HomeA la uneDEMARRAGE DES TRAVAUX DES JUGES ELECTORAUX AU GABON : La Cour constitutionnelle n’a pas droit à l’erreur

DEMARRAGE DES TRAVAUX DES JUGES ELECTORAUX AU GABON : La Cour constitutionnelle n’a pas droit à l’erreur


 

La Cour constitutionnelle gabonaise a débuté en début de semaine ses travaux qui permettront, non seulement de contrôler la régularité des résultats du scrutin présidentiel, mais aussi et surtout, de trancher le litige électoral qui oppose le candidat donné perdant, Jean Ping, avec 48,23% des voix, au président déclaré réélu, Ali Bongo, avec ses 49,80% des voix. En effet, on se rappelle que le challenger d’Ali Bongo, s’était finalement résolu à déposer un recours auprès de la Cour constitutionnelle pour exiger le recomptage des voix, bureau de vote par bureau de vote, dans le Haut Ogooué où le candidat du pouvoir a obtenu 95% des voix avec un taux de participation qui frôle les 100%. Cette Cour aura la lourde tâche de dire si oui ou non, il y a eu fraudes dans le fief d’Ali Bongo, lui permettant de remporter les élections. La tâche de la cour est d’autant plus titanesque que son verdict qui est attendu dans une dizaine de jours, au plus tard le 23 septembre, pourrait plonger le Gabon dans une crise sans précédent. C’est peu dire que les Gabonais redoutent des violences après la décision de la Cour constitutionnelle, surtout si celle-ci est en défaveur de Jean Ping. Or, les chances que la cause de ce dernier soit entendue sont très minces. En effet, depuis sa création il y a plus de deux décennies, cette Cour a toujours  tranché en faveur de la famille Bongo. Pouvait-il en autrement quand on sait que cette instance juridictionnelle suprême est pilotée par une ex-épouse d’Omar Bongo Ondimba? Il y a peu de chances que cette situation évolue. C’est connu, en Afrique, les institutions judiciaires sont généralement à la solde des princes régnants.

Les membres de la Cour constitutionnelle doivent résister aux sirènes du pouvoir et au lucre

La seule vérité qui s’ajoute aujourd’hui est que la stabilité, pour ne pas dire l’avenir du Gabon, est entre les mains de Marie- Madeleine Mborantsuo et ses collègues. De leurs travaux dépendra la suite des évènements au pays des panthères. C’est pourquoi, ils se doivent de faire preuve de neutralité et d’impartialité, afin que les décisions qu’ils rendront soient acceptées de tous. Ils doivent résister aux sirènes du pouvoir et au lucre et trancher en toute âme et conscience en disant la vérité, rien que la vérité. Ils doivent trancher, non pas en faveur de Jean Ping parce qu’il leur aurait fait la pression, ou en faveur d’Ali Bongo par devoir de reconnaissance, mais en faveur de la démocratie, de la nation gabonaise et de son peuple. Ils doivent savoir qu’ils ont rendez-vous avec la justice de l’Histoire. Du reste, comme un adage le dit, au bout du fossé, la culbute. Au-delà, ils doivent prouver aux Gabonais que la Cour constitutionnelle n’est pas une caisse de résonance du pouvoir en place mais une institution au service de la République. Les membres de cette instance ont le devoir moral de ne pas sacrifier l’avenir du Gabon sur l’autel des intérêts partisans et politiciens. Et pour relever ce challenge, les membres de la Cour se doivent de se garder de prendre des décisions qui pourraient réveiller les vieux démons.  Comme on le dit, on sait quand commence une crise mais l’on ne sait jamais quand elle prend fin. Cela dit, Marie-Madeleine Mborantsuo et ses collègues doivent jouer à fond la carte de la transparence. C’est la seule voie qui vaille pour préserver le Gabon d’une crise postélectorale dont les conséquences pourraient se révéler dramatiques pour ce pays.

« Le Pays »     


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