HomeA la uneDEMANDE D’ADHESION DU MAROC A LA CEDEAO : L’appétit vient en mangeant

DEMANDE D’ADHESION DU MAROC A LA CEDEAO : L’appétit vient en mangeant


 

Quand un gentleman pétillant se décide de passer à l’étape du mariage après les délices des fiançailles, il s’y prend avec la manière. Faisons sien cet humour pour dire que le Royaume chérifien est, plus que jamais, à la croisée des chemins et à la vitesse de croisière pour s’encastrer définitivement dans l’espace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Du statut d’observateur depuis la création de la CEDEAO en 1975, le Maroc met les bouchées doubles pour en être désormais membre à part entière. Il faut dire que les observateurs les plus avisés voyaient le Maroc venir depuis le déclenchement de son offensive diplomatique et économique qui lui a, non seulement, permis de retrouver sa place au sein de l’Union africaine (UA) mais aussi de décupler ses investissements économiques dans la zone ouest-africaine. Entre charme diplomatique au prix du chéquier et la signature des accords de coopération, le Maroc a su conquérir, avec la manière, cet espace ouest-africain qui regroupe une quinzaine de pays. Les statistiques indiquent qu’il est parmi les plus grands investisseurs dans la région. Soit dit en passant, la ferme volonté du Roi du Maroc, Mohamed VI, de jeter son dévolu sur le continent africain apparaît comme une manière de suivre, avec une autre démarche, les traces du guide libyen, Mouammar Kadhafi qui avait créé la CEN-SAD pour mieux affirmer son leadership sur le continent. Le Roi du Maroc, lui, semble opter pour une stratégie beaucoup plus à la façon de faire du neuf avec du vieux. Cette intention d’adhésion du Maroc à la CEDEAO faite à la présidente en exercice, le chef de l’Etat libérien, Ellen Johnson Sirleaf, via un communiqué du département marocain des Affaires étrangères, pose une équation à plusieurs inconnues. D’abord, l’on peut se demander si l’institution va changer de nom ou pas en accédant à la requête marocaine.

L’adhésion du Maroc pourrait présenter d’énormes avantages économiques

Si de loin (en tant que pays observateur), le Maroc file le parfait amour avec la quasi-totalité des pays de la CEDEAO y compris le grand Nigeria qui y joue le rôle du leader, en sera-t-il de même lorsqu’il sera de plain-pied dedans ? Ce qui n’est pas évident. Difficile de dire si le géant Nigeria va se laisser ravir la vedette du leadership par un pays maghrébin économiquement plus solide et militairement plus fort. Comme on peut l’imaginer, le Maroc comme le 16e Etat membre de la CEDEAO, cela pourrait gripper la machine si l’on ne s’y prend pas bien. Par ailleurs, il faut craindre que la guerre des tranchées entre Rabat et Alger depuis des lustres, ne se transporte dans l’espace CEDEAO en ce sens que le voisin de l’Est du Maroc ne va pas rester les bras croisés face à cette offensive diplomatique de Mohamed VI. Sans doute que l’Algérie va tenter de tout faire voire l’impossible, pour que le Maroc ne soit pas ce membre de qualité dont peut rêver la communauté ouest-africaine. Déjà que les supputations vont bon train sur les raisons de l’annulation de l’étape du Mali, pays par lequel le Roi chérifien devrait commencer sa tournée. Pour le reste, on peut dire qu’au regard des principes fondamentaux de la CEDEAO, l’adhésion du Maroc pourrait présenter d’énormes avantages économiques dans la mesure où cela permettrait à l’espace communautaire de devenir la 16e puissance économique mondiale devant la Turquie. Pays à revenu intermédiaire, le Maroc qui est en voie d’industrialisation a pour le moins de l’expertise à revendre. En plus de ses nombreux projets agricoles et ses investissements dans les secteurs bancaires en Afrique de l’Ouest, le Maroc est réputé pour sa stratégie de lutte contre le terrorisme. Une expérience dont ont tant besoin les pays de la CEDEAO.

Drissa TRAORE


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