamaraté ne sont pas très claires. Qu’est-ce qui a bien pu pousser les soldats mutins en ces lieux, alors qu’ils manifestaient pour réclamer de l’argent ? Quelqu’un a-t-il vendu la mèche ? Si oui, pourquoi et à quelle fin ? En tout état de cause, le mystère reste entier, mais l’on a du mal à croire que la découverte de cette cache d’armes est simplement le fruit d’un hasard. Si fait que l’on ne peut s’empêcher de penser à toutes sortes d’hypothèses. Soro préparerait-il un plan B pour la conquête du fauteuil présidentiel ? Ou serait-il la victime désignée d’un de ses adversaires tapis dans l’ombre, qui chercheraient à l’atteindre par l’intermédiaire d’un proche ? Bien malin qui saurait répondre à toutes ces questions. De toute évidence, le passé sulfureux de l’homme risque de nuire à la suite de sa carrière politique. Mais il est un fait qu’avec toutes ces armes supposées être dans la nature, la Côte d’Ivoire ressemble aujourd’hui à une poudrière. Et si l’on n’y prend garde, la cocotte-minute risque de sauter à tout moment, avec des conséquences peut-être inimaginables. Dieu préserve le pays d’Houphouët Boigny d’une autre crise politique.

 « Le Pays »

 *Bogota : surnom de Guillaume Soro

 


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