HomeA la uneDECRET ANTI-IMMIGRATION AUX USA : Les USA, comme le Gondwana

DECRET ANTI-IMMIGRATION AUX USA : Les USA, comme le Gondwana


Donald Trump s’est découvert un nouvel ennemi en la personne du juge fédéral James Robart, qui a « osé » bloquer son décret anti-immigration. En effet, Trump tient à imprimer sa marque aux Etats-Unis d’Amérique (USA). Rien de plus normal pour celui à qui les Américains ont décidé de confier les clés de la Maison Blanche. Car, c’est lui le nouveau commandant en chef. Seulement, ce commandant n’en fait qu’à sa tête, comme s’il se trouvait en plein Gondwana, dans une Amérique pourtant attachée aux principes de l’Etat de droit. Le président des USA, bien que puissant, ne dispose pas de pouvoirs illimités. Les autres institutions de l’Etat fédéral ont leur rôle et ne se font pas prier pour le jouer à fond. C’est ce que Donald Trump est en train d’apprendre à ses dépens ; lui qui croyait pouvoir faire tout ce qui lui passe par la tête, ne comprend pas qu’un « pseudo-juge » puisse bloquer son décret anti-immigration.

Trump devra souffrir que chaque institution de l’Etat puisse jouer sa partition en toute indépendance

Ce président a, on le sait, bien du mal à se remettre en cause. C’est pour cela que ce juge qui est une fierté dans un Etat de droit, est depuis, l’objet de ses vexations et railleries. Pas étonnant pour Trump qui a déjà suffisamment étalé son aversion pour la contradiction. La presse, pour ses analyses critiques, en sait quelque chose. Le tout nouveau locataire de la Maison Blanche montre peu de respect envers les autres, surtout ceux qui ont l’outrecuidance de ne pas se mettre au garde-à-vous devant lui. Ce fut le cas avec les services de renseignements américains pour lesquels Donald Trump n’a pas fait mystère de son peu de considération, pour ne pas dire de son dédain. Mais, pour qui connaît les institutions américaines, Trump n’est pas au bout de ses peines. Du reste, ne peine-t-il pas à mettre en place son équipe gouvernementale du fait de la rigueur du Sénat ? Il devra souffrir que chaque pouvoir, chaque institution de l’Etat puisse jouer sa partition en toute indépendance. Ce qui se passe aux USA montre les charmes de l’Etat de droit démocratique que bien des Africains appellent de tous leurs voeux. Ce dont la démocratie a besoin, ce sont des institutions fortes et non des hommes forts comme le relevait Barack Obama. Trump, le nouvel homme fort, est en train de se casser les dents sur le roc des institutions fortes assises et polies par des siècles de pratiques démocratiques. Il oublie que c’est cela qui fait la force de l’Amérique. Heureusement d’ailleurs que le pays de l’Oncle Sam dispose de telles institutions, d’hommes et de femmes qui ont la démocratie et l’Etat de droit chevillés au corps, pour le lui rappeler. A défaut, avec un président excentrique de ce genre, les Etats-unis d’Amérique seraient en train de courir inéluctablement au chaos, entraînant avec eux, tout ou partie du reste du monde. Bien entendu, avec un dictateur qui s’ignore comme Donald Trump, on peut s’attendre à ce qu’il ne baisse pas les bras dans sa tentative de remise en cause des valeurs qui ont fait et font l’Amérique. Mais, s’il y a une évidence, c’est qu’il trouvera toujours sur son chemin, des Américains, des institutions qui refuseront de se laisser embarquer dans ses dérives. C’est une donnée cruciale. Car, si nous étions dans nos républiques bananières, les turpitudes de Trump auraient pu passer comme une lettre à la poste. En effet, mises à part quelques rares exceptions de juges ayant refusé de se plier au diktat des princes du moment, la grande masse des institutions dans bien des pays africains, sont aux ordres. Les rares cas où des juges ont osé prendre des mesures contre les intérêts des chefs d’Etat en place, constituent des exceptions qui confirment la règle selon laquelle la Justice est mise sous coupe réglée dans de nombreux pays du continent noir.

Les Américains ont fait un pari risqué avec cet homme d’affaires

Vu d’Afrique, l’acte de ce juge fédéral américain est un crime de lèse-majesté. Comment peut-il oser se mettre en travers de la voie du tout-puissant président, fraichement élu par les Américains ? Ailleurs, avant de prendre une telle décision, le juge réfléchirait par deux fois. Il devra penser à sa vie, à la sécurité de sa famille et à sa carrière. Ailleurs, ce sont les béni-ouioui qui sont assurés de truster les hauts postes de l’Administration et de rouler carrosse. Mais ça, c’est ailleurs. Aux USA, les institutions sont, toutes proportions gardées, autonomes et se complètent pour l’intérêt supérieur du pays. Il y a un certain équilibre entre les forces, les pouvoirs. Tout cela, arbitré par une opinion publique qui veille au grain. C’est dire combien ces « trumperies » n’ébranlent pas les institutions américaines. En tout état de cause, l’attitude du nouveau président américain vis-à-vis des autres institutions américaines achève de convaincre, si besoin en était encore, que les Américains ont fait un pari risqué avec cet homme d’affaires, novice en politique, mais surtout au populisme débridé. Ceux qui avaient parié sur la réalité du pouvoir pour assagir quelque peu l’homme, devront encore patienter. Mais Trump serait bien inspiré de comprendre qu’il est maintenant au pouvoir et que la plaisanterie de mauvais goût qu’il sert a assez duré. Il serait judicieux pour lui, de tirer leçon de ses déboires avec les acteurs des autres institutions qui n’aiment pas moins les USA que lui. S’il continue dans ses frasques et ses outrances qui mettent à mal les valeurs de l’Amérique, qui rendent l’Amérique plus « faible » contrairement à son slogan, il va perdre de plus en plus de soutiens. S’il persiste dans son refus d’ouvrir les yeux dans sa course folle vers les contrevaleurs, il risque d’être mis hors de la piste par une procédure d’impeachment et un tel game over, il l’aura bien cherché et mérité.

« Le Pays »


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