HomeA la uneDEMISSION OU LIMOGEAGE DU PRESIDENT DU SENAT RWANDAIS :Une dynamique vertueuse pour la démocratie

DEMISSION OU LIMOGEAGE DU PRESIDENT DU SENAT RWANDAIS :Une dynamique vertueuse pour la démocratie


L’actualité au Rwanda est marquée par la démission du président du Sénat. La démission d’une telle personnalité  de l’Etat, est un fait suffisamment rare sous nos tropiques pour être soulignée. En effet, le mercredi 17 septembre dernier, Jean-Damascène Ntawukuliryayo, président du Sénat rwandais depuis 2011, a rendu sa démission qui a été acceptée à l’unanimité par ses collègues sénateurs.

 

La question qui taraude les esprits est de savoir si cette décision est du propre chef de l’intéressé

 

Cela, à l’issue d’une session extraordinaire réclamée par 15 sénateurs. Les griefs qui lui sont faits concernent sa gestion décriée de l’institution et un manque d’orthodoxie dans la gestion de l’argent public. Selon ses détracteurs, outre la question de malversations financières, le président de la Haute Chambre ne respectait pas le processus de décision de l’institution et avait tendance à imposer ses décisions à ses pairs. Cela lui a valu une fronde au sein de l’institution, qui a abouti à son départ de la tête du Sénat.

Mais la question qui taraude les esprits au pays des mille collines, est de savoir si cette décision est du propre chef de l’intéressé ou si ce dernier a été poussé vers la sortie. Quoi qu’il en soit, l’on peut d’ores et déjà dire que ce départ est une dynamique vertueuse pour la démocratie. Car, Jean-Damascène aurait bien pu faire de la résistance s’il était, par exemple, assuré de bénéficier de la protection du chef de l’Etat, en s’accrochant contre vents et marées à son poste.

Du reste, dans bien des démocraties bananières, certains chefs d’Etats aiment à exploiter les turpitudes de leurs cadres pour les tenir en laisse et s’en servir comme d’une monnaie de change ou de chantage en cas de besoin. Par cette attitude, ils s’assurent de la fidélité ou de la soumission de  personnes acquises à leur cause par un devoir de redevabilité, et qui seront prêtes à vendre leur âme au diable pour défendre leur pouvoir.

 

Toutes les indélicatesses dans la gouvernance doivent être dénoncées

 

Pour en revenir au cas du Rwanda, il est difficile de croire que le président Paul Kagamé a assisté en simple spectateur au décagnotage d’un personnage aussi important que le président du Sénat, sans chercher à en connaître les tenants et les aboutissants. C’est en cela que l’on pourrait penser que, vraisemblablement, cette démission a eu son aval. Certes, on peut reprocher beaucoup de choses au président rwandais, mais dans le cas d’espèce, cela aura été en son honneur de n’avoir pas cherché à protéger un agent indélicat.

Mais que cette démission soit une décision mûrement réfléchie par l’intéressé ou un limogeage qui ne dit pas son nom, cela est bon pour la démocratie sous nos tropiques, où  la culture de la démission ou du limogeage est aussi rare que les larmes d’un chien. De plus, il faut de la dynamique pour tirer la démocratie vers le haut. Il ne faut surtout pas se complaire dans l’apparence trompeuse qui laisse penser que « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles », alors que des délinquants à col blanc, tapis dans l’ombre, pillent en toute impunité. Toutes les indélicatesses dans la gouvernance doivent être dénoncées, sans exception, et châtiées suivant les textes en vigueur. C’est à ce prix que l’Afrique pourra espérer une gouvernance plus vertueuse de ses dirigeants, condition sine qua non pour atteindre l’émergence tant chantée. Autrement, il serait illusoire de penser que l’on peut laisser la gabegie s’installer et pouvoir s’en débarrasser plus tard. Car, les gens auront eu le temps de prendre de mauvaises habitudes qui finiront par être difficiles à combattre par la suite.

Pour le bien de la démocratie, l’Afrique doit se départir de certaines considérations comme le laisser-faire ou la protection d’agents indélicats qui sont en réalité des pilleurs de la république. Cela y va de l’avenir de nos nations.

 

Outélé KEITA

 


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