HomeA la uneDEMISSION DE KATUMBI DU PPRD : Kabila saura-t-il bien lire ce signe des temps ?

DEMISSION DE KATUMBI DU PPRD : Kabila saura-t-il bien lire ce signe des temps ?


 

Avec certains développements récents sur le continent, l’on peut dire que l’Afrique est résolument engagée dans le combat pour l’alternance démocratique et l’approfondissement de sa démocratie. Ainsi, ce qui était pratiquement inimaginable, il y a encore quelques années, est en train de faire progressivement tache d’huile sur le continent, avec de plus en plus l’élévation de voix discordantes, même au sein des partis au pouvoir, et le refus d’accompagner certains chefs d’Etat dans leur volonté de biaiser le jeu démocratique pour se maintenir par tous les moyens au pouvoir. On l’a vu au Burkina Faso, avec la fracture au sein du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) dont une grande frange des militants est allée grossir les rangs de l’opposition, suite à la volonté de l’ex-président Blaise Compaoré de modifier la Constitution de son pays à son profit. On l’a vu au Congo avec la sortie sans ambiguïté, de sept partis de la mouvance présidentielle contre les velléités de brigandage constitutionnel que s’apprête à opérer le maître de Brazzaville pour briguer un troisième mandat que lui interdit la Constitution actuelle. En République démocratique du Congo (RDC), après la défection de plusieurs personnalités qui sont allées grossir les rangs de la plate-forme des frondeurs de la majorité appelée G7, qui ont clairement affiché leur opposition à tout tripatouillage de la loi fondamentale en faveur du président Kabila, ce dernier vient de perdre un allié de poids, en la personne du richissime Moïse Katumbi, gouverneur élu de la plus grande province du pays et président du mythique club de football Le TP Mazembé. Il a claqué la porte du parti présidentiel, le PPRD , en même temps qu’il rendait le tablier de son poste de gouverneur, en raison de soupçons qu’il porte sur le pouvoir de vouloir attenter à la Constitution. Véritable coup de tonnerre dans le ciel politique congolais, qui ne manquera pas de répercussions, quand on sait que le démissionnaire, parfaite incarnation de la réussite dans sa province grâce notamment à son club de football qui lui a valu une popularité certaine,  était l’un des puissants bras financiers du parti présidentiel. Et surtout un très proche collaborateur du président Kabila. Mais cela est bon pour la démocratie.

A Kabila de savoir décrypter les signes et de savoir prendre la bonne décision

En tout cas, le départ tonitruant de Katumbi du PPRD, ne fait plus l’ombre d’un doute qu’il y a un sérieux malaise au sein de la majorité présidentielle, quant à une éventuelle modification de la Constitution pour permettre à Kabila d’être candidat à sa propre succession au terme de son deuxième et dernier mandat constitutionnel en 2016. Toute chose qui pourrait avoir des conséquences incalculables pour son pays. Mais Kabila saura-t-il bien lire ce signe des temps pour éviter de franchir le Rubicon ? Ou bien le prendra-t-il comme un affront et s’obstinera-t-il, comme un certain Blaise Compaoré ou un Pierre Nkurunziza, à vouloir le braver en allant jusqu’au bout de sa logique ? L’histoire nous le dira. Mais en attendant, si Kabila est dans une logique de confiscation du pouvoir, Katumbi, même s’il n’a encore rien dévoilé de ses intentions (de rejoindre l’opposition ou de se porter candidat), peut s’attendre à ce que le président ne lui pardonne pas une telle trahison. Dans tous les cas, si l’ex-gouverneur du Katanga avait des ambitions présidentielles, il lui serait difficile de continuer à rester dans l’ombre de Kabila et espérer les réaliser, surtout si le président, comme beaucoup le soupçonnent,  s’attèle à trouver la meilleure formule pour rester dans la course électorale. A lui donc de faire attention. Quant à Kabila, ce départ devrait plutôt lui servir d’avertissement, car rien ne dit que d’ici là, certains autres de ses partisans et pas des moindres, tapis dans l’ombre à ses côtés, ne sortiront pas du bois pour afficher leur refus d’une éventuelle forfaiture. A lui donc de savoir décrypter ces signes des temps qui ne traduisent ni plus ni moins que la soif d’alternance des peuples africains engagés dans un processus irréversible, et de savoir prendre la bonne décision. L’histoire lui en saurait gré. S’il devait persister dans son entêtement, qu’il sache qu’il s’engagera dans un chemin périlleux à l’issue incertaine, aussi bien pour lui que pour son peuple. Et ce ne sont pas avec des regrets qu’il effacera d’éventuels dégâts sur son peuple, une fois qu’ils auront été commis. Kabila est averti.

Outélé KEITA


Comments
  • Les leaders de l’Afrique commencent à comprendre que les forfaitures orchestrés par certains présidents étaient le fait de leurs complicités. Il faut des exemples comme ceux là en vue d’approfondir la démocratie qui reste toujours le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple.

    1 octobre 2015

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