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DEPART DE LAURENT MONSENGWO DE LA TETE DE L’EGLISE CATHOLIQUE EN RDC


 Un appel d’air pour Kabila ?

A mesure que l’on s’approche de la date fatidique du 23 décembre, prévue pour le scrutin présidentiel, beaucoup d’eau commence à couler sous les ponts en RDC. Les événements vont très vite et sont aussi curieux les uns que les autres. Le dernier en date, c’est le changement à la tête de l’Eglise catholique à Kinshasa. En effet, hier 1er novembre, jour de la Toussaint, la fête des saints, l’archevêque de Kinshasa, Laurent Monsengwo, a passé ses charges à Mgr Fridolin Ambongo. L’archevêque sortant de l’archidiocèse de Kinshasa avait, certes, manifesté son intention de  renonciation depuis 2015, au pape François. Mais, son départ dans le contexte électoral qui prévaut en RDC amène à se demander si cela ne va pas renforcer l’emprise du régime en place dans le processus électoral quand on sait que le cardinal était son poil à gratter. Il faut le dire, l’archevêque Monsengwo était très critique vis-à-vis du pouvoir de Joseph Kabila qui n’avait pas manqué de piquer une crise de nerf. Il reprochait vertement  à l’Eglise catholique d’outrepasser ses prérogatives pour s’ingérer dans les affaires politiques. Pour sûr, l’archevêque y est pour quelque chose dans le renoncement de Kabila à briguer un troisième mandat. Après que l’accord dit de la Saint-sylvestre a été arraché in extremis, le 31 décembre 2016, par le Cardinal Laurent Monsengwo et les siens,

l’Eglise n’a eu de cesse, à travers la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), de mettre la pression sur le locataire du palais de la Nation, pour l’organisation du scrutin présidentiel, sans la participation de Kabila qui a longtemps fait dans le clair-obscur quant à son intention de se porter candidat.

La lutte pour la démocratie semble toujours parsemée d’embûches

Bien qu’il ait officiellement renoncé à la course présidentielle, on sait que l’homme fort de Kinshasa fait actuellement feu de tout bois pour le triomphe de son poulain, Emmanuel Ramazani Shadary. Pour cela, tout est mis en œuvre pour que la présidentielle du 23 décembre soit organisée dans les conditions les moins transparentes possibles. A preuve, l’imposition des machines à voter, le refus du toilettage du fichier électoral ainsi que le rejet des observateurs de l’Union européenne (UE). L’autre combat du Cardinal Laurent Monsengwo était aussi la transparence de ce scrutin présidentiel. C’est dire que le jeu de chaises épiscopales au sein de l’archidiocèse de Kinshasa, est comme un appel d’air pour Joseph Kabila. A moins que Mgr Fridolin Ambongo chausse les bottes de  son prédécesseur.

Cela dit, avant cette passation de charges ecclésiastiques, la RDC avait encore fait parler d’elle avec la réitération du pouvoir de Kinshasa de ne pas accepter la présence des observateurs de l’UE sur le territoire congolais. Si Kabila a décidé d’organiser le scrutin du 23 décembre à huis clos, c’est-à-dire sans la présence d’observateurs étrangers, on peut dire qu’il a lâché un peu de lest en invitant officiellement l’Union africaine (UA) et l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Mais, le fait de fermer la porte à l’UE renforce beaucoup plus le doute sur la crédibilité de cette présidentielle que le pouvoir tient à gagner coûte que coûte. L’on ne doute point de l’efficacité des observateurs de l’UA ou de l’OIF, encore moins des nationaux, mais le problème est que ces structures auront peu de moyens de pression sur le régime que l’UE, en cas de fraudes constatées. En tous les cas, pour un dictateur comme Kabila qui décide de choisir ses propres observateurs, c’est tout de même suspect.  Du reste, on ne le dira jamais assez, il appartient au peuple congolais en lutte, de savoir qu’avec le renoncement du président Kabila à briguer un troisième mandat, il a certes gagné une bataille mais pas encore la guerre. Et la lutte pour la démocratie semble toujours parsemée d’embûches qu’il devra s’employer à dessoucher méthodiquement, au risque de continuer à être prisonnier de la toile d’araignée tissée par la galaxie Kabila.

 Drissa TRAORE


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