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DEMISSION DU PREMIER MINISTRE MALGACHE


A pas forcés vers la paix !

La nouvelle crise politique qui secoue Madagascar depuis plus d’un mois, a connu une évolution majeure le 5 juin dernier, avec la démission du Premier ministre, Olivier Mahafaly Solonandrasana. « Je vais remettre ma démission au Président de la République aujourd’hui. En tant qu’homme d’Etat, je ne vais pas me présenter comme un obstacle à la vie de la nation », s’est-il notamment expliqué hier, devant la presse. Cette démission censée ouvrir la voie à la nomination d’un « Premier ministre de consensus » comme requis par la Haute cour constitutionnelle, devrait permettre de juguler la crise politique à laquelle le pays est confronté depuis fin avril, suite au rejet, par l’opposition, des nouvelles lois électorales.

La démission de son Premier ministre est un moindre mal pour le président malgache

Mais ne voulant pas l’entendre de cette oreille, le président Hery Rajaonarimampianina s’était jusque-là refusé à céder à la pression de la rue et de ses contempteurs qui en sont venus à demander ni plus ni moins que son départ du pouvoir, obligeant d’une part la Grande muette à sortir de son silence pour intimer l’ordre aux acteurs politiques de trouver un modus vivendi sous peine de la voir prendre ses responsabilités, d’autre part la Haute cour constitutionnelle à intervenir pour fixer, entre autres, l’ultimatum du 5 juin dernier comme date butoir pour « la cessation de fonction du Premier ministre et du gouvernement (…) ». Dont acte ! Dans la foulée, il a été immédiatement remplacé par le haut fonctionnaire, Christian Ntsay. Toute chose qui laisse croire que l’on s’achemine, à pas forcés, vers une sortie de crise pour le retour de la paix dans ce pays.
Mais la question que l’on pourrait se poser, est celle de savoir si la démission de Olivier Mahafaly suffira à ramener le calme et la sérénité sur la Grande île. En tout cas, c’est le souhait, et c’est déjà un pas dans le sens de la décrispation de l’atmosphère sociopolitique. Et même si l’on peut dire qu’il y a été peu ou prou contraint, le chef de l’Etat malgache se devait de montrer des signes de bonne volonté. Et c’est peu dire que la démission de son Premier ministre est un moindre mal.
Mais à Madagascar, l’on ne peut jamais jurer de rien, tant les acteurs politiques se sont maintes fois montrés inconstants et intransigeants tant et si bien que l’on est porté à croire que dans ce pays, il n’y a pas de petite crise. L’enchaînement des événements pouvant s’accélérer à tout moment en temps de troubles. Et quand ça commence, l’on ne sait jamais quand cela va s’arrêter tant les manifestations de rue ont parfois débouché sur des renversements de régimes, comme ce fut le cas en 2009. En effet, l’ex-maire de la capitale devenu président, Andry Rajoeliera, avait su à l’époque jouer des coudes lors des manifestations de rue qui avaient fini par emporter son prédécesseur, Marc Ravalomana, pour accéder au pouvoir. Et après une transition plutôt mouvementée, toute la délicatesse de la situation pour le président Hery Rajaonarimampianina aujourd’hui, est le risque de se retrouver contraint à la cohabitation avec un Premier ministre qui ne fait pas son affaire.

Il n’est dans l’intérêt de personne de pousser le pays dans une nouvelle crise majeure

En tout état de cause, on attend de voir si la nomination à la primature d’un haut fonctionnaire, suffira pour contenter les contempteurs du chef de l’Etat. Rien ne dit qu’ils ne trouveront pas à redire. Et si c’est le cas, il faudra s’attendre à une attitude maximaliste de leur part, dans la recherche de l’oiseau rare, pour mettre le chef de l’Etat en difficulté. C’est dire si les Malgaches sont loin d’être sortis de l’auberge. C’est pourquoi il y a lieu de craindre que d’éventuelles négociations pour trouver l’homme du consensus, débouchent sur une impasse qui obligerait l’armée à intervenir pour finalement mettre tout le monde au pas. De toute façon, la Grande île est suffisamment coutumière du fait et les intrusions de la Grande muette dans le débat politique, sont courantes. Toutefois, les acteurs politiques malgaches gagneraient à mettre de l’eau dans leur vin, car leur pays vient de loin, avec les violences sociopolitiques que le pays a connues, ces dernières années, avec leur lot de casses, de pillages et de pertes en vies humaines. Et il n’est dans l’intérêt de personne de pousser le pays dans une nouvelle crise majeure dont nul ne saurait prédire l’issue ni les conséquences. Et les acteurs politiques ont encore moins intérêt à donner prétexte à la soldatesque pour jouer les arbitres ; elle qui piaffe visiblement d’impatience de profiter de la situation pour s’emparer du pouvoir en se positionnant comme le dernier rempart. Madagascar n’a pas besoin de ça !

« Le Pays »


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