HomeA la uneDEGUERPISSEMENT DES POPULATIONS DES ZONES A HAUTS RISQUES EN RCI : Relever d’abord le défi des logements décents pour tous

DEGUERPISSEMENT DES POPULATIONS DES ZONES A HAUTS RISQUES EN RCI : Relever d’abord le défi des logements décents pour tous


 

Après les pertes en vies humaines, suite aux glissements de terrain consécutifs aux pluies diluviennes du mois passé, l’Etat ivoirien a bandé les muscles et décidé de faire le ménage dans les zones d’habitation à hauts risques.

 

L’opération s’avère des plus difficiles sur le terrain

 

Ironie du sort, l’on se rappelle que pas plus tard que la semaine dernière, se tenait à Abidjan, un forum économique franco-ivoirien sur le thème de la « ville durable », comme pour rappeler la nécessité de penser l’attractivité de cette ville sur le long terme. Reste que l’opération s’avère des plus difficiles sur le terrain, eu égard à la résistance de certaines populations concernées.

De fait, le mardi 22 juillet dernier, une scène des plus irréalistes a opposé à Abidjan, les forces de l’ordre à des milliers d’habitants des bidonvilles de Gobélé et Séma, dans la riche commune de Cocody, qui s’opposent à la démolition de leurs habitations. Motif : certains d’entre eux n’auraient pas été prévenus à l’avance, si bien qu’ils ne savent pas où aller. Pour d’autres, les mesures d’accompagnement sont insuffisantes pour leur permettre de s’offrir un autre logement. Pourtant, les bulldozers ont commencé à « marcher » sur les habitations. Et le spectacle de ces populations démunies qui, entre colère et frustration, sont décidées à défendre leurs masures, est vraiment pathétique et en dit long sur leur désarroi.

Toutefois, à l’analyse, il est difficile de s’imaginer que le gouvernement ait pu décider, sur un coup de tête et de façon désinvolte, de détruire ces habitations sans préalable. Il est tout aussi difficile de s’imaginer que ces populations aient pu s’installer sur ces zones, de façon anarchique, à l’insu des autorités. Les responsabilités sont donc partagées. Mais, entre incivisme et pauvreté, les populations démunies n’ont souvent pas vraiment le choix. Faut-il pour autant laisser prospérer le phénomène qui s’aggrave d’année en année, eu égard à la démographie galopante ?

 

Il y a lieu de repenser la politique d’urbanisation des villes africaines

 

Là est toute la question qui, au-delà de la Côte d’ivoire, concerne à l’heure actuelle la majeure partie de nos capitales africaines. Aussi cette situation interpelle-t-elle nos gouvernants par rapport à la nécessité de la mise en place de bonnes politiques d’urbanisation et de construction de logements au profit des populations démunies. Car chaque citoyen a droit à un logement décent, comme cela est du reste inscrit noir sur blanc dans les lois fondamentales de bien des pays africains. C’est donc au gouvernement de créer les conditions pour favoriser cela. C’est trop facile de déguerpir manu militari des populations, pour des questions de sécurité. Mais le vrai défi à relever aujourd’hui reste, incontestablement, celui de l’accessibilité de logements décents à ces mêmes populations, à la hauteur de leur bourse. Or, en cela, les gouvernants, très souvent, pèchent énormément par une absence de politique de l’habitat adaptée aux réalités du moment. Entre cherté des matériaux de construction, et taux prohibitifs des prêts bancaires, avoir un logement décent à la sueur de son front paraît bien aujourd’hui une chimère pour la grande majorité des citoyens. Et pour ceux qui parviennent à réaliser ce rêve, c’est au bout d’un véritable parcours du combattant qui aura fini de leur briser les reins avant la pose de la dernière pierre.

C’est en cela que le rôle de l’Etat est important pour créer les conditions favorables à l’accessibilité de logements décents aux populations. Même si tout le monde ne peut pas être propriétaire d’une maison, tout le monde devrait pouvoir se loger décemment. Mais la cherté des loyers contribue à la précarité du logement dans les capitales africaines qui offrent, par endroits, un visage bien indigne.

En tous cas, il y a lieu de repenser la politique d’urbanisation des villes africaines en général, car les attentes des populations sont grandes en la matière. A l’Etat ivoirien, il revient d’accompagner au mieux les populations concernées en ces périodes particulièrement difficiles.

 

Outélé KEITA

 

 

 

 


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